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De l’orgue aux voûtes, la reconstruction de Notre-Dame-de-Paris se poursuit

Publié le 26 avril 2022

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Trois ans après l'incendie de Notre-Dame, les travaux de rénovation continuent avec la restauration du grand orgue et des voûtes de la cathédrale. Les détails expliqués par l’établissement public chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris.
De l’orgue aux voûtes, la reconstruction de Notre-Dame-de-Paris se poursuit - Batiweb

Le printemps est là, la nature renaît de ses cendres, à l’image de Notre-Dame de Paris. Le retour des beaux jours est propice à deux grandes étapes de la reconstruction du monument, ravagé par un incendie le 15 avril 2019.

Septembre dernier, le chantier achevait sa phase de sécurisation et de consolidation, tandis que la région Île-de-France faisait don de soixante chênes dédiés à la charpente et à la flèche.

« Dans les prochaines semaines, tailleurs de pierre, restaurateurs de peintures murales et de sculptures, maîtres-verriers, et ferronniers d’art. rejoindront la cathédrale, où débuteront les restaurations intérieures », se réjouissait fin mars le général d’armée Jean-Louis Georgelin, président de l’établissement public chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris.

La rénovation du grand orgue entame sa première étape
  

Pour l’heure, les oiseaux ne gazouilleront pas en même temps que le grand-orgue de la cathédrale. La restauration de ses 19 sommiers et 8 000 tuyaux a débuté en mars dernier.

À savoir que durant l’incendie, le grand orgue « n’a pas été inquiété par les flammes et a reçu très peu d’eau au cours de l’intervention des pompiers. Néanmoins, il a été recouvert de poussières de plomb qui se sont répandues sur l’ensemble de l’instrument et certaines parties ont souffert des variations thermiques subies par la cathédrale depuis l’incendie, notamment lors de la canicule de juillet 2019. Il nécessite donc un nettoyage approfondi et une restauration, qui ne peuvent être effectués sur place », précise l’établissement public chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris.

Suite à leur dépose progressive entre le 3 août au 9 décembre 2020, les différents éléments de l’instrument ont été répartis à différents endroits en France.

Ainsi les 19 sommiers - un assemblage de pièces de bois où sont posés les tuyaux –, ont été envoyés cet hiver à l’atelier Quoirin, dans le Vaucluse, pour qu'ils soient un à un décontaminés, avant le début de leur restauration, aussi progressive, en novembre. Une étape qui se poursuivra jusqu’en août, au sein de la Manufacture languedocienne de Grandes Orgues, dans l’Hérault. Les sommiers seront de nouveau confiés cet été à l’atelier Quoirin, qui se chargera de le pose 850 électro-aimants et de 180 vérins pneumatiques, nécessaires à la résonance de l’instrument.  

Manufacture Languedocienne de Grandes Orgues, préalablement décontaminé par l’atelier Quoirin - Crédit photo :  Charles Sarélot / Manufacture Languedocienne de Grandes Orgues
Manufacture Languedocienne de Grandes Orgues, préalablement décontaminé par l’atelier Quoirin - Crédit photo : Charles Sarélot / Manufacture Languedocienne de Grandes Orgues

Même refrain pour les 8 000 tuyaux du grand orgue, qui ont rejoint en mars l’atelier Cattiaux-Chevron en Corrèze pour leur décontamination et révision. Dès octobre prochain, ces éléments entameront leur restauration.  

Avant cette échéance, le buffet devrait être parrallèlement restauré. Pareil pour les quatre grands soufflets, dont les travaux consistent à renouveler tous les joints d’étanchéité, confectionnés en peau de mouton et difficiles à décontaminer. Ils devront s’effectuer en été, période de forte chaleur, idéale pour l’adhésion de la colle au bois, possible à une température de plus de 20°C.

Point d'étapes de la restauration du grand-orgue de Notre-Dame de Paris

Une fois tous ces éléments prêts, ils seront assemblés courant 2023 au sein de Notre-Dame de Paris. Le nouvel orgue installé sera accordé et harmonisé avant son ouverture au culte et à la visite en 2024.

Début de l'extraction des pierres pour la restauration des voûtes

 

Le 15 avril dernier, trois ans jour pour jour après l’incendie, le président de la République Emmanuel Macron arpentait les divers chantiers de Notre-Dame de Paris. Une visite coïncidant avec le début de la reconstruction des voûtes, dont 15 % s’était effondrée. Sur ces 15 %, on compte la voûte de la croisée du transept, un voûtain de la voûte du transept nord, ainsi que deux voûtains et un arc doubleau d’une voûte de la nef.

 

Pour les reconstruire, 150 m3 de pierres sont requis, dont un tiers de pierres dures pour la reconstruction des arcs des voûtes, et deux tiers de pierres plus tendres pour celle des voûtains.

L’extraction des pierres dures a commencé fin mars, exclusivement à la carrière de La Croix-Huyart, dans l’Oise. Selon une étude menée par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), le site regorge de la pierre la plus compatible – sur le plan esthétique et physico-chimique - avec la pierre d’origine : le « calcaire grossier » d’âge lutétien. La formation géologique est fortement présente dans le bassin parisien, mais aussi dans le Nord de la France.

Vue de La carrière de la Croix-Huyart - Crédit photo :  Olivier Rambach / Société Nouvelle Saint-Pierre-Aigle
Vue de La carrière de la Croix- Huyart - Crédit photo : Olivier Rambach / Société Nouvelle Saint-Pierre-Aigle

« Les volumes de pierres nécessaires à la reconstruction des voûtes détruites ou abîmées et la restauration des murs-bahuts sont plus importants que ceux nécessaires aux travaux ordinaires d’entretien et de restauration des monuments historiques », ajoute cependant l’établissement public chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris.

Alors que les pénuries de matières premières se confirment, notamment côté bois et acier, l’approvisionnement du chantier de la cathédrale auprès de la carrière picarde est sécurisé. L’établissement public en charge de la reconstruction a en effet négocié un marché avec La Croix-Huyart. Il s’agit d’un contrat d’approvisionnement direct auprès la carrière, comprenant aussi le sciage 4 faces par un associé, la Société Nouvelle Saint-Pierre-Aigle dans l’Aisne. Les blocs sont ensuite stockés jusqu’à réception par les tailleurs de pierre attributaires des travaux.

Lavage et sciage des blocs de pierre à l’usine de sciage - Crédit photo : Olivier Rambach / Société Nouvelle Saint-Pierre-Aigle
Lavage et sciage des blocs de pierre à l’usine de sciage - Crédit photo : Olivier Rambach / Société Nouvelle Saint-Pierre-Aigle

Côté pierres tendres, huit autres carrières, situées entre Saint-Maximin dans l’Oise et Soissons dans l’Aisne, ont été choisies pour un approvisionnement indirect classique. Ils fourniront ainsi les travaux de restauration intérieure réalisés par les tailleurs de pierre. On compte bien évidemment les voutains, mais aussi les oculus des pignons, les parements des transepts, le dallage des terrasses, les gargouilles et chimères etc.

Autant de restaurations qui ont fait l’objet de 90 marchés publics et qui ont nécessité une préparation du terrain, à commencer par le dépoussiérage global des intérieurs (voûtes, murs et sols) de la cathédrale, amorcé mi-octobre. En janvier, le dessalement des voûtes a débuté, suivi du curage des réseaux techniques, lancé à la mi-mars.

Pour découvrir l'actualité sur le chantier de reconstruction de Notre-Dame de Paris, rendez-vous sur notre dossier spécial

 

Virginie Kroun
Photo de Une : Adobe Stock

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