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« L'objectif de 500 000 logements rénovés est inatteignable d'ici 2017 » (Brice Mallié)

Publié le 07 mars 2014

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Dans la course à la rénovation énergétique, l'objectif de 500 000 logements rénovés par an d'ici 2017 fait tourner la tête des spécialistes. L'un deux, Brice Mallié, a piloté le groupe de travail The Shift Project, le think tank de la transition carbone, dont les recommandations en matière de rénovation thermique ont été soumises aux instances gouvernementales. Il nous explique pourquoi l'objectif du gouvernement est inatteignable. Interview.
« L'objectif de 500 000 logements rénovés est inatteignable d'ici 2017 » (Brice Mallié) - Batiweb

Batiweb : La ministre du Logement, Cécile Duflot et le Ministre de l'écologie Philippe Martin, viennent d'annoncer que le bilan du premier volet du plan de rénovation énergétique est positif, l'objectif des 500 000 logements rénovés est donc en bonne voie ?

Brice Mallié : C'est une bonne chose que les premiers retours sur le plan de rénovation énergétique soient positifs. Encore faut-il savoir ce que l'on mesure. Les efforts d'information, de communication et de pédagogie destinés aux ménages ont en effet porté leurs fruits. Il y a eu du répondant, les gens souhaitent s'informer... Mais est-ce que cela va vraiment donner lieu à des rénovations thermiques concrètes ? Cela est moins sûr. Ce que le gouvernement a du mal à comprendre, c'est que les mesures prises ne structurent pas le marché. Tel quel, l'objectif est impossible et inatteignable. Et quand bien même, le chantier est bien plus vaste que les 500 logements par an.15 millions de maisons et environ 14 millions de logements collectifs sont dans le périmètre de ce changement. Il faut arrêter de penser en termes de nombre de logements et réfléchir en termes de travaux effectués.

Qu'est-ce qui pose problème selon vous dans l'objectif du gouvernement ?

Le gouvernement résonne sur une échéance de quinquennat alors qu'il faudrait résonner sur plusieurs années. Le scénario Shift Project (TSP) que nous proposons s'étale sur 35 ans, pour s'adapter au rythme d'évolution naturelle du logement. C'est-à-dire qu'il faut faire coïncider au maximum la maintenance, disons normale d'un logement avec l'exigence de performance énergétique. Cela suppose une vision sur le long terme, difficile à mettre en place. Pour les ménages aussi, c'est difficile d'envisager des travaux car la rentabilité économique ne sera pas forcément immédiate pour tout le monde.

Que faudrait-il faire pour inciter davantage les ménages ?

Nous sommes convaincus qu'il faut guider, orienter puis contraindre les ménages à prendre la décision de la rénovation thermique. Mais cela doit se faire dans le cadre d'un entretien régulier du bâti. Les ménages envisagent rarement la rénovation énergétique comme telle. Leur travaux sont motivés par d'autres logiques. Par exemple, un propriétaire va vouloir aménager ses combles ou refaire sa toiture dans un souci d'embellissement, de gain de confort ou tout simplement pour remplacer un système ou un matériau. Il faut se saisir de cette opportunité pour le contraindre, dans le cadre d'un signal réglementaire fort, à lancer les travaux de rénovation énergétique.

Dans le second volet du plan de rénovation énergétique, les deux ministres ont évoqué la mise en place d'« obligations raisonnées de rénovation », qu'est-ce cela veut dire concrètement ?

Plusieurs dispositions sont à l'étude et doivent faire l'objet d'une concertation et d'une étude d'impact. Cela pourrait porter sur trois choses en particulier : la réfection de la façade, la rénovation de la toiture et l'aménagement des pièces inhabitées.

D'où la mise en place d'un passeport énergétique pour avoir une vision globale des travaux ?

Le passeport énergétique du logement serait une sorte de feuille de route qui prendrait en compte les caractéristiques du logement, la zone géographique de l'habitat, la durée de vie des installations, les projets à venir, les capacités d'investissement du ménage etc. Il comprendrait une partie audit avec le DPE, une préconisation de travaux avec des solutions techniques et un volet de suivi des travaux et de contrôle. L'idée serait de permettre aux ménages de rénover par petit bout, sans incohérence sur le plan thermique.

Faut-il aussi une partie sanction ?

Cela supposerait la mise en place d'instances juridiques et administratives pour évaluer les aspects techniques du logement. Je ne pense pas que le gouvernement aille jusque là car ce serait très difficile à mettre en place.

Claire Thibault
© Jürgen Fälchle - Fotolia.com

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