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Crimes en Syrie et en Irak : les soupçons autour de Lafarge se précisent

Publié le 28 mai 2025

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Les soupçons de la justice française à l’encontre du cimentier Lafarge se confirment. La nouvelle filiale du groupe suisse Holcim est poursuivie à Paris pour complicité de crimes contre l’humanité en Syrie et en Irak.
Crimes en Syrie et en Irak : les soupçons autour de Lafarge se précisent - Batiweb

L’étau semble se resserrer autour du cimentier Lafarge. L’AFP a appris de sources proches du dossier que la justice française avait récemment précisé ses soupçons à l’encontre de la nouvelle filiale du géant suisse Holcim, poursuivie pour complicité de crimes contre l’humanité en Syrie et en Irak.

La mise en examen du groupe avait été validée par la Cour de cassation en janvier 2024, mais les charges à son égard n’avaient pas été détaillées.

En mars dernier, le parquet national anti-terroriste (Pnat), qui comprend aussi un pôle Crimes contre l’humanité, a précisé ses soupçons dans un réquisitoire, et notamment les populations victimes, lieux et périodes.

Crimes contre l’humanité, esclavagisme, torture… Lafarge accusé de tous les maux

 

Lafarge est accusée par le Pnat de s’être rendu complice des crimes commis par l’État Islamique en Irak et en Syrie à l’encontre de la minorité des Yazidis, victimes d’atteinte volontaire à la vie, d’esclavage, d’emprisonnement, de torture, de violences sexuelles, de persécution, entre le 3 août et le 19 septembre 2014. À ce stade, deux victimes yazidies ont été identifiées.

Le Pnat cite aussi la communauté des Sheitat, en Syrie, depuis août jusqu’au 19 septembre 2014.

Selon le ministère public, Lafarge s’est également rendu complice de crimes contre l’humanité contre des recrues de l’armée irakienne, en formation au camp militaire Speicher, entre les 12 juin et 19 septembre 2014.

Concrètement, la justice française estime qu’ils ont été victimes d’atteinte volontaire à la vie, de transfert forcé, d’emprisonnement, de torture, de persécution, et ciblés pour leur confession chiite.

Des prisonniers chiites, yazidis et kurdes à la prison de Badoush, ont été victimes d’atteintes volontaires à la vie, du 10 juin au 19 septembre 2014, selon le Pnat cité par la source judiciaire.

Des soldats détenus au cours de l’été 2014 dans la prison de Tabqa sont aussi considérés comme victimes d’atteintes volontaires à la vie, d’après le Pnat. Sollicité par l’AFP, l’avocat de Lafarge n’a pas répondu.

Deux chefs d’accusation bien définis

 

L’affaire a été scindée en deux : d’un côté les soupçons de complicité de crimes contre l’humanité, de l’autre le financement de terrorisme.

Dans ce dernier volet, Lafarge et huit personnes, dont d’anciens responsables, seront jugés dès novembre par le tribunal correctionnel de Paris pour financement du terrorisme, mais aussi, pour certains, pour non-respect de sanctions financières internationales.

Cette disjonction avait suscité l’appréhension de parties civiles, craignant « un abandon progressif des poursuites » pour crimes contre l’humanité, a souligné auprès de l’AFP maître Rachel Lindon, avocate de deux Yazidies et de l’ONG Yazda.

Mais « ce réquisitoire supplétif démontre la volonté du parquet d’approfondir les investigations s’agissant de ces faits ».

Le groupe est soupçonné d’avoir transféré des fonds au profit de la filiale syrienne de Lafarge, en exploitant une cimenterie « en zone de guerre et en conscience que cette exploitation supposait notamment la remise de fonds ou l’achat de matières premières via des intermédiaires ainsi que des paiements de sécurité ou taxe au profit de l’EI permettant le financement de ses activités criminelles » et de crimes contre l’humanité, d’après une source judiciaire.

 

Par Jérémy Leduc

Photo de Une : Adobe Stock

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