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Accessibilité des logements : les ascenseurs à la traîne, mais plus pour longtemps ?

Publié le 19 décembre 2023

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La question de l’accessibilité des logements semble enfin être prise au sérieux par le gouvernement et les acteurs concernés. L’entrée en vigueur du dispositif d’aide MaPrimeAdapt’ en janvier devrait accélérer davantage les travaux d’adaptabilité. Les ascenseurs, dispositifs encore trop peu déployés dans le pays, vont-ils pouvoir bénéficier de cette dynamique ? Quelles sont les causes de ces retards, et comment les combler ? Explications avec Alain Meslier, délégué général de la Fédération des Ascenseurs.
Accessibilité des logements : les ascenseurs à la traîne, mais plus pour longtemps ? - Batiweb

Alors que la population française vieillit, des millions de concitoyens sont concernés par l'adaptation de leur logement. Le challenge est à la hauteur de l’enjeu pour le gouvernement et pour tous les acteurs concernés. Les choses semblent commencer à bouger, en témoigne l’arrivée imminente de MaPrimeAdapt’ au 1er janvier 2024. Ce dispositif d’aide permettra le financement de travaux d’adaptation du logement pour les personnes âgées et celles en situation de handicap.

 

L’ascenseur en panne de vitesse de déploiement

 

En France, on compte 8 ascenseurs pour 1 000 habitants, contrairement à l’Espagne, où l'on dénombre 23 ascenseurs pour le même nombre d’habitants. Ce retard accusé par la France par rapport à son voisin espagnol s’explique par une métropolisation tardive en Espagne, qui s’est déroulée dans les années 1950-1960. La métropolisation de la France a eu lieu dans les années 1920 environ. À cette époque, l’ascenseur était considéré comme un produit de luxe.

Il a fallu attendre les années 1960-1970 pour que l’ascenseur se popularise enfin, même si la métropolisation de la France n’est pas la seule explication pour justifier le faible déploiement d’ascenseurs dans le pays. Notre pays semble également manquer de solidarité, comme l’explique M. Meslier : « En France, on attend les lois avant de faire. Notre pays aime la contrainte, la loi, le règlement… En Espagne, dans les copropriétés, lorsqu’une personne âgée ou en situation de handicap arrive, on ne se pose pas la question de savoir si la loi impose de faire des travaux ou non. S’il y a un besoin d’ascenseur, on en installe un ».

 

Un vaste terrain de jeu pour l’installation et la rénovation d’ascenseurs

 

Le terrain de jeu semble vaste pour la Fédération des Ascenseurs, puisque 50 % des bâtiments collectifs ne sont pas équipés par ce type d’appareils. Mais Alain Meslier le concède, concernant l’existant, les travaux risquent d’être conséquents : « Il y a encore de la place pour équiper les bâtiments qui n’en sont pas équipés. Pour les escaliers tournants, il faut trouver de la place dans le vide d’escalier. Il peut aussi être possible d’exploiter l’espace de l’ancienne colonne de vide ordure qui a été abandonnée, ou encore rogner sur la cour intérieure… ».

La loi ELAN de 2019, qui impose l’obligation d’ascenseurs dans les immeubles en R+3, devra également montrer les effets positifs qu’elle peut avoir sur l’installation de tels dispositifs. Pour le moment, cette loi n’a pas encore eu de réel impact, comme le souligne Alain Meslier : « Juste après la sortie de la loi, le Covid a porté un gros coup à la construction immobilière. Puis est arrivée la crise immobilière d’aujourd’hui, que l’on connaît bien, et qui a fortement impacté le marché, avec 30 à 40 % de projets immobiliers en moins cette année, par rapport à l’année dernière ».

Pour mieux prévenir la perte d’autonomie et offrir un meilleur confort de vie aux personnes âgées et en situation de handicap, il ne s’agit pas seulement d’installer de nouveaux ascenseurs. Il est également primordial de s’occuper de la rénovation du parc existant. Sur les 640 000 ascenseurs en France, 25 % d’entre eux ont plus de 40 ans.

 

Une volonté de démocratisation de l’ascenseur

 

Avec l’entrée en vigueur imminente de MaPrimeAdapt’, et cette prise de conscience progressive du besoin d’adaptation et d'accessibilité des logements, il pourrait être pertinent d’obtenir des objectifs chiffrés. Cela ne semble pas être l’optique de la fédération, comme nous l’explique Alain Meslier : « On essaie surtout de faire déverrouiller les freins, qu’ils soient réglementaires, financiers ou d’ordre psychologique, de manière à ce que l’on comprenne que l’ascenseur n’est pas si cher que ça, et que ça n’est pas si compliqué que ça ».

« Nous ce que l’on souhaite, c’est d’aider les Français à pouvoir initier des travaux de mise en accessibilité et/ou de rénovation du parc existant », ajoute le délégué général de la fédération.

Aujourd’hui, ce sont entre 12 000 et 15 000 unités qui sont installées tous les ans, que ce soit dans le logement ou le tertiaire. Un nombre qui n’évolue plus depuis 10 ans. Le rendez-vous est pris pour fin 2024, afin de voir si la tendance restera la même, ou si, pour la première fois en une décennie, le nombre d’unités installées augmentera.

 

> Consulter le dossier spécial Bien vieillir chez soi

 

Jérémy Leduc

Photo de une : Adobe Stock

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