Junya Ishigami : l’architecte japonais qui dessine l’invisible
Publié le 19 octobre 2025, mis à jour le 16 octobre 2025 à 16h37, par Batiweb Rédaction

“Je veux que mes bâtiments ressemblent à des nuages.”
Une trajectoire entre rêve et radicalité
Né en 1974 à Kanagawa (Japon), Junya Ishigami travaille avec Kazuyo Sejima (SANAA) avant de créer son agence en 2004. Il devient vite célèbre pour ses projets extrêmement poétiques, techniquement extrêmes, visuellement éthérés.
Ses bâtiments sont à peine perceptibles, souvent camouflés, fondus dans la nature, ou suspendus à une structure presque impossible. Il cultive le paradoxe entre solidité technique et illusion de fragilité.
Une approche : effacement, légèreté, dissolution
Ishigami ne veut pas construire un “objet”. Il cherche à produire un sentiment.
- Et si le toit touchait le sol ?
- Et si une structure était plus mince qu’un cheveu ?
- Et si une serre se confondait avec l’horizon ?
Il propose une architecture invisible, presque immatérielle, en fusion avec son environnement.
5 projets qui incarnent sa vision
Kanagawa Institute of Technology (KAIT Workshop, 2007)
Espace libre sous une forêt de 305 fines colonnes.
Pas de murs, pas de parcours défini. Liberté totale.
House & Restaurant (Yamaguchi)
Maison dont le toit est une colline, et les murs creusés dans la terre.
Intégré dans le sol, imperceptible depuis l’extérieur.
Pavillon Serpentine (2019, Londres)
Toiture en ardoises noires ultra-fine, à ras du sol.
Évocation d’un nuage posé sur l’herbe.
Table ultrafine (Design Miami)
Table de 9 mètres de long, fine comme du papier, qui semble flotter.
Design et architecture, fusion absolue.
Water Garden (Tohoku, Japon)
Jardin de lotus avec structure flottante quasi invisible.
Architecture-paysage, poésie aquatique.
Une star du minimalisme extrême
Ishigami est célébré dans les biennales, musées et revues. Mais il reste radical, silencieux, presque mystique.
Il incarne le minimalisme japonais poussé à sa limite, où chaque gramme de matière compte, et chaque ombre est une action.
Une écologie du rien
- Matériaux minimum
- Empreinte visuelle quasi nulle
- Réduction de la structure à l’essentiel
- Dialogue avec la nature plus que domination
Chez lui, l’écologie passe par la disparition.
3 choses à retenir
- Junya Ishigami efface l’architecture pour révéler le paysage et le silence.
- Il fusionne art, structure, vide et nature.
- Il pousse le minimalisme japonais à son expression la plus radicale.
Par Camille Decambu