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Une lame sur l’eau mène au pied du Mont-Saint-Michel

Publié le 23 juillet 2014

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Le pont-passerelle menant au Mont-Saint-Michel (Manche), l'un des sites touristiques les plus visités de France, est désormais accessible aux nombreux touristes. Destiné à remplacer la digue-route, l’ouvrage dessiné par l’architecte autrichien Dietmar Feichtinger marque une étape décisive dans le rétablissement du caractère maritime de la Merveille, un gigantesque chantier de dix ans, prévu pour s’achever l’année prochaine.
Une lame sur l’eau mène au pied du Mont-Saint-Michel  - Batiweb
Les premiers visiteurs ont pu emprunter mardi les 760 mètres de cette promenade en bois de chêne, conduisant au pied du Mont, inscrit au patrimoine de l’Unesco en 1979, et qui décrit une élégante courbe. Ce pont-passerelle, de 11 mètres de large, dont 4,50 mètres réservés aux piétons, a été achevé trois ans après le lancement de sa construction en 2011. « C’est une première étape importante, un rendez-vous fixé de longue date après la réalisation du barrage (sur le fleuve Couesnon) en 2009 dans le grand projet de rétablissement du caractère maritime du Mont-Saint-Michel », s’est félicité Laurent Beauvais, président du syndicat mixte de la Baie du Mont-Saint-Michel, en charge de son aménagement.
 
Auteur de la passerelle Simone de Beauvoir, 37ᵉ pont sur la Seine à Paris, concepteur de ponts et de passerelles à la Défense, sur le Rhin... l'architecte Dietmar Feichtinger déteste ce terme de spécialiste de ponts et passerelles. Et pourtant, son dernier ouvrage s’inscrit parfaitement dans la baie par sa géométrie en courbe qui embrasse la baie et accompagne le promeneur. En suivant des lignes dessinées par l’eau il propose des perspectives multiples autour du Mont. Parfaitement horizontal la ligne du tablier se fond dans l’horizon.
 

(c) Michael Zimmermann

(c) Barbara Feichtinger-Felber

Le tablier, une lame sur l’eau, est porté par des piliers fins. L’optimisation de l’épaisseur est obtenue par un rapprochement des piliers tous les 12m. Ils sont encastrés en tête et en pieds. L’encastrement en tête est obtenu par soudure avec la structure du tablier, en pieds par une fixation du pilier dans le pieux béton d’une profondeur de 30m fondés sur le schiste.
 
La structure est composée d’éléments horizontaux et verticaux. La pureté du dessin est obtenue par l’absence de diagonales ou croix de contreventements. L’horizontalité du tablier se comprend en contraste avec la verticalité du monument renforçant la spécificité de chaque ouvrage. La finesse des piliers d’un diamètre de 250 mm nécessite une épaisseur des tubes de 40 à 60mm selon la longueur du pilier. Une structure acier transversale porte un tablier en béton. Latéralement des porte-à-faux larges accueillent les promeneurs sur un platelage bois porté par des consoles métalliques en T.
 
Des piliers doubles tous les 120m correspondent à l’extrémité des unités continues. La dilatation due à la température est reprise ici en tenant compte de la souplesse des piliers élancés. Les garde-corps et les supports d’un banc continu séparant la chaussé et la promenade pour piétons sont également en acier. La couleur de la structure d’un gris métallisé exprime sa matérialité. Elle reflète la lumière et souligne la légèreté de l’ouvrage.

Une décennie de travaux qui se terminera à l'été 2015

Au pied des remparts, tractopelles, camions et grues continuent de s’activer à la réalisation de la large esplanade sur laquelle débouche le pont-passerelle.. Elle doit être achevée fin septembre et conclura la construction du nouvel accès. Mais ce n’est qu’à l’été 2015 qu’un point final sera mis à une décennie de travaux, initiée en 2006 par la mise en place d’un barrage sur le Couesnon, pour un budget total de 230 millions d’euros, dont 184 millions d’investissements publics directs. Les ouvrages d’accès (route d’accès, pont-passerelle, esplanade) représentent un investissement de 43M€ sur le budget total.
 
L’automne marquera également le début de la démolition de la digue-route, qui nécessitera six mois. Au total, ce sont 20 hectares de digue, d’anciens parkings et de remblais à déblayer, selon le syndicat mixte, afin que le Couesnon, qui se jette dans la baie du Mont-Saint-Michel, puisse venir l’entourer et que ses eaux passent sous le nouveau pont à l’occasion des grandes marées.
 
Une fois les travaux terminés, la mer devrait ceinturer le Mont près de la moitié de l’année. Et baigner le pied du rocher, recouvrant ainsi une partie de l’esplanade une vingtaine de jours par an. Les curieux pourront avoir un premier aperçu de ce retour épisodique à l’insularité dès le mois d’août, lors des grandes marées.
 

(c) Mathias Neveling

(c) Mathias Neveling
 
 
« Le but ultime, c’est de remettre le Mont-Saint-Michel dans un environnement plus naturel. On est dans le calendrier et dans le budget. Depuis deux ans, les milliers de voitures aux toits rutilants au soleil ont disparu et sont à 2,5 km dans un parking dédié », a rappelé M. Beauvais.
 
Un transfert du parking de 4100 places sur le continent en avril 2012, interdisant aux véhicules particuliers de se rendre au pied de la Merveille, qui ne s’est pas fait sans grogne, notamment sur fond de retards dans la mise en service des navettes et de critiques relatives à l’accès au rocher des personnes travaillant au Mont et aux tarifs de stationnement. Le Mont-Saint-Michel, l’un des sites touristiques les plus visités de France, accueille en moyenne 2,5 millions de visiteurs chaque année.

B.P
 
Fiche technique :
 
Maîtrise d’ouvrage : Syndicat Mixte Baie du Mont Saint-Michel
Programme : Construction d’une digue-route, d’un pont-passerelle et terre-plein au Mont Saint-Michel
Architecte : Dietmar Feichtinger Architectes
Bureaux d’études : Schlaich Bergermann und Partner, Stuttgart
Longueur digue-route : 1 085 m
Longueur passerelle : 1 085 m
Largeur totale : 12,5 - 16,5 m
Largeur de la chaussée : 6,5 - 8,5 m
Volume de terrassement pour la digue-route : 45 000 m3
Concours : 2001 | lauréat 2002
Début études : 2003
 

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