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Qualibat : « Il faut continuer le mouvement », Dominique Tarrin

Publié le 24 avril 2017

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Qualibat n’a pas chômé en 2016 ! Avec 12 200 nouvelles entreprises qualifiées, le label, gage de qualité, concerne aujourd’hui plus 72 000 artisans. Et l’organisme de qualification ne compte pas s’arrêter en si bon chemin ! En exclusivité pour Batiweb, Dominique Tarrin, directeur général de Qualibat, revient sur le bilan de l’année écoulée et les axes d’évolution pour 2017. Entretien.
Qualibat : « Il faut continuer le mouvement », Dominique Tarrin - Batiweb

Fin 2016, l’UFC-Que choisir publiait une étude alarmante sur les artisans de la rénovation énergétique. Quel regard portez-vous sur le sujet aujourd’hui ?

 


Dominique Tarrin : En matière de rénovation énergétique, le particulier a tendance à faire davantage de travaux isolés plutôt que de faire une rénovation globale qui va diviser par trois sa consommation. Or, Que Choisir a fait une étude, justement, sur ce sujet très ponctuel de l’offre globale. Ils ont joué sur le fait que le RGE a été créé par l’État en imposant une formation de trois jours avant d’obtenir une qualification – formation censée sensibiliser l’entreprise à la rénovation énergétique. L’objectif n’est donc pas de faire des professionnels des spécialistes de l’offre globale. S’ils sont capables de faire des préconisations, c’est que leurs compétences ont été reconnues par un référentiel exigeant. Avec le papier de l’UFC, les commissions se sont senties un peu attaquées.

 

 

Quel bilan tirez-vous de l’année 2016 ?

D.T : Nous étions encore en phase de croissance, grâce à l’attribution de qualifications qui avaient été demandées en 2015. On recense 12 200 nouveaux entrepreneurs qualifiés. Ce qu’il faut voir, c’est que si notre démarche est très sérieuse, Qualibat a également quelques limites. Un dossier de la DGCCRF, sorti en janvier, avait analysé environ 350 plaintes liées à la rénovation énergétique contre les entreprises. 200 étaient recevables, dont une centaine RGE. Ces dernières ont notamment été saisies par la DGCCRF pour des pratiques commerciales illicites, incluant des ventes forcées, de l’agressivité commerciale, des prix prohibitifs. Ces domaines nous échappent, alors que nous aimerions pouvoir juger ces pratiques. Nous ne pouvons pas non plus vérifier les différents éléments de la relation client-entreprise : la ponctualité, la convivialité, la propreté du chantier, etc. Cela ne fait pas partie de nos critères. En cela, les notations d’entreprises par les particuliers, qui vont se développer avec les plateformes de mise en relation, sont complémentaires à la qualification car elles collectent des informations dont nous ne disposons pas et inversement.

 

 

Que prévoyez-vous pour 2017 ?

D.T : Aujourd’hui, le RGE s’est stabilisé autour de 70 et 75 000 entreprises concernées. Les nouveaux qualifiés compensent les retraits. Le prix de la qualification ne bougera pas, avec 150 euros pour la qualification, auxquels s’ajoute le coût annuel du certificat qui est fonction de la taille de l’entreprise. Il faut également additionner le coût du contrôle de l’audit, soit 320 euros tous les quatre ans.
Nous avons trois grands projets en cours aujourd’hui. Le premier concerne un nouvel outil informatique des gestions des clients (CRM). Il comprendra notamment un espace entreprise sur lequel elle pourra tout faire : demandes de qualifications, suivis annuels, etc. Le deuxième chantier, attendu pour début 2018, vise la simplification pour les entreprises qui ont plusieurs qualifications. Aujourd’hui, chaque qualification vit indépendamment de l’autre. Nous avons donc décidé d’harmoniser les dates d’échéance afin de ne déranger l’entrepreneur qu’une fois par an, à la même date. Enfin, nous allons mettre en place une révision de la nomenclature de nos qualifications. Actuellement, nous sommes dans un système qui s’est compliqué avec le temps. Nous souhaitons donc simplifier l’ensemble, et descendre de 450 qualifications à 300.

 

 

Sur un sujet davantage tourné vers l’actualité, qu’attendez-vous du prochain gouvernement ?

D.T : Ce qui est sûr, c’est que les professions, l’État et l’Ademe ont mis en place, depuis 10 ans maintenant, une politique qualité pour la rénovation énergétique qui a conduit déjà à la création du RGE, aux labels créés par la FFB et la Capeb, les trois jours de formation, tout cela pour accélérer la montée en compétence des entreprises. Aujourd’hui, on constate que tous ces dispositifs sont un succès. Maintenant, il faut continuer le mouvement. Ce n’est pas le moment de rompre avec le système. Les aides de l’État, en revanche, doivent rester à un niveau suffisant pour inciter le particulier à faire appel à des entreprises qualifiées.

 

 

 

On ne rigole pas avec RGE !

Qu’on se le dise : la qualification RGE résulte d’une démarche particulièrement rigoureuse ! Pour se conformer au référentiel d’exigence, les entreprises doivent présenter un dossier complet attestant de leur sérieux administratif, des compétences techniques et des moyens matériels dont elles disposent, et fournir une liste de chantiers et une attestation de sinistralité remise par l’assureur. Une fois la qualification obtenue (valable 4 ans), les professionnels doivent remplir un questionnaire annuel et se soumettre à un audit chantier réalisé, en moyenne, entre le 16e et le 18e mois.
« Nous garantissons le sérieux et la compétence technique, et nous lançons actuellement des travaux avec les assureurs pour déterminer si dans les « mauvaises » entreprises avec lesquelles ils travaillent, il n’y a pas de Qualibat. Cela permettra de comparer la sinistralité des professionnels qualifiés de ceux qui ne le sont pas », ajoute Dominique Tarrin.
En 2016, 20% des demandes de qualification avaient été refusées, et 7% d’entreprises ont été radiées. En parallèle, seulement 3% des chantiers audités présentent des éléments de non-conformité.
              


Propos recueillis par Fabien Carré
Photo de Une : ©FC

 

 

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