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Les crises ont mis un coup d’accélérateur à la transition écologique du bâtiment

Publié le 08 avril 2024

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Le secteur du bâtiment et de l’immobilier fait face, depuis de nombreuses années maintenant, à diverses crises. Pour y faire face, de nombreuses transformations sont nécessaires pour le secteur. C’est en ce sens que l’ADEME publie l’étude « Le secteur du bâtiment et de l’immobilier de crise en crise. Analyse sur la période 2020-2023 ». Celle-ci doit permettre aux différents acteurs de la profession d’anticiper les tendances à venir, tout en s’appuyant sur le passé.
Les crises ont mis un coup d’accélérateur à la transition écologique du bâtiment - Batiweb

Le secteur de l’immobilier et du bâtiment ne vit pas ses plus belles années. Les nombreuses crises auxquelles il doit faire face ont une multitude d’impacts sur la construction neuve et la rénovation, et participe nettement au mal-logement des Français.

Responsable de 44 % de la consommation d’énergie en France, le secteur du bâtiment a également été frappé de plein fouet par la crise énergétique, elle-même précipitée par la guerre russo-ukrainienne. D'où l'urgence d’amorcer une transition écologique ambitieuse des bâtiments, afin d’assurer la prospérité du secteur.

C’est dans ce contexte que l’ADEME a publié l’étude « Le secteur du bâtiment et de l’immobilier de crise en crise. Analyses sur la période 2020-2023 ». En plus de faire le point sur les trois dernières années pour le secteur, l’étude propose une analyse à 360° des tendances dans le secteur du bâtiment et de l’immobilier. Enfin, l’étude dresse la liste des opportunités et des menaces générées par ces années de crises en matière de transition écologique des bâtiments.

« Si l’étude s’est achevée avant le pic de la crise de la construction neuve, beaucoup commentée ces derniers mois, elle en a capté les prémisses. Les témoignages d’acteurs de la filière recueillis montrent leurs interrogations sur le modèle financier des investissements immobiliers, les réallocations d’actifs du tertiaire vers le résidentiel, les opérations de conversion foncière, le recyclage urbain… La transition écologique devient un relais de croissance pour répondre au cadre réglementaire et à la demande, à condition d’avoir la capacité à mettre en place les innovations techniques et organisationnelles nécessaires (prise en compte du ZAN, des risques climatiques, de la biodiversité…) », précise Cécile Gracy de l’ADEME.

Les différentes crises ont mis un coup d’accélérateur à la transition écologique

 

L’étude confirme dans un premier temps les changements des comportements individuels et collectifs suite à la crise énergétique de début 2022. Suite à la hausse des prix de l’énergie, qui résulte en grande partie de la guerre en Ukraine, 55 % des ménages interviewés à l’hiver 2023 déclaraient avoir baissé la température de leur logement pour faire des économies d’énergie.

L’inflation a également fortement impacté le nombre de travaux des particuliers. Cependant, pour un quart des ménages ayant décidé de maintenir leurs projets de travaux, ces derniers ont décidé de les réorienter vers des gestes de rénovation énergétique afin de faire des économies.

Par ailleurs, le DPE et audits énergétiques occupent désormais une place centrale dans les choix des acquéreurs ou locataires.

Du côté des équipements, le taux de remplacement des chaudières a baissé significativement, de 17 à 12 % dans les travaux de rénovation énergétique, entre fin 2022 et fin 2023, au bénéfice de l’installation de pompes à chaleur réversibles qui ont progressé de 9 à 15 %.

L’étude souligne également le développement spectaculaire de l’autoconsommation énergétique suite à la crise sanitaire. Alors qu’avant 2020, il avait fallu quatre ans pour arriver à 100 000 installations chez des particuliers, dans les six mois qui ont suivi la fin de la pandémie du Covid-19, ce sont 150 000 installations qui ont été enregistrées.

Un besoin de création d’emplois pour la pérennité de la transition écologique

 

Les métiers de la rénovation ont également pâti de toutes ces crises. Volume significatif de démissions lors de la période du Covid-19, effet de saturation de la filière de la rénovation énergétique assorti d’un retournement brutal de conjoncture pour certains segments du marché… Les effets néfastes ont été multiples, et sont autant de freins aux efforts d’innovation technique et organisationnelle à déployer pour atteindre les objectifs environnementaux et climatiques.

La création de 200 000 emplois est nécessaire dès aujourd’hui pour atteindre l’objectif européen de rénovations performantes du « fit to 55 » à l’horizon 2030. Le secteur de la rénovation pourrait ainsi devenir un relais de croissance pour les acteurs de la construction neuve via l’intégration progressive d’une plus grande part d’activités de réhabilitation lourde et de rénovation énergétique associée. Problème, le secteur souffre d’un manque d'attractivité, avec des métiers souvent peu valorisés.

Les effets du télétravail sur le secteur du bâtiment

 

Le télétravail, particulièrement en vogue depuis la crise sanitaire, a également nettement impacté les stratégies de gestion des bâtiments résidentiels et tertiaires. Certes, il n’a concerné qu’une minorité des actifs, une tendance à la réduction des surfaces de bureaux a été nettement identifiée. Parmi les organisations de plus de 2 000 salariés interrogées, plus de la moitié l’envisagent et près d’une sur cinq souhaite se séparer de plus de 30 % de leurs surfaces de bureaux.

Une précédente étude de l’ADEME avait montré que dans les logements, l’effet rebond du télétravail était faible car les marges de réduction de la consommation énergétique en cas d’absence du logement étaient à ce jour insuffisamment exploitées. Se pose aussi la question de la responsabilité de l’employeur vis-à-vis du bien-être de ses salariés, amenés à télétravailler de plus en plus régulièrement.

S’il évite certains mouvements pendulaires domicile-travail, le télétravail facilite aussi des installations en zones périurbaines ou rurales ayant pour conséquence des déplacements plus longs, encore sans alternative au véhicule individuel ; et peut inciter à rechercher une pièce supplémentaire dédiée dans le logement.

Les consommations d’énergie excessive arrivent en troisième position des constats négatifs des ménages concernant le télétravail, après le manque d’espace et la difficulté à s’isoler.

 

Jérémy Leduc

Photo de Une : AdobeStock

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