ConnexionS'abonner
Fermer

Rénover l'enveloppe du bâtiment : la solution pour atteindre la neutralité carbone ?

Publié le 03 mars 2023

Partager : 

Le groupe de travail sur la qualité de l’enveloppe du bâtiment (GTQE) met à jour les enjeux actuels de la construction neuve et de la rénovation en matière d'isolation de l'enveloppe du bâtiment dans la nouvelle édition de son livre blanc. Au programme : l'importance d'une isolation optimale de l'enveloppe du bâtiment pour réduire les consommations d'énergie et les émissions de gaz à effet de serre, et plusieurs mesures pour accélérer la rénovation énergétique des bâtiments.
Rénover l'enveloppe du bâtiment : la solution pour atteindre la neutralité carbone ? - Batiweb

Le groupe de travail sur la qualité de l’enveloppe du bâtiment (GTQE), animé par le Pôle de compétitivité Fibres-Énergivie, publie une nouvelle édition de son livre blanc, cinq ans après la première.

Cette nouvelle édition de 40 pages met à jour les enjeux actuels de la construction neuve et de la rénovation, en matière d'isolation de l'enveloppe du bâtiment. 

« Décarboner les bâtiments est d’autant plus urgent que la situation internationale actuelle a mis en exergue les limites de nos modèles - dépendant de l’énergie étrangère - et amplifié la précarité énergétique. Des mesures structurelles fortes sont plus que jamais attendues. Malheureusement, les dernières tentatives législatives et réglementaires n’ont pas permis d’enclencher une véritable dynamique », introduit Philippe Boussemart, membre du groupe de travail, et directeur général de Sto France. 

 

Un plan choc d’éradication des passoires thermiques d’ici 2034 ?

 

40 % de la consommation d'énergie de l'Union européenne provient des bâtiments, et 36 % des émissions de gaz à effet de serre sont liées à l'énergie. Selon le GQTE, une rénovation complète des bâtiments résidentiels de l'UE entraînerait une réduction de 44 % de la demande d'énergie pour le chauffage des bâtiments, soit une économie de 777 TWh.

Pour y parvenir, la priorité doit être donnée à la rénovation de l’enveloppe et à sa performance. Dans ce contexte, le groupe de travail émet plusieurs recommandations. 

La première consiste en l’adoption d’un plan choc d’éradication définitive des passoires thermiques avant 2034. Pour cela, il faudrait atteindre 500 000 rénovations globales et performantes par an. Pour Philippe Boussemart, il est également nécessaire « de stopper le saupoudrage des aides, et de les concentrer sur ce plan pour bénéficier d’un retour sur investissement significatif ». Enfin, il est proposé de mettre en place des zones expérimentales prioritaires à partir de 2023, pour valider la performance énergétique et économique en associant l’État, les collectivités, les bailleurs, les maîtres d’oeuvre, et les opérateurs de rénovation énergétique.

La deuxième mesure proposée est la création d’une Prime Travaux Combinés (PTC) instaurant les étapes et l’ordre à respecter pour atteindre le niveau de performance BBC en résidentiel privé (individuel ou collectif). Il est également préconisé de respecter la programmation des travaux.

La troisième recommandation vise à mettre en œuvre un plan de développement et de formation d’une filière « Rénovation Énergétique Performante » associant industriels, applicateurs, opérateurs de formation, collectivités, et l’État, qui garantirait la qualité des travaux et la performance des ouvrages. 

Par ailleurs, le GTQE insiste sur la nécessité d'assurer des performances thermiques réelles des bâtiments, notamment en introduisant une garantie de résultats grâce au commissionnement. « Cela permettrait une vérification systématique et complète de la performance thermique de la réalisation, tant au niveau de l'enveloppe du bâtiment que des équipements techniques », indique David Corgier, membre du groupe de travail, et directeur général du cabinet d’ingénierie Manaslu. 

Enfin, le groupe de travail préconise de rendre la construction neuve compatible avec la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC), en renforçant, entre autres, les exigences de l’indicateur Bbio de 10 % à chaque étape de la RE2020, et en faisant évoluer les méthodes de calcul théoriques. 

 

L’impact sur la qualité de l’air intérieur… et sur la santé des Français

 

Ce livre blanc met également en lumière d'autres problématiques récurrentes liées à des bâtiments peu ou mal isolés, comme la qualité de l'air intérieur (QAI)

Le GTQE rappelle que les bâtiments mal isolés peuvent créer une température de surface inférieure au point de rosée de l'air, et produire de l'humidité, ce qui engendre le développement de moisissures. De plus, l'Observatoire de la qualité de l'air intérieur estime que les Français passent 84 % de leur temps à l'intérieur, et qu'une mauvaise QAI est à l'origine de pas moins de 20 000 décès annuels. 

Un constat partagé par l’OMS, qui confirme que « les problèmes liés à la qualité de l’air intérieur des bâtiments sont reconnus comme un important facteur de risque pour la santé humaine ».

« Malgré la mobilisation de nombreux acteurs du secteur, la nouvelle réglementation souffre d’une stagnation des niveaux d’exigences sur les ponts thermiques », explique Raphael Kieffer, membre du groupe de travail, et directeur général chez Schöck France. « Cela signifie qu’elle permet de continuer à construire des bâtiments isolés par l’extérieur, en négligeant de traiter la plus grosse déperdition énergétique qui est celle au droit des balcons/loggias et acrotères ». 

Les bâtiments peu ou mal isolés, sans traitement de ponts thermiques, ont un impact sur la qualité de l'air intérieur et, par conséquent, sur la santé des occupants. Ainsi, pour atteindre l'objectif de neutralité carbone en 2050 fixé par l'Union européenne, « il est donc crucial de donner la priorité à la rénovation de l'enveloppe et à sa performance », insiste Raphael Kieffer, en tenant compte de la qualité de l'air intérieur et des économies d'énergie.

 

Marie Gérald 

Photo de une : ©Pôle de compétitivité Fibres-Energivie

Sur le même sujet

bloqueur de pub détecté sur votre navigateur

Les articles et les contenus de Batiweb sont rédigés par des journalistes et rédacteurs spécialisés. La publicité est une source de revenus essentielle pour nous permettre de vous proposer du contenu de qualité et accessible gratuitement. Merci pour votre compréhension.