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Les soutiens de la Clause Molière s’expriment

Publié le 22 mars 2017

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Adoptée par les conseils régionaux d’Île de France et d’Auvergne Rhône Alpes, la clause Molière impose le recours à la langue française sur les chantiers dont la région est maître d’œuvre, ceci afin de lutter contre le travail détaché et d’améliorer les conditions de sécurité. Si cette clause s’est très vite retrouvée contestée par nombre de politiciens et de syndicats, elle possède aussi ses soutiens, notamment auprès de Jacques Chanut, dirigeant de la FFB, et Patrick Liébus, de la CAPEB.
Les soutiens de la Clause Molière s’expriment - Batiweb
Jacques Chanut et Patrick Liébus, dirigeants de la FFB (Fédération Française du Bâtiment) et de la CAPEB (Confédération de l’Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment) se sont exprimés sur l’un des sujets polémiques de ces derniers jours.

Pour eux, la Clause Molière est un symptôme des problèmes du secteur. « Quand les petits artisans voient les grands groupes employer des travailleurs détachés, parfois dans l’illégalité, sans respecter aucune clause de sécurité ou de marché public, et sans être inquiétés, il faut dire stop ! » explique Patrick Liébus, qui s’interroge toujours sur la légalité du texte.

« On est obligé de travailler en respectant le code du travail, les normes de construction, la clause pour les salariés, et de l’autre côté, on se retrouve avec des personnes avec lesquelles on ne peut même pas échanger pour parler de règles de sécurité sur un chantier ! C’est l’accumulation de ces problèmes qui débouche sur la situation d’aujourd’hui », poursuit-il.

Jacques Chanut est sur la même longueur d’ondes. « C’est la prise en compte d’une revendication ancienne de la profession. Pour des raisons de sécurité, tout le monde doit être capable de comprendre les consignes de sécurité sur un chantier ».

Une compréhension de la langue qui fait défaut chez les travailleurs détachés. « La durée moyenne d’un détachement, c’est 51 jours. Forcément, il n’y a pas vraiment de volonté d’apprendre les rudiments d’une langue lorsqu’on reste aussi peu de temps ! Résultat, on met tout le monde en danger ! »

Des accusations de racisme hors de propos

Face aux commentaires de la classe politique, les deux dirigeants sont unanimes. « Quand je vois les réactions où l’on parle de nationalisme voire de xénophobie, s’il y a un secteur qui n’a pas de leçons à recevoir, c’est bien nous. Le bâtiment intègre les vagues d’immigration depuis des siècles », rappelle Jacques Chanut. « Le contexte a fait que c’est devenu un sujet politicien dans le cadre de la campagne, mais c’est avant tout un problème technique, pas politique ».

Pour Patrick Liébus également, la question du racisme est un faux problème. « Le bâtiment ne peut pas être plus ouvert aux multiples nationalités et ça n’a jamais posé le problème. J’ai travaillé pendant 45 ans avec des travailleurs du monde entier. Mais ils venaient s’installer et s’intégrer chez nous, ils apprenaient la langue. Les travailleurs détachés, ils viennent juste travailler, le week end, la nuit, et sont parfois logés dans des conditions honteuses ! »

Pour régler le problème, Patrick Liébus insiste sur la nécessité d’une formation à la langue. Quant à Jacques Chanut, il appelle au respect de la directive européenne « mais également le respect des règles sociales, d’hygiènes et de sécurité du pays d’accueil. Et c’est la responsabilité du pays d’accueil, et donc de la France ! ».

La CAPEB Rhône Alpes propose d’autres solutions

Invitée à la table ronde organisée par la Délégation du Parlement européen à Paris sur le rapport de révision de la Directive sur les travailleurs détachés, la CAPEB Rhône Alpes a affirmé que « seuls les syndicats de salariés partageaient aujourd’hui les constats de la Capeb, contrairement au Medef, UIMM, FNTP et CPME qui s’inquiètent de limites potentielles au détachement des travailleurs français ». En parallèle, elle dénonce le travail détaché actuel comme étant du dumping social, et milite pour limiter le détachement à 6 mois maximum et pour la mise en place d’un cadre légal ainsi que de la carte d’identification.


Propos recueillis par François Tassain
Photo de Une : ©Fotolia

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