Projets urbains de l’ANRU : le calendrier des chantiers est assoupli

Le 20 mai, la ministre du Logement Valérie Létard a rendu visite à l’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine (ANRU). Au programme : visite de l’École du Renouvellement Urbain (ÉRU), mais surtout revue nationale des projets du Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain (NPNRU).
Lancé en 2014, ce second programme a généré 45,9 milliards d’investissements, pour mener 15 000 opérations dans 448 quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV). Ces opérations comprennent 261 000 logements réhabilités et 176 000 logements neufs.
82 % des habitats rénovés ont maintenant un DPE A ou B
Premiers chiffres : 84 % chantiers ont été démarrés et 24 % ont été livrés. Sans compter les 1 000 équipements publics prévus, dont 220 déjà livrés.
La revue nationale des projets a mis en avant leur impact sur la qualité de vie des habitants concernés. Exemple : 82 % des habitats rénovés ont atteint le label Bâtiment Basse Consommation (BBC). Ce qui revient à une étiquette A ou B du diagnostic de performance énergétique (DPE) et dépasse l’objectif de 72 % logements rénovés.
Dans les collèges des QPV bénéficiaires du NPNRU, 62 % ont vu le taux de réussite augmenter, alors que c’est le cas pour 57 % des collèges des Établissement public de coopération intercommunale (EPCI) d’appartenance des QPV.
D’autant que 350 000 tCO2eq/an d’émissions carbone ont été évitées grâce aux économies d’énergie et 10,2 milliards d’euros de recettes fiscales ont été engrangées par le NPNRU 2017-2024.
« 88 % des 2 102 opérations physiques restant à engager au 30 avril 2025 ne présentent pas de risque de non atteinte du jalon opérationnel au 30 juin 2026 », lit-on dans le communiqué ministériel.
Les 12 % restants (environ 256 opérations engagées financièrement) sont en risque par rapport à cette échéance. Les opérations concernées sont principalement des équipements et aménagements publics. Elles mobilisent 377,2 millions d’euros de concours financiers (2,6 % du budget). 363 millions d’euros sont des subventions (3,4 % du budget) et 14,2 millions des prêts (0,4 %).
L’échéance de livraison des opérations reportée à 2032
De plus, 70 % des concours financiers du programme de l’ANRU sont actuellement engagés. Ils pourraient atteindre 85 % en 2025, tandis que 78 % des QPV bénéficiaires du programme seront à plus de 80 % d’engagement fin 2025. Il n’empêche que 31 QPV présentent des risques d’engagement fin 2026.
D’où la décision du ministère chargé du Logement de « prolonger la possibilité pour les collectivités locales porteurs de projets qui en aurait besoin d’engager leurs financements jusqu’en 2027 ».
« Nous devons ajuster nos échéances, notamment en prolongeant la période d’engagement jusqu’à fin 2027, si cela s’avère nécessaire. Le renouvellement urbain, ce n’est pas uniquement une politique de l’habitat ou de l’aménagement : c’est une politique de dignité, de justice sociale et de cohésion nationale », défend Valérie Létard.
L’échéance de livraison des opérations est reportée de 2030 à 2032. 2 700 opérations en risque de livraison post-2030 ont été identifiés.
« Parce que les enjeux dans les quartiers sont toujours prégnants, nous devons poursuivre la mobilisation nationale pour ces territoires fragiles. Nous devons déjà travailler à construire la suite de la politique de renouvellement. Les besoins sont là, il faut désormais définir les territoires prioritaires, les financements nécessaires, identifier comment mieux prendre en compte les enjeux sociaux et environnementaux et refonder la manière d’agir en associant mieux les habitants et en donnant plus d’agilité au niveau local », abonde Patrice Vergriete, président de l’ANRU.
Reste à savoir si les financements suivront l’assouplissement du calendrier, alors que le gouvernement cherche à faire des économies pour 2026. Pour rappel, des acteurs du logement ont déjà déploré des coupes budgétaires en 2025 sur l’aide à la rénovation énergétique MaPrimeRénov’.
Par Virginie Kroun
Photo de Une : X @valerieletard