Pertes d’emploi d’entrepreneurs : la construction particulièrement concernée

Comme à leur habitude, le cabinet Altarès et l’association GSC publient les résultats de leur Observatoire de l’emploi des entrepreneurs, dévoilant le nombre de pertes d’emplois parmi les entrepreneurs au premier semestre 2025.
Sur cette période, 31 260 chefs d’entreprise ont perdu leur emploi, soit +4,3 % par rapport à un an plus tôt.
Le gros œuvre et la maçonnerie très impactés
Sans surprise, le secteur de la construction reste encore une fois le plus concerné par ces difficultés, concentrant 25,5 % des pertes d’emploi, tous secteurs confondus, devant le commerce (21,3 %).
Dans le détail, 7 745 entrepreneurs de la construction ont perdu leur emploi au premier semestre 2025. Toutefois, cette évolution se stabilise à +1 %, après avoir enregistré +50 % au premier semestre 2023 et +34,2 % au premier semestre 2024.
Répartition des pertes d'emploi par secteur. Source : Altarès / GSC
Les travaux de gros œuvre du bâtiment et de maçonnerie générale sont les plus impactés, avec 1 645 pertes d’emploi de chefs d’entreprise.
Parallèlement, le secteur de l’immobilier s’en sort mieux, après plusieurs années difficiles.
Autre fait notable : l’évolution du profil des dirigeants d’entreprise concernés, parfois très expérimentés. Au premier semestre, ceux ayant perdu leur emploi dirigeait une entreprise créée en moyenne il y a dix ans.
Si l’âge médian est de 46 ans, les séniors de plus de 60 ans enregistrent une forte progression de pertes d’emploi, avec +20,9 % ce semestre.
Inversement, les jeunes entrepreneurs de moins de 26 ans sont les plus épargnés (-8,2 % de pertes d’emploi au S1 2025).
Répartition des pertes d'emploi par tranches d'âge. Source : Altarès / GSC
Peu de perspectives d’amélioration ?
« Le premier semestre 2025 a confirmé nos inquiétudes exprimées en début d'année avec un nombre historique de liquidations judiciaires et donc un niveau très élevé de pertes d'emploi de dirigeants. Cette situation de risque pèse lourdement sur les épaules des entrepreneurs amenés à devoir faire sans cesse des arbitrages professionnels et personnels parfois douloureux pour maintenir leur activité », résume Thierry Million, directeur des études Altarès.
Or, la suite de l’année semble offrir peu de perspectives d’amélioration, dans un contexte d’instabilité politique : « Le second semestre s’annonce encore complexe et les arbitrages budgétaires de l’État seront déterminants », alerte ainsi Hervé Kermarrec, président de l’association GSC.
D’un point de vue géographique, certaines régions enregistrent une forte hausse des pertes d’emploi de dirigeants d’entreprise. C’est notamment le cas des Outre-Mer (+31,6 %), de la Nouvelle-Aquitaine (+18 %), ou de la Corse (+9,2 %).
Si elle n’enregistre une hausse que de 4 %, l’Île-de-France reste toutefois la région la plus concernées, concentrant près d’un quart des pertes d’emploi au premier semestre.
A l’inverse, trois régions bénéficient d’une légère amélioration de la situation : la Bourgogne-Franche-Comté (-1,4 %), le sud-est (-0,8 %) et le Grand Est (-0,2 %).
Evolution des pertes d'emploi par région. Source : Altarès / GSC
Par Claire Lemonnier