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De la prison ferme requise au procès de Lafarge pour financement du terrorisme

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Publié le 17 décembre 2025, mis à jour le 17 décembre 2025 à 16h45, par Raphaël Barrou


Le parquet national antiterroriste a requis de la prison ferme contre plusieurs membres de la direction du groupe Lafarge dans l'affaire du financement de groupes terroristes en Syrie. Entre 2012 et 2014, le cimentier français avait continué ses activités malgré la guerre civile qui déchirait alors le pays.
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Le groupe Lafarge est fixé sur les réquisitions du parquet national antiterroriste (Pnat) dans le procès qui le vise pour financement du terrorisme en Syrie

Le parquet a requis une amende de 1,125 million d'euros contre le groupe et six ans d'emprisonnement avec mandat de dépôt différé contre Bruno Lafont. L'ex-PDG, qui se défend en affirmant ne pas avoir eu connaissance des faits à l'époque, risque aussi une amende de 225 000 euros d'amende et une intediction d'exercer une fonction commerciale ou industrielle, mais aussi de gérer une entreprise pour une durée de 10 ans. 

Les réquisitions contre Christian Herrault, chargé de la supervision des activités syriennes de Lafarge, et Bruno Pescheux, directeur de l'usine syrienne, sont similaires (225 000 euros d'amende et cinq ans de prison). 

Lafarge accusé d'avoir versé plusieurs millions d'euros à des groupes terroristes

 

Depuis le 4 novembre, le cimentier français est jugé à Paris, car il est soupçonné d'avoir continué ses activités dans le nord de la Syrie entre 2012 et 2014, au prix de versements effectués vers des groupes rebelles jihadistes. Parmi les bénéficiaires de ces virements de plusieurs millions d'euros, figurent des organisations classées comme terroristes telles que l'État islamique et le Front Al-Nosra. 

Particularité de l'affaire : Lafarge a déjà plaidé coupable pour les mêmes faits devant la justice américaine en 2022. L'entreprise avait alors versé 778 millions de dollars. Le groupe Lafarge aurait par exemple payé ces factures, afin de pouvoir continuer d'utiliser des routes aux alentours de son usine, permettant de faire circuler ses camions. 

Dans les réquisitions du Pnat, la peine la plus lourde requise, de huit ans d'emprisonnement, concerne l'intermédiaire syrien Firas Tlass, absent au procès et visé par un mandat d'arrêt international. Concernant la personne morale, Lafarge SA, le ministère public a aussi demandé la confiscation partielle de son patrimoine à hauteur de 30 millions d'euros.

Des conséquences et des chiffres « qui donnent le vertige » selon le Pnat

 

Le groupe aurait utilisé sa filière Lafarge Cement Syria (LCS) pour maintenir l'activité de sa cimenterie de Jalabiya, malgré la guerre civile en cours dans le pays. De nombreuses autres entreprises étrangères avaient alors déjà plié bagage et Lafarge était la dernière entreprise française en activité en Syrie

En raison du non-respect des sanctions financières internationales, le Pnat a aussi réclamé à l'encontre de quatre des prévenus et de la société une amende douanière solidaire de 4,570 millions d'euros. Une amende qui ressemble au montant versé par Lafarge aux groupes rebelles telle qu'estimée par le Pnat. 

Selon les propos rapportés par nos confrères de Mediapart, le parquet a évoqué des « chiffres inédits qui donnent le vertige », rappelant que cette somme pouvait avoir servi à rémunérer pendant un an plus de 3 000 moudjahidines. « Les fonds versés ont permis le maintien des capacités opérationnelles de l'État islamique », a avancé la procureure Aurélie Valente.  

Par Raphaël Barrou

Raphaël Barrou
Journaliste - Batiweb

Raphaël Barrou est journaliste à la rédaction de Batiweb. Passionné par le monde du bâtiment et de l’immobilier, il s’intéresse en particulier aux actualités de travaux de rénovation et à l’avenir du secteur de la construction concernant l’utilisation de l’IA et de la robotique.

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