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DPE : la réforme contestée par l’AIMCC et le FILMM

Publié le 21 juillet 2025

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Alors que le gouvernement prévoit d’abaisser le coefficient de conversion de l’électricité dans le DPE dès 2026, le FILMM et l’AIMCC dénoncent une réforme précipitée, aux conséquences potentiellement néfastes pour la rénovation énergétique.
©Adobe Stock
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Présentée par le gouvernement comme une mesure technique visant à aligner la France sur les recommandations européennes, la baisse du coefficient d’énergie primaire (CEP) de l’électricité dans le DPE - de 2,3 à 1,9 au 1er janvier 2026 - ne passe pas auprès des industriels du bâtiment.

Dans deux communiqués distincts publiés ce 21 juillet, le FILMM (Fabricants d’Isolants en Laines Minérales Maufacturées) et l’AIMCC (Association des Industries de Produits de Construction) expriment de vives inquiétudes sur les impacts d’une telle décision.

Loin d’être un simple ajustement méthodologique, cette évolution modifierait automatiquement l’étiquette énergétique de 850 000 logements chauffés à l’électricité, les faisant sortir du statut de « passoire thermique » sans qu’aucun chantier de rénovation n’ait été entrepris.

Un risque pour la rénovation performante

 

Les deux organisations redoutent un ralentissement brutal de la dynamique de rénovation énergétique. Le FILMM alerte notamment sur le fait que cette revalorisation artificielle des logements pourrait retarder ou annuler des travaux d’isolation essentiels, au motif que les logements concernés sembleront « conformes » sur le papier.

Même son de cloche du côté de l’AIMCC, qui rappelle que seule une rénovation globale - incluant l’enveloppe du bâtiment - permet de générer des économies d’énergies durables. En donnant un avantage compétitif au chauffage électrique, l’AIMCC craint que la réforme n’incite qu’à des rénovations superficielles, voire à un simple changement d’équipement, au détriment d’interventions lourdes sur le bâti.

Une « illusion de performance » ? 

 

Du point de vue économique, les critiques ne manquent pas. Pour les occupants de ces logements reclassés, souvent précaires, la mesure risque de créer une « illusion de performance » : les étiquettes s’améliorent, mais pas les factures. Le chauffage électrique reste cher, surtout dans les logements mal isolés. La réforme pourrait donc aggraver la précarité énergétique tout en brouillant la lisibilité du DPE pour les acheteurs et locataires.

Les industriels, eux, dénoncent une décision prise sans concertation. Le FILMM y voit un « coup porté à une filière stratégique », rappelant les investissements récents dans la production et le recyclage d’isolants en France. L’AIMCC, qui regroupe 7 000 entreprises du secteur, s’interroge sur la cohérence d’une réforme qui vient affaiblir les incitations à rénover, quelques mois après la suspension de MaPrimeRénov’ pour les rénovations globales jusqu’en septembre 2025.

Une réforme qui interroge aussi au niveau européen

 

Enfin, les deux organisations pointent un risque d’incompatibilité avec le cadre européen. Le FILMM cite notamment la directive sur la performance énergétique des bâtiments, qui impose que les gains de performance soient mesurés à partir d’une base 2020.

Or, en modifiant une nouvelle fois le coefficient de l’électricité après un premier changement en 2021, la France pourrait mettre à mal sa propre trajectoire de décarbonation.

L’AIMCC va plus loin en dénonçant une « impasse sociale, économique et écologique ». Pour elle, la réforme trahit l’objectif même de la Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC), qui mise sur des rénovations globales, et non sur des optimisations de calcul.

Des appels à la suspension et à la concertation

 

Dans leurs conclusions respectives, le FILMM et l’AIMCC appellent le gouvernement à suspendre cette réforme et à engager une concertation réelle avec les professionnels du secteur.

Une demande qui fait écho à d’autres critiques exprimées ces dernières semaines, alors que la méthode de calcul du DPE pour le chauffage électrique fait déjà l’objet de vives discussions.

 

Par Jérémy Leduc

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