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Comment réussir la généralisation du bâtiment à énergie positive ?

Publié le 03 juillet 2014

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Lors du colloque national organisé par Effinergie et Enerplan avec le parrainage du Plan Bâtiment Durable dans le cadre du Solar Décathlon à Versailles, les professionnels de plusieurs filières ont débattu sur la question du bâtiment à énergie positive. Actuellement défini grâce au label Bepos-effinergie 2013, ce type de bâtiment est déjà une réalité avec une centaine de réalisations en cours, et pourrait bien devenir la norme d'ici 2018/2020.
Comment réussir la généralisation du bâtiment à énergie positive ? - Batiweb

« Au départ en 2005, on voyait le BEPOS* comme quelque chose de bizarre, complexe, presque une secte alors qu'aujourd'hui ça semble être une idée simple de produire autant que l'on consomme », a constaté Jean Christophe Visier, directeur du département Energie Santé Environnement du CSTB lors du colloque national organisé le 1er juillet.

Aujourd'hui, seule une construction pour 10 000 est au niveau BEPOS en France mais l'objectif est d'atteindre 100 % des maisons neuves après 2020. Alors comment accélérer le mouvement et généraliser le bâtiment à énergie positive ?

Pour Jean Christophe Visier, il est nécessaire de rendre le label plus flexible en modulant l'écart autorisé entre production et consommation en fonction de la situation du bâtiment, selon s'il est implanté en milieu urbain ou rural, au sud ou au nord.

Une étiquette énergétique commune

D'autre part le projet de norme européenne propose de distinguer l'énergie renouvelable selon si elle est produite localement, à proximité ou à distance. Il faudrait également rapprocher la production et la consommation car selon la période de l'année nous consommons plus que nous ne produisons et vice-versa.

« Nous pourrions aussi faire un bilan de l'énergie localement exporté et importé mais cela posera la question de la modulation de la courbe des charges au sein du logement », précise-t-il. Jean Christophe Visier estime enfin qu'il faut faire la liaison entre la demande énergétique et l'environnement en faisant émerger une étiquette commune à tous les bâtiments avec un vocabulaire commun, pour mettre en avant plusieurs critères comme la consommation d'énergie, le CO2, les déchets, l'eau. Cet ensemble serait calculé sur l'ensemble du cycle de vie du bâtiment. « Nous devons désormais construire des bâtiment robuste à l'usage qui s'adapte en fonction des différents usages des habitants, c'est le principal enjeux pour le bâtiment de demain ».

Vers un bâtiment responsable

De son côté, Jérôme Gatier a insisté sur la nécessité de ne pas se polariser uniquement sur la performance énergétique, d'où l'idée du terme « bâtiment responsable » qui serait centrer également sur les occupants, leur confort, leur santé etc.

« Ces facteurs sont connus mais ils ne sont pas suffisamment pris en compte et traiter de manière pédagogique pour les professionnels », a-t-il expliqué en ajoutant qu'il sera nécessaire d'éviter le décrochage entre le bâtiments neufs Bepos et les bâtiment à rénover par petits bouquets de travaux. « Le BEPOS n'est pas qu'une question d'ingénieur, ce n'est pas non plus une utopie mais quelque chose qui doit mobiliser la société ».

Faire des Bepos de manière pérenne

« Le Bepos est une véritable opportunité en tant qu'industriel sur un marché conservateur dans sa manière de construire et d'assurer le financement », renchérit Jean Damian, président de Solardis, filiale étanchéité solaire de Soprema. « Dans la construction BEPOS, le photovoltaïque est le maillon essentiel mais il faut que la production d'électricité soit assurable, compétitive et facile à mettre en oeuvre et à entretenir ». Pour lui, la réglementation actuelle est « absurde », notamment sur la limitation d'accès aux tarifs jusqu'à 100kW et des appels d'offres au-delà. « A nous en tant qu'acteur de promouvoir un bâtiment de référence qui soit industrialisé pour montrer qu'on peut faire des Bepos de manière pérenne ».

Basculer vers un raisonnement carbone

Et Alain Maugard, président de Qualibat de conclure. « La généralisation doit se faire sous certaines conditions. Aujourd'hui, le BEPOS est un acquis, réalisé à des prix raisonnables mais il faut aller plus loin. Le challenge pour 2020 est de construire des bâtiments qui permettront un mode de vie responsable pour accompagner la transition énergétique ». Selon lui, il faut étudier dès maintenant la possibilité de basculer vers un raisonnement carbone et permettre aux futurs bâtiments d'accéder à l'autonomie par le stockage, le délestage et l'autoconsommation. « Nous allons devenir des producteurs d'énergie et des consommateurs simultanément, ce qui implique un profond changement de la société comme le fut la révolution industrielle . On va avoir envie de cette société, avec plus de liberté et d'autonomie, et qui se dirige inexorablement vers l'économie circulaire et les circuits courts.

« Le Solar Décathlon est un événement important, ce que n'a pas compris la ministre Ségolène Royal (qui a décliné l'invitation au colloque, ndlr). Ici, ça pétille d'intelligence et d'imagination. Pas un pavillon ne ressemble à un autre. Tout y est, la diversité climatique, culturelle, le cycle complet du bâtiment et la jeunesse qui va se retrouver dans ces bâtiments », s'est enthousiasmé Alain Maugard.
 

Qu'est-ce que le BEPOS ?

Le bâtiment à énergie positive ou BEPOS est inscrit dans la directive européenne de 2010, relative à la performance énergétique des bâtiments. Celle-ci prévoit la généralisation, à l'horizon 2020, des bâtiments neufs « Nearly zero energy », avec une anticipation pour les bâtiments publics dès 2018.

Cette obligation a été partiellement transcrite dans le droit français avec la loi Grenelle 1 qui transforme le « Nearly zero enrgy building » en « BEPOS ». Concrètement, il s'agit de proposer un bâtiment dont la production annuelle d'énergie renouvelable est supérieure à la consommation annuelle d'énergie non renouvelable pour tous les usages. Le BEPOS implique plusieurs filières, énergie solaire, smart grid, métrologie, bâtiment durable et éco-matériaux.

Claire Thibault
© Brad Pict - Fotolia.com

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