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Léger rebond de l’activité pour l’artisanat du bâtiment

Publié le 15 octobre 2020

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Au troisième trimestre 2020, les entreprises artisanales du bâtiment ont renoué avec la croissance avec une activité en légère hausse de + 0,5% contre – 24% au trimestre précédent. Malgré ce rebond, l’activité devrait reculer de – 9,5% sur l’ensemble de l’année. La Capeb appelle ainsi à la vigilance : les conséquences de la crise « ne sont pas à écarter », souligne-t-elle. Autres points d’inquiétude, l’impact réel de MaPrimeRénov’ sur le secteur, et la complexité du dispositif RGE.
Léger rebond de l’activité pour l’artisanat du bâtiment - Batiweb

Lors d’une conférence organisée ce mercredi 15 octobre, Jean-Christophe Repon est revenu sur l’activité des entreprises artisanales du bâtiment au 3e trimestre 2020. Après avoir connu une baisse de – 12% au premier trimestre, puis de – 24% au T2 2020, « c’est avec satisfaction qu’aujourd’hui, nous pouvons vous annoncer une reprise d’activité plutôt correcte de + 0,5% », a souligné le Président de la Capeb. Si le chiffre ne paraît pas « exceptionnel », il reste un signal « rassurant ». « Nous revenons quasiment à l’exercice 2019, ce qui pour nous était inespéré en juillet ». 

La Capeb explique que ce léger rebond se doit notamment « à l’agilité et à la capacité adaptative des TPE ». Les mesures gouvernementales ont également permis au secteur de maintenir un certain niveau d’activité. 8% des entreprises artisanales du bâtiment déclarent avoir bénéficié du PGE : près de 70 000 PGE ont été déposés. « Nous sommes sur 6 milliards d’euros avec un montant moyen de 80 000 euros ». Et 46% ont eu recours au fonds de solidarité, soit « aux alentours de 360 000 entreprises », pour un montant de 510 000 millions d’euros pour l’ensemble du BTP.

 

La construction neuve en hausse

 

L’activité de la construction neuve s’est inscrite à la hausse (+ 1%). « C’est inattendu ». Une croissance qui se doit « à des marchés qui n’ont pas été effectués dans la période du confinement ». Sur l’entretien-rénovation, « nous sommes à 0% ». Dans le même temps, les travaux d’Amélioration de Performance Énergétique du Logement progressent de 0,5%. Bien sûr, la tendance globale aurait pu être meilleure, mais le secteur du bâtiment résidentiel « a complètement plongé », ce qui a ralenti l’activité. 

 

Une situation qui s’améliore doucement mais sûrement

 

23% des entreprises déclarent rencontrer des difficultés de trésorerie et 5% notent une amélioration de la situation. Les besoins en trésorerie augmentent également cette année (28% contre 16% au troisième trimestre 2019), avec un montant moyen de 20 000 €. 

 

Les prix se sont inscrits à la hausse au deuxième trimestre (+ 0,9%) tout comme les coûts. Les prix s’accélèrent dans les travaux de couverture (+ 2,2%), se replient pour les autres travaux de construction spécialisés (- 0,1%) et ralentissent dans les travaux de menuiserie (+ 1,2%) et de plâtrerie (+ 1,5%). 

 

Comme au deuxième trimestre, la Capeb a interrogé ses adhérents pour savoir quelles étaient les principales difficultés de reprise d’activité. 50% des entreprises déclarent n’avoir aucune difficulté, 34% regrettent un retard des chantiers, 16% déplorent le refus de la clientèle privée de poursuivre les chantiers et 12% évoquent des problèmes d’approvisionnement en matériaux et produits bâtiment. 

 

Quant à l’impact COVID ? Si au mois de mars, 80% des entreprises artisanales du bâtiment avaient arrêté leur activité, 68% déclarent aujourd’hui avoir une capacité de production supérieure à 100%. « Il y a un effet de rattrapage qui joue à plein sur les dernières semaines ». Les carnets de commandes ont gagné 7 jours passant de 65 jours à 72 jours. « Nous avons, conjoncturellement, une reprise d’activité sur des renouvellements de commandes ». 

 

Maintenir l’emploi salarié et l’apprentissage

 

Malgré les tensions, les entreprises « n’ont pas licencié », note Jean-Christophe Repon. Elles se heurtent toujours à des problèmes de recrutement, mais les chefs d’entreprises préfèrent rester en sous-régime que d’embaucher « avec des perspectives qui sont difficiles à avoir pour l’année 2021 ». Concernant les chiffres de l’emploi salarié, ils datent du premier trimestre 2020. « Ce que nous pouvons voir, c’est que les chiffres progressaient de + 1,4% (contre + 3,5% au T2 2020), ce qui représentaient une augmentation de 9 000 emplois dans la construction », dévoile la Confédération. 

 

« Au cours du deuxième trimestre, nos prévisions de 15 000 à 30 000 emplois perdus sont aujourd’hui ramenées à 2 000 voire 3 000 emplois perdus », a signalé le Président de la Capeb, précisant que l’artisanat du bâtiment est capable de créer 10 000 emplois l’an prochain à deux conditions : « D’abord, il faut faire coïncider les demandes et les offres qui doivent se rencontrer à l’échelon des territoires. Et deuxio, l’incertitude, que la crise sanitaire fait peser sur l’économie, soit levée ». « Le premier engagement c’est de maintenir l’emploi et la compétence », a-t-il ajouté. Il y a aussi la question de l’apprentissage. « La rentrée dans l’apprentissage est satisfaisante, et sera même peut-être un peu au-dessus de l’année 2019 (…), ce qui est, pour le bâtiment, assez exceptionnelle ». 

 

Jean-Christophe Repon a également appelé à valoriser les compétences locales. Un autre des engagements de la Capeb est en effet la lutte contre la main d’œuvre détachée. « Nous pourrions signer une charte très volontiers et rapidement ». 

 

Pour les mois à venir, les prévisions restent difficiles. C’est pourquoi la Capeb préfère parler d’hypothèses. Sur l’ensemble de l’année 2020, l’activité devrait enregistrer une baisse de – 9,5%. Pour 2021, la Capeb se dit encore plus prudente. L’activité pourrait se situer dans une fourchette variant entre + 6% et + 8%. 

 

Des incertitudes autour de la rénovation énergétique

 

Pour la Capeb, des incertitudes persistent en matière de rénovation énergétique. La nouvelle mouture du dispositif RGE ne satisfait pas. « Elle complexifie le RGE. L’organisation et la multiplication des audits et des domaines d’activité, ne sont pas un frein aux écodélinquents ». « On vient contraindre l’entreprise vertueuse. Il y a des difficultés pour l’artisan qui, au bout de la chaine, doit comprendre le message ». 

 

Pour ce qui est de MaPrimeRénov’, son déploiement ne pourrait pas impacter le secteur tel que souhaité. Si les entreprises artisanales du bâtiment ont plutôt bien accueilli les annonces, plusieurs éléments peuvent retarder son déploiement. Parmi eux, le versement de la prime qui pourrait ne débuter qu’en avril voire en mai.

La Capeb signale qu’à ce jour, « 25 000 dossiers tous domaines confondus sont au paiement » mais que seuls 6 000 paiements ont été effectués. Les demandes de Certificats d’économie d’énergie souffrent elles aussi d’un retard considérable. 


Rose Colombel
Photo de une : ©Adobe Stock 

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