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QAI en hôpital : des solutions haute technologie protègent patients et soignants

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Publié le 15 décembre 2025, mis à jour le 15 décembre 2025 à 10h18, par Nils Buchsbaum


Dans les hôpitaux, la qualité de l’air est vitale pour les patients et le personnel. Des entreprises proposent des solutions haute technologie pour filtrer, décontaminer et sécuriser l’air des environnements les plus sensibles.
La solution HEPA Guardian en salle de réveil - ©airinspace
La solution HEPA Guardian en salle de réveil - ©airinspace

Aujourd’hui, plus de 80 % de notre temps s’écoule dans des espaces clos, domiciles, bureaux, transports, salles de sport, etc., où l’air peut être jusqu’à dix fois plus pollué qu’en extérieur. À l’intérieur, nous sommes exposés à une multitude de polluants volatils et de micro-organismes, notamment les moisissures mais aussi des agents chimiques ou biologiques émis par les occupants, les matériaux du bâtiment, le mobilier, les objets du quotidien ou encore provenant de l’extérieur. 

La qualité de l’air intérieur (QAI) est donc un enjeu essentiel de la salubrité de nos espaces de vie, un enjeu de santé publique, d'autant plus depuis la crise Covid-19. Elle repose sur plusieurs facteurs déterminants : un faible niveau de polluants, un renouvellement d’air efficace, des conditions optimales de températures et d’humidité extérieur.

Produits chimiques, micro-organismes : des sources multiples de pollution

 

Mais dans les hôpitaux, la qualité de l’air est un défi vital. « Les polluants présents dans l'air peuvent avoir une influence sur la rapidité du processus de guérison », explique Arnaud Florentin, maître de Conférences des Universités – Praticien Hospitalier (MCUPH) à l'Université de Lorraine, expert en hygiène et gestion du risque infectieux. 

Dans les couloirs de l’hôpital ou les différents espaces de soins, la qualité de l’air peut être affectée par de nombreuses sources de pollution. Les traitements, les médicaments et les produits de désinfection libèrent des substances chimiques qui se diffusent dans l’atmosphère intérieure. À cela s’ajoutent les micro-organismes — bactéries, virus, moisissures — susceptibles de se propager dans l’air ambiant.

Améliorer la qualité de l’air des établissements de santé réduit les risques d’infections mais cela ne concerne pas seulement les patients. « Les hôpitaux sont des lieux de passage, le personnel de santé et d'entretien mais aussi les visiteurs peuvent subir les conséquences d'une mauvaise qualité de l'air », rappelle Arnaud Florentin.

En 2018, il a contribué à la première étude consacrée à la qualité de l’air dans les établissement hospitaliers (QAIHOSP), un projet soutenu par l’Ademe et mené avec plusieurs universités pour mieux orienter les stratégies de prévention. Les mesures ont été réalisées dans deux établissements, à Rennes et à Nancy. Les résultats se sont révélés rassurants, la qualité de l’air intérieur était bonne et les niveaux de contamination respectaient les valeurs limites établies par l’Anses et l’OMS. Cette performance s’explique notamment par la présence de systèmes de ventilation double-flux assurant un renouvellement d’air important.

Des systèmes de ventilation hospitaliers très encadrés

 

« Les centrales traitement d’air (CTA) en milieu hospitalier reposent sur un principe de renouvellement constant de l’air afin de limiter les risques de contamination », développe l’hygiéniste Arnaud Florentin. « Dans les services de soins généraux, l’air provenant de l’extérieur circule en "tout air neuf", l’air vicié est aspiré par des bouches généralement placée dans les sanitaires, puis rejeté à l’extérieur. »

L’air insufflé dans les services de soins est systématiquement filtré afin de garantir une qualité microbiologique irréprochable. Les blocs opératoires, zones parmi les plus sensibles, bénéficient de systèmes encore plus exigeants, capables d’éliminer virus et bactéries grâce à une filtration très performante et à un taux de renouvellement d’air exceptionnellement élevé.

Ces dispositifs répondent à un ensemble de normes internationales et françaises intégrées dès la conception ou la rénovation des bâtiments.

Pour répondre à ces standards, les hôpitaux s’appuient sur des appels d’offres ou sur des centrales d’achats agréées, afin de sélectionner des entreprises capables de fournir des équipements de haute qualité.

La société suédoise Camfil fait partie de ces acteurs. Elle développe notamment des filtres en fibre de verre destinés à traiter les particules. « Dans les hôpitaux, la filtration est progressive, des particules les plus grosses (PM10) aux plus fines (0,1 à 0,3 micromètres) en salle d'opération », explique Stéphane Galopin, responsable produits et innovations chez Camfil.

Filtration haute performance dans les blocs opératoires

 

Présente en France avec 450 collaborateurs, trois sites de production et un laboratoire de test, Camfil met en avant la certification rigoureuse de ses filtres les plus avancés. « Les filtres Très Haute Efficacité constituent le dernier étage de la chaîne de filtration et sont essentiels dans les blocs opératoires. Souvent positionnés au-dessus de la table d'opération, ces filtres sont certifiés individuellement par notre usine conformément aux normes en vigueur (ISO 29463 et ISO 16644-1) », souligne encore Stéphane Galopin.

Filtres de la marque Camfil - Camfil
Filtres de la marque Camfil - ©Camfil

« Les plafonds filtrants installés dans les blocs opératoires peuvent recevoir nos filtres Très Haute Efficacité, permettant d'obtenir des flux d'air unidirectionnels. Ces flux garantissent une vitesse constante de l'air du plafond au sol dans les zones critiques », précise-t-il. La filtration de l’air s’effectue à trois niveaux complémentaires : au soufflage, à la reprise et au rejet vers l’extérieur, garantissant une protection continue dans les environnements hospitaliers les plus critiques. 

En complément des réseau de traitement de l’air, des purificateurs d’air mobiles sont installés dans les « salles classées » qui accueillent les patients les plus à risque.

Purificateurs mobiles : une réponse pour les services les plus sensibles

 

« Dans des services spécifiques comme l’hématologie, les unités de greffe ou la réanimation, il faut absolument protéger les patients du risque infectieux et lorsque la centrale de traitement d’air en place n’est pas assez puissante, nos produits peuvent être utilisés en complément. Quand il s’agit de mettre une chambre standard en conformité, nos technologies permettent aussi d’atteindre la qualité de l’air requise », expose Isabelle Vezole, directrice marketing d’airinspace, une entreprise française spécialisée dans la conception et la fabrication d'unités mobiles de traitement d'air pour les environnements sensibles, principalement les établissements de santé.

Dans les hôpitaux, le choix d’un purificateur d’air dépend moins de sa taille que du volume qu’il peut traiter. « Ce qui est important c’est le nombre de fois où l’air de la pièce va passer dans la machine pour être décontaminé », explique Isabelle Vezole. Proposé par airinspace, le modèle Guardian peut faire penser à un réfrigérateur américain avec ses deux mètres de haut et ses 190 kilos. Capable de traiter 2 500 m³ d’air par heure, il est pensé pour les grands espaces comme les blocs opératoires. Le Sentinel, une version intermédiaire de 1,20 mètre et 70 kilos, débitant 1 200 m³/h, est, lui, plutôt destinée aux chambres de patients particulièrement immunodéprimés, en hématologie ou en réanimation. Ces machines fonctionnent en « plug and play », se branchent sur secteur et ne nécessitent aucun raccordement supplémentaire.

La solution HEPA Guardian en salle d'attente patient - airinspace
La solution HEPA Guardian en salle d'attente patient - ©airinspace

L’air est aspiré par le bas de la machine le bas et rejeté par le haut, créant un flux circulaire qui traite l’ensemble du volume de la pièce. Parmi les atouts majeurs vantés chez les produits airinspace, leur faible niveau sonore, inférieur à 40 dB et conforme à la norme française 90-351, propose un confort bienvenu pour les patients hospitalisés sur de longues périodes. « Un patient qui a reçu une greffe de moelle, par exemple, va rester 4 semaines potentiellement avec une machine dans sa chambre jour et nuit, et il n'est évidemment pas question que cette machine l'empêche de se reposer, l'empêche de dormir. On développe donc nos technologies pour que nos machines soient les plus silencieuses possible », explique Isabelle Vezole.

L’installation et les réglages initiaux sont pris en charge par les techniciens d’airinspace, qui assurent également la formation du personnel médical qui devra utiliser les purificateurs. Le positionnement de la machine, déterminé en tenant compte de la configuration de la chambre — lit, porte, bouches d’aération — est crucial pour garantir son efficacité. Cette décision se prend de manière collégiale, associant les techniciens d’airinspace, le service médical, l’équipe d’hygiène ainsi que les services techniques et biomédicaux, et une fois installée, la machine doit rester en place.

La solution HEPA Guardian en bloc opératoire - airinspace
La solution HEPA Guardian en bloc opératoire - ©airinspace

Protéger aussi les procédures médicales sensibles

 

Outre les patients, ce sont les processus scientifiques et médicaux qui doivent aussi être préservés. « Dans les laboratoires de fécondation in vitro, tout ce qui touche à la chimie peut compromettre le rendement de la procédure, depuis la récolte des gamètes jusqu’à la mère. Cela met en péril les cellules et toutes les étapes de la fécondation. Nos machines servent aussi dans ces salles-là » développe Isabelle Vezole.

Les produits airinspace, labellisés « Origine France Garantie », s’exportent dans une cinquantaine de pays, de l’Europe au Moyen-Orient, en passant par l’Asie et l’Amérique du Sud. Conçues pour durer huit ans, ces machines voient leur durée de vie prolongée grâce à la disponibilité des pièces détachées pendant huit années supplémentaires, soit un total d’environ 15 ans. L’entreprise propose aussi des contrats de maintenance ou forme le personnel biomédical et technique des hôpitaux pour, qu’il puisse entretenir les appareils en autonomie. L’entreprise, créé il y 20 ans, a vendu environ 10 000 machines.

Au-delà des hôpitaux, la qualité de l’air pose des enjeux pour tous les espaces où nous passons la majeure partie de notre temps, des bureaux aux transports. Les technologies conçues pour les environnements sensibles des établissements de santé peuvent aussi inspirer des solutions pour le domicile ou le travail, et ainsi redéfinir notre maîtrise de l’air intérieur dans notre vie quotidienne.

 

Par Nils Buchsbaum

Nils Buchsbaum
Journaliste - Batiweb

Nils Buchsbaum est journaliste à la rédaction de Batiweb. Il suit l’actualité du BTP, de l’urbanisme et de la construction durable, avec une attention particulière portée à la prévention des risques, aux enjeux environnementaux et aux évolutions législatives.

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