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Marseille : prison ferme pour un ex-boucher devenu marchand de sommeil

Publié le 13 mai 2025

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En procès depuis mars, Raphaël Zennou et son épouse ont été condamnés à de la prison ferme, des amendes et l’interdiction d’exercer dans le domaine immobilier. Le couple a acquis une soixantaine de logements, loués dans des conditions insalubres à des occupants vulnérables .
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Raphaël Zennou, 85 ans, a été condamné le 12 mai à quatre ans de prison, dont trois avec sursis selon France Bleu.

L’octogénaire est jugé depuis mars par le tribunal correctionnel de Marseille pour pratiques abusives, à travers la location d’appartements insalubres ou dangereux.

L’ancien boucher-charcutier, devenu multi-propriétaire dans le coeur populaire de Marseille, purgera son année de détention ferme sous bracelet électronique. Le tout rehaussé d’une amende de 50 000 euros et de deux interdictions : celle d’exercer toute activité immobilière pendant cinq ans et celle d’acheter des biens dédiés à l’hébergement pendant cinq ans.

En parallèle, l’épouse de M. Zennou est condamnée à trois ans de prison avec sursis probatoire, une amende de 25 000 euros, et aux mêmes interdictions que son mari. L’intéressée exerçait au poste de comptable au sein des deux sociétés familiales immobilières du couple. Les prévenus doivent également verser plus de 70 000 euros de dommages et intérêts à huit locataires.

Les SCI écopent respectivement d’une amende de 200 000 et 50 000 euros. Le tribunal a de plus prononcé la confiscation des sommes d'argent saisies - plus de 68 000 euros - et de nombreux biens immobiliers, représentant un million d'euros au total.

« Ce sont de nouveaux alchimistes, ils prennent la pierre en péril et la transforment en or »

 

Le couple avait acheté une soixantaine d’appartements depuis les années 1990, dont des immeubles entiers, et notamment le quartier marseillais de Noailles.

Durant le procès, la présidente a identifié un fonctionnement basé sur la division des lots pour une rentabilité maximum, la sélection de locataires vulnérables et bénéficiaires d’aides au logement versés par la Caisse d'allocations familiales et des travaux superficiels lorsqu’il y avait arrêté de péril ou d’insalubrité.

Sans compter les baux lacunaires, la superficie majorée, les chantiers mis à la charge des locataires ainsi que des cautions jamais restituées. Le « système Zennou » - pour reprendre les termes de l’AFP - misait aussi sur la menace (expulsions abusives, etc.).

En témoignait lors des débats de mars une occupante, dont le bébé « était arrivé dans l'humidité, dans les rats, dans l'insalubrité, et ça a duré pendant quatre ans ».

Le procureur voit également un patrimoine façonné avec l'argent de la solidarité nationale. « À Noailles, un des quartiers les plus pauvres de France, ce sont de nouveaux alchimistes, ils prennent la pierre en péril et la transforment en or », fustigé le magistrat.

Un nouvel épisode dans la cité phocéenne, devenu un triste symbole de l'habitat indigne

Par Virginie Kroun
Photo de Une : Adobe Stock

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