Quand la Bretagne gagne le salon Artibat 2025
Publié le 24 octobre 2025, mis à jour le 24 octobre 2025 à 16h56, par Virginie Kroun

Né en 1988, Artibat est organisé au Parc des expositions de Rennes. Pour cette édition 2025, nous revoilà en territoire breton pour rencontrer les exposants bretons du salon.
Ouvêo revient aux menuiseries fines
Cap sur Ouvêo Bretagne, fabricant de menuiseries basé à Plélan-le-Petit (Côtes d’Armor). Fondée dans les années 50, l’industriel a vu les cadres de ses produits s’épaissir.
«On est passé de 36 mm à 56 mm vers les années 2000, car on a commencé à intégrer du double vitrage. Les menuiseries ont commencé à être plus innovantes et plus rassurantes en termes de performance », nous restitue Richard Meleuc, directeur général d’Ouvêo Bretagne. Le tout pour atteindre les 62 mm que l’on décèle dans sa collection de base, voire 100 mm sur du triple vitrage.
Si elles sont plus performantes, ces menuiseries consomment beaucoup de matière. Un problème que tend à pallier Air’O, la nouvelle fenêtre bois d’Ouvêo. Pourquoi ce nom ? D’abord car la solution se veut légère comme l’air, avec son double vitrage sous vide de 8 mm et 50 % de matières par rapport à une fenêtre traditionnelle. Aussi car elle tend à mieux oxygéner les espaces, avec un angle d’ouverture du vantail à 180°C, selon la marque.
Son cadre mise sur la conductivité thermique, grâce au recours à l’acoya, bois de classe 5, contre les menuiseries extérieures habituellement de classe 3. Toutefois, est-ce qu’utiliser cette essence de bois néozélandaise n’alourdirait pas le poids carbone d’Air’O ? M. Leuheuc nous loue un faible temps de pousse, 30 ans contre 100 ans pour les bois exotiques. Et de préciser que l’acoya est recyclable, procédé qu’intègre l’industriel dans sa production.
Mais surtout, l’Air’O veut répondre aux enjeux de rénovation du bâti ancien. Au total, la fenêtre atteint 48 mm d’épaisseur pour une performance thermique de 0,7, contre 1 pour le triple vitrage. Ce qui évite un casse-tête lors du remplacement d’anciennes menuiseries. En particulier dans les maisons en chaume, en bord de mer ou en granit, sur la terre natale d’Ouvêo.
« En Bretagne, quand on dit rénovation, on va arracher l'ancienne fenêtre qui est en place. On démolit tout pour mieux construire », nous confie son directeur général. Si le modèle d’exposition à Artibat d’Air’O montre des lignes basiques et épurées, Ouvêo espère développer différents formats qui réjouiront les Architectes des Bâtiments de France (ABF). Pourquoi pas des fenêtres à « gueule de loup traditionnelle qu'on retrouve dans les maisons de cachet », nous évoque M. Leuheuc.
Brocéliande Digital sensibilise les entreprises bretonnes
L’entreprise Brocéliande Digital n’est pas aussi vieille que la forêt éponyme, mais opère depuis 35 ans en Ille-et-Vilaine et dans le Morbihan. Sa mission : accompagner la transition numérique des TPE et PME, notamment du bâtiment.
« Notre métier, c'est de déployer des logiciels qui vont les accompagner dans leur gestion administrative. C'est de la facturation, c'est de la comptabilité, c'est de la paie. (…) On est partenaire du logiciel historique Batigest », développe Yann Kergoat, directeur adjoint de la société, habituée depuis une bonne dizaine d’années du salon Artibat.
Pour Artibat 2025, Brocéliande exposera son offre sur deux axes. D’abord la facturation électronique, qui doit se généraliser sur toutes les entreprises françaises dès septembre 2026, à travers une plateforme numérique agréée. La présence Brocéliande Digital à Artibat vise à expliquer les tenants et aboutissants de cette nouvelle réglementation et de présenter des logiciels éprouvés.

Autre cheval de bataille : la cybersécurité. Car « qui dit équipement informatique, qui dit digitalisation des papiers, dit forcément activité numérique et Internet multiplié. Et les chefs d'entreprise, aujourd'hui, ne sont pas suffisamment conscients des risques qu'ils encourent. Ils ont l'impression que la cybersécurité, c'est pour les grosses entreprises et que ça coûte super cher. Or, ce n'est carrément pas le cas », affirme M. Kergoat.
« S’ils perdent leurs données, parce qu'ils ont fait une mauvaise manipulation, parce qu'ils n'ont pas été protégés, ce n'est pas juste des données qu'ils perdent, c'est 15 ans d'activité », insiste-t-il. Brocéliande Digital s’est tenu disponible pour sensibiliser aux gestes simples pour limiter les risques de piratage (mot de passe, sauvegarde extérieure…).
Le salon permet également à l’entreprise d’affirmer ses liens avec le tissu entrepreneurial breton. Tissu dont l’activité bâtiment était dans le vert à juillet 2025, à en croire la dernière conjoncture de la FFB Bretagne révélée par Bretagne Économique. Ce qui ne suprend pas Yann Kergoat, qui dépeint à l’échelle régionale une dynamique « économique extrêmement vivace », dopée par le tourisme, l’agroalimentaire voire l’IT. Sans compter des mouvements démographiques et un bon pouvoir d’achat fort, favorisant l’achat de maisons et ainsi des commandes de chantiers.
La formation continue promue par Bâtiment CFA Bretagne
Bâtiment CFA Bretagne est une association régionale, rassemblant quatre établissements pour un peu plus de 3500 apprenants, du CAP jusqu’au BTS. « Autour de 75 % d'apprenants suivent le parcours classique, c'est-à-dire le CAP en deux ans, puis le brevet professionnel, voire le bac pro, etc. », nous détaille Marc Bougeard, directeur du campus de Montgermont (Ille-et-Vilaine).
« Mais on a une population qui, là, se développe et qui représente très peu. On a de plus en plus d'adultes ou de jeunes adultes qui viennent suivre des parcours chez nous en accéléré, de type CAP en un an, parce qu'ils ont déjà un parcours antérieur qui leur permet d'avoir une réduction de durée de formation », souligne-t-il.
Si tous les corps d’état sont abordés dans le réseau de formation, M. Bougeard relève un intérêt pour « les nouveaux produits, les nouvelles technologies » et une forte reconversion dans la rénovation énergétique. Un secteur porteur bien que déstabilisé par l’instabilité politique et budgétaire. À l’échelle du campus de Montgermont, une formation chargée d’affaires en rénovation énergétique est proposée, financée par le conseil régional de Bretagne, dans le cadre du dispositif Qualif Emploi.

Sur Artibat, CFA Bâtiment Bretagne veut développer l’attractivité des métiers. Notamment dans la maçonnerie, la métallerie voire la couverture, bien que, sur ce dernier métier, les effectifs d’apprenants ont grossi de 15 % sur deux ans, au campus de Montgermont. Situé dans le hall consacré aux métiers de l’électricité et de la plomberie, le stand de la structure a notamment attiré des jeunes apprentis dans ces domaines.

Mais l’enjeu phare de l’association bretonne sur le salon, c’est la formation continue des salariés d’entreprise, pour une évolution de leurs compétences au rythme des DTU. Une offre préexistait déjà, mais fait l’objet d’une structuration depuis un an, grâce à des ressources humaines mais aussi le développement de plateaux techniques.
« Les compétences qu'on a en interne nous permettent, par exemple à Saint-Grégoire [en Ille-et-Vilaine], de nous positionner sur des formations réglementaires pour proposer des attestations de capacité sur les fluides frigorigènes », illustre Marc Bougeard. Un espace similaire pour l’installation de panneaux photovoltaïques est également en chantier.
Toute une offre pédagogique fièrement affichée sur Artibat. Et c’est un succès d’après Noémie Orain, chargée de développement formation continue au sein de Bâtiment CFA Bretagne. « Il y a plus d’entreprises que de jeunes » parmi les visiteurs, nous indique-t-elle sur place.
L’événement permet également à la structure « d'écouter et de recenser peut-être d'éventuels nouveaux besoins », selon M. Bougeard.
Propos recueillis par Virginie Kroun



















