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Que du bon dans la préfabrication béton ?

Publié le 17 avril 2024

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La FIB se penche sur la préfabrication béton. Au programme : chiffres du marché mais aussi présentation de sa campagne et autres outils visant à valoriser ce concept constructif, dont la fédération défend les vertus technico-environnementales.
Que du bon dans la préfabrication béton ? - Batiweb

Bien qu’elle s’inscrive peu à peu dans les tendances de construction, la préfabrication béton ne remonte pas à hier. Les premiers frontons à colonnes « préfabriquées » remontent à l’Antiquité grecque, tandis que les premiers immeubles en béton préfabriqué ont vu le jour à Liverpool au 19ème siècle. 

Telle est la frise chronologique déroulée ce mardi 16 avril, lors d’une conférence organisée par la Fédération de l’Industrie du Béton, qui défend ce procédé constructif. « La FIB est un des premiers adhérents de l’association des acteurs de la filière hors-site français, lancée en 2023 à l’initiative du groupe Immobilière 3F, de la Société des Grands Projets et du Grand Paris Aménagement, avec le soutien du Conseil National de l’Ordre des Architectes », rappelle l’organisation dans un communiqué.

 

Une tendance baissière de la production, tirée par la crise du bâtiment 


Or selon les chiffres de la Federation of the European Precast Concrete Industry (BIBM), la part d’utilisation du ciment dans les produits préfabriqués s’élève à 14 % en France contre 44 % au Danemark. Dans le détail, cette consommation française revient à 2 680 milliers de tonnes sur 19 147 milliers de tonnes sur celle globale, d’après France Ciment. 

Et les perspectives d’évolution du marché risquent d’être grippées, dans un contexte de crise dans le bâtiment, entre la chute du logement neuf, l’inflation, la réforme des aides à la rénovation énergétique... Les volumes de béton produits pour le bâtiment reculent ainsi de 14,6 % en 2023.

Les travaux publics ne profitent pas non plus au matériau, avec -7,8 % des volumes produits. Le tout pour un chiffre d’affaires en baisse de 0,8 %.  

Autant dire que les tendances baissières vont se creuser pour 2024. Selon la commission Économie de la FIB, les volumes produits préfabriqués devraient reculer de 20 % dans le bâtiment et de 5 % dans les TP durant l’année 2024, et ce sur la France entière. « Ces prévisions ne tiennent pas compte des disparités régionales de plus en plus présentes, ainsi que de l’impact des JOP 2024 », précise la FIB. 

L’impact de la crise du bâtiment devrait se faire sentir dans l’activité du préfabriqué béton. Il faut dire que ce secteur concentre deux-tiers du marché, avec 2,2 milliards d’euros courants enregistrés en 2022 par la FIB, alors que ce produit concentre uniquement 1,5 % du CA engrangé dans le bâtiment. À préciser également qu’à fin février, l’évolution des volumes est d’environ -20,8 %.

Côté travaux publics, le CA récolté par les produits préfabriqués atteint moitié moins que dans le bâtiment (1,1 milliard d’euros courants en 2022, source FIB). La part de ces matériaux dans les résultats en valeur du secteur s’établissent à 2,50 %. À fin février dernier, les volumes produits pour TP décrochent de 6,9 %, en particuliers ceux destinés à l’assainissement et à la voirie. 

Une campagne pour promouvoir la fabrication béton 

 

Si le marché des préfabriqués est sur le déclin, son potentiel est à encourager selon la FIB. « Certains produits préfabriqués en béton ont possédé des parts de marché importants dans la construction : citons les blocs en béton pour la maison individuelle ou les tuyaux en béton pour l’assainissement. Mais des évolutions réglementaires ou encore des facilités de mise en œuvre ont favorisé le développement de produits concurrents, notamment en terre cuite et en bois dans la construction ou le PEHD dans l’assainissement… », développe la fédération.

Sans compter le soutien des pouvoirs publics, avec des appels à projets construction hors-site lancés par l'ADEME.

Ce qui a motivé la fédération à diffuser une campagne, afin d’informer et sensibiliser les professionnels de la construction à ce procédé, à la construction hors-site. Intitulée « le Bon Calcul » , la campagne déploie ressources documentaires papiers et digitales, réparties entre différents secteur (bâtiment, TP, génie civil) et marchés (maison individuelle, petit collectif, charpente, architecture, tuyaux d’assainissement, pavés de voirie, pont et mur de soutènement). Elle comprend également un roadshow par région, « avec l’appui technique et scientifique du CERIB »

L’idée de la FIB étant de promouvoir les cinq intérêts, les cinq évidences de la préfabrication béton :

  • « Des systèmes moins carbonés en adéquation avec la transition environnementale », entre le confort thermique apporté au bâtiment par le ciment - matière minérale -  et la préservation des sols, notamment avec les solutions de pavés drainants appliqués dans les TP.
     
  • « Une frugalité et une gestion optimisée des ressources ». La préfabrication béton fait appel à l’économie circulaire, en intégrant dans sa boucle de production des granulats de béton recyclés, des matières premières secondaires (cendres de biomasse, boues de papeterie...) ou des matériaux issus de réemplois (coquillages, pneus…)
     
  • « Les garanties et la pérennité grâce aux certifications NF et aux FDES ». En France, 60 % des usines de préfabrication béton en France sont titulaires de la marque NF ou Qualif-IB. 70 % des produits préfabriqués en béton en France sont certifiées NF. 90 % des produits préfabriqués en béton à destination du bâtiment disposent d’une Fiche de Déclaration Environnementales et Sanitaires (FDES) collective.
     
  • « Le maintien du tissu industriel local et le développement économique des territoires », avec un tissu industriel composé à 96 % de PME-PMI françaises parmi les 700 sites de production répartis sur tout le pays.
     
  • « La rapidité d’exécution et la sécurité des collaborateurs et des riverains ». D’après la FIB, la préfabrication béton permet de réduire de 40 % les délais de construction et de poser jusqu’à 250 m2 par jour d’écrans anti-bruit. 

Des outils pour accompagner les professionnels 

 

Tant de paramètres, qui font justement de la préfabrication béton « le Bon Calcul », défend la FIB. La fédération s’appuie d’ailleurs sur différents outils. On retrouve parmi ces derniers CIBLE-Génie civil, calculateur carbone des produits dédiés au génie civil

Un autre, appelé Environnement IB et développé par le Centre d'études et de recherches de l'industrie du béton (CERIB), permet de configurer des FDES collectives sur une diversité de produits préfabriqués béton : murs à coffrage intégré (MCI), prédalles en béton armé et précontraint, dalles alvéolées, poteaux en béton armé et poutres en béton précontraint. 
 
Le CERIB a également sortiune cartographie nationale des fournisseurs de granulats recyclés pour béton, indiquant ainsi aux industriels les sources d’approvisionnement les plus proches des chantiers.

Enfin, dernier levier activé par la FIB : le lancement du concours Préfa Béton Les Trophées. Les adhérents de la FIB peuvent soumettre leurs projets, seuls ou avec un partenaire (fournisseurs, maîtres d’œuvre et d’ouvrage, entreprises, écoles…). Et ce dans 4 catégories : « Engagement Environnemental & Sociétal », « Transition Écologique », « Technologie & Numérique »  ainsi que « Ouvrage exemplaire dans les territoires ». Une remise de prix aura lieu le 6 juin.

La FIB le souligne toutefois durant sa conférence, l’idée n’étant pas de promouvoir le tout construction béton ou d’une autre solution en général. « Notre postulat, c'est de défendre, dans le domaine de la construction, du bâtiment et des travaux publics, le bon matériau au bon endroit », nuance Bertrand Bedel, président de la FIB. Cela vaut pour le béton, mais également pour des ressources mieux réputées sur le plan environnemental, comme le bois.

« Donc s’il faut, parce que c'est une meilleure solution, utiliser du bois partout, pourquoi pas. En fonction des enjeux technico-environnementaux, le challenge et le mélange doivent rester ouverts. Il ne nous a pas échappé que la décarbonation, notamment des matières premières était en route et que ce ne sera pas achevé en 2030, mais 2050 », poursuit M. Bedel. Et d’ajouter : « Après, on se pose des questions. Évitons les fausses bonnes idées. Les forêts, on en a aussi besoin, pas simplement pour les couper et faire des ouvrages ». 


Virginie Kroun
Photo de Une : Adobe Stock 

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