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À Tokyo, une pétition contre le réaménagement d'un quartier historique

Publié le 25 septembre 2023

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Un important projet de réaménagement urbain divise la capitale japonaise. Celui-ci projette de détruire de nombreux arbres ainsi qu’un stade de baseball historique, au profit de gratte-ciel et de nouvelles infrastructures sportives. En signe de contestation, une pétition rassemblant près de 225 000 signatures a été remise au gouvernement japonais.
À Tokyo, une pétition contre le réaménagement d'un quartier historique - Batiweb

La mairie de Tokyo a approuvé en février dernier le projet de transformation du quartier Jingu Gaien, dont le coût total s’élève à 349 milliards de yens (2,38 milliards d’euros) pour des travaux qui devraient être achevés en 2035.

Ce quartier historique est composé aujourd’hui de nombreux espaces verts et d’installations sportives, dont le stade de baseball Meiji Jingu, le plus ancien de la capitale. Férus de baseball, les japonais vont peut-être devoir tirer une croix sur ce stade mythique vieux de près de 100 ans, et qui accueille des matchs professionnels et des tournois de baseball inter universitaire depuis de nombreuses années maintenant.

En effet, le projet prévoit la construction de plusieurs gratte-ciel et le remplacement des stades de baseball et de rugby existants par de nouvelles enceintes. 

 

Une terre sacrée du sport japonais menacée

 

Un projet qui inquiète au Japon et au-delà de ses frontières, puisque c’est l’américain Robert Whiting, auteur connu pour son célèbre livre Le Chrysanthème et la batte (édition Hayakawa Shobô), qui est à l'origine de la pétition. Ce dernier s’émeut de la disparition de ces infrastructures chargées d’histoire : « Le stade Jingû (...) a été le théâtre de nombreuses phases de jeu qui ont marqué l’histoire du baseball japonais. C’est également l’un des derniers stades de baseball où Babe Ruth - joueur de baseball américain surnommé le Dieu du baseball, ndlr - a joué à être encore debout, et c’est un point de repère monumental dans l’histoire du baseball mondial », explique-t-il.

Robert Whiting, tout comme le Conseil international des monuments et des sites (Icomos), reprochent aux promoteurs du projet d’avoir peu considéré l’avis des citoyens locaux et des autres parties prenantes. « Une fois perdus, le stade historique et la “forêt centenaire” du sanctuaire Meiji ne reviendront pas », déplore encore l’auteur américain.

 

Une végétation à protéger dans une ville peu arborée

 

Comme le craint M. Whiting, il n’est pas uniquement question de raser les infrastructures. Le projet prévoit également d’abattre un total de 743 arbres, comme l’a déclaré ce lundi 25 septembre à l’AFP une porte-parole du promoteur immobilier Mitsui Fudosan, l’un des porteurs du projet. Ce nombre était de 892 au départ. « Nous continuons d’étudier comment préserver » le plus d'arbres possible, a souligné cette porte-parole.

Au-delà de leurs vertus environnementales et ornementales, de nombreux arbres du quartier ont une connotation symbolique pour beaucoup de Tokyoïtes. Pour une grande partie d’entre eux, ils ont été offerts par des concitoyens il y a un siècle, quand cet oasis de verdure avait été créé en hommage à l’empereur Meiji (1852-1912), qui a supervisé la modernisation du Japon.

Jingu Gaien est « un exemple exceptionnel de parc urbain citoyen », ce qui le rend « sans équivalent dans l’histoire des parcs urbains du monde entier », a plaidé l’ONG Icomos dans une « alerte patrimoine » publiée le 7 septembre dernier. Cette organisation d’experts, qui conseille l’Unesco pour la protection du patrimoine mondial, s’inquiète de la mise en marche de ce projet de réaménagement, qui sera, selon elle, responsable de la destruction d’environ 3 000 arbres. L’ONG appelle par ailleurs au retrait immédiat du projet en l’état.

De leur côté, le gouvernement de Tokyo et les promoteurs du projet assurent que le nombre d’arbres et d’espaces verts va en réalité augmenter avec le réaménagement du quartier. L’inquiétude des Japonais de voir disparaître toute cette verdure est légitime puisqu’avec seulement 7,5 % de sa superficie occupée par des parcs et des jardins publics (chiffres de 2015), Tokyo est l’une des villes les moins vertes parmi les 39 métropoles mondiales composant le réseau World Cities Culture Forum.

 

Jérémy Leduc

Photo de une : Adobe Stock

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