Marina Tabassum : l’architecte du Bengale qui bâtit pour le climat et la dignité
Publié le 20 octobre 2025, mis à jour le 16 octobre 2025 à 17h21, par Batiweb Rédaction

“Mon architecture est une réponse lente, douce et humble à un monde en crise.”
Une trajectoire entre tradition, inondations et spiritualité
Née en 1969 à Dhaka (Bangladesh), Marina Tabassum fonde son agence en 2005. Elle est aujourd’hui l’une des figures les plus respectées de l’architecture du Sud, connue pour son travail contextuel, low-tech et climatique.
Elle refuse la verticalité, le béton et les gestes spectaculaires. Elle construit pour les communautés, dans les zones les plus exposées au changement climatique, avec des matériaux locaux et des solutions simples.
Une approche : architecture vernaculaire, climatique et spirituelle
- Et si l’architecture n’était pas faite pour durer mille ans, mais pour vivre avec le fleuve ?
- Et si une mosquée flottait au rythme des moussons ?
- Et si un logement pouvait migrer avec les saisons ?
Tabassum conçoit des bâtiments mobiles, respirants, poreux, enracinés dans la culture bengalie. Chaque projet est à la fois un abri, un lieu de mémoire, un espace de transition.
5 projets qui incarnent sa vision
Bait Ur Rouf Mosque (2012, Dhaka)
Mosquée en briques percées, sans minaret ni ornement.
Lumière naturelle, ventilation passive, spiritualité nue.
Lauréate Aga Khan Award 2016.
Khudi Bari (depuis 2020)
Petites maisons mobiles pour réfugiés climatiques.
Structure bois légère, transportable, montée par les habitants.
Community School (Rohingya camps, 2021)
Écoles en bambou dans les camps de réfugiés.
Design modulaire, espace partagé, dignité en situation de crise.
Panigram Resort (Jessore)
Éco-hôtel fait de briques locales, cours intérieures, toits en pente.
Tourisme durable, ancré dans le paysage rural.
Teaching at BRAC and Harvard
Engagement dans la transmission d’une architecture éthique, frugale et climatique.
Une voix rare du Sud mondial
Tabassum est une voix féminine, non occidentale, architecte et activiste à la fois.
Elle est célébrée à Venise, Harvard, Lisbonne, mais reste profondément connectée à la réalité du delta du Gange.
Une écologie du climat et du peuple
- Matériaux locaux (briques, bambou, tôle recyclée)
- Structures modulaires, démontables
- Résilience climatique (inondations, cyclones)
- Systèmes passifs (lumière, ventilation)
Une architecture en dialogue avec l’eau, le vent et la précarité.
3 choses à retenir
- Tabassum construit pour les plus vulnérables, avec dignité et humilité.
- Elle propose une architecture mobile, respirante, spirituelle.
- Elle incarne une écologie du soin, du territoire et du climat.
Par Camille Decambu