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24h du bâtiment : comment débloquer les tensions de recrutement ?

Publié le 24 novembre 2022

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On le sait, le BTP est un secteur en tension de recrutement. À l’occasion des 24h du bâtiment, le ministre du Travail, du Plein emploi et de l’Insertion, Olivier Dussopt, a évoqué les récentes réformes et projets législatifs visant à encourager à l’embauche. Parmi les axes explorés : le changement des règles d’accès à l’indemnité chômage et l’assouplissement des conditions de séjour pour les travailleurs immigrés.
24h du bâtiment : comment débloquer les tensions de recrutement ? - Batiweb

Alors que le bâtiment fait partie des secteurs où les tensions de recrutement sont les plus prononcées, quelles solutions sont envisagées à l’échelle gouvernementale ? Telle était la question à laquelle Olivier Dussopt, ministre du Travail, du Plein emploi et l’Insertion, répondait à l’occasion des 24h du bâtiment, organisées par la Fédération Française du Bâtiment. 

« C’est une véritable difficulté, voire une forme de paradoxe que l’on rencontre. Nous avons un chômage qui baisse, ce qui est une bonne nouvelle. Nous sommes passés de 9,5 % à 9,3 % de chômage, et ce troisième trimestre s’est caractérisé à nouveau par la création de plus de 84 000 emplois dans le secteur privé », relève l’intéressé. 

Parmi les mesures à court-terme, le ministre évoque des recherches, par les agences Pôle Emploi, de profils préqualifiés pour des postes en tension. Aussi, il y a la formation massive, depuis octobre 2021, à ces viviers d’emploi, concernant 390 000 demandeurs d’emploi, dont 156 000 demandeurs de très longue durée.

 

Changer les règles d’accès à l’indemnité chômage

 

« Puis il y a des choses qu’on peut faire pour changer les règles. Pas plus tard qu’hier [jeudi 17 novembre, NDLR] , le Sénat a adopté de manière définitive la première loi sur la réforme du marché du travail. Et nous modifions les règles de l’indemnisation chômage (…) Globalement, nous avons un principe : quand les choses vont bien et que l’économie crée de l’emploi, le système d’assurance chômage doit être plus dur, un peu plus incitatif », souligne Olivier Dussopt. 

La réforme législative cible en premier lieux certains comportements. « Beaucoup de chefs d’entreprises nous le disent, sont confrontés à des abandons de poste. Et donc ce que nous avons fait dans cette loi, c’est que désormais les abandons de poste sont considérés comme des démissions. C’est-à-dire que l’accès à l’indemnité sera dans les mêmes conditions que la démission », expose notamment le ministre du Travail, du Plein emploi et l’Insertion. 

Mais qu’en est-il des refus de CDI à l’issue d’un CDD ou d’un contrat d’intérim. « À l’occasion de l’examen du texte que j’évoquais à l’instant, nous avons des discussions avec les parlementaires, les députés et les sénateurs. Et ce problème de refus de CDI à l’issue d’un CDD ou d’intérim, est revenu. Et donc, ce que nous avons arrêté comme règle, c’est de dire que lorsqu’un salarié refuse deux CDI, la même année, à l’issue de CDD ou l’arrêt d’intérim, des CDI aux mêmes conditions de rémunération, de travail, que la mission exercée, il n’y a pas accès à l’indemnité Unediq », répond Olivier Dussopt.

 

Débloquer les conditions de titre de séjour pour les travailleurs étrangers

 

Le président de la République, comme le ministre du Travail, le confirment durant ces 24h du bâtiment : le soutien à l’apprentissage et à l’alternance est un levier important pour le BTP et autres secteurs en pénuries de main d’oeuvre. Ce qui justifie les 10 milliards d’euros actionnés à ce poste, tout comme la transmission des compétences et savoirs de base. « Et parfois les savoirs de base, c’est l’apprentissage du français. Parce que dans les nouveaux publics, on a aussi les primo-arrivants, on a les personnes qui sont réfugiées et migrants et qui s’installent sur le territoire », note Olivier Dussopt, selon qui le recours à ce type de formation a progressé de 30 %. 

Face à ce constat, le ministre, ainsi que Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, travaillent à l’amélioration des conditions d’attribution de titres de séjour pour ces travailleurs dans les secteurs en tension.

« Ceux qui sont en situation régulière, il n’y a pas de difficultés, ce sont titres de séjour, ils peuvent être renouvelés », explique Olivier Dussopt, qui veut toutefois faciliter les processus de renouvellement. L’idée ? Permettre aux travailleurs ayant un titre de séjour pour motif professionnel, et qui systématiquement à un changement de poste, doivent demander une autorisation administrative avant de signer le contrat de travail, bénéficient d’une validité d’autorisation de travail sur la durée du titre du séjour. « Cela fera moins de procédures en préfecture et facilitera l’embauche », commente le ministre. 

Côté travailleurs en situation irrégulière, « on imagine que c’est toujours du travail dissimulé. Ça peut être le cas, et parfois ça peut être des situations dramatiques humainement. Mais très souvent les personnes qui sont en situation irrégulière, ne sont pas entrées irrégulièrement sur le territoire. Elles sont entrées régulièrement et c’est leur titre de séjour qui n’a pas été renouvelé », relève Olivier Dussopt.

Le ministre poursuit : « On a une circulaire depuis 2012 qu’on appelle la circulaire qui autorise les admissions exceptionnels au séjour. Mais ces admissions exceptionnelles au séjour sont liées à des formalités extrêmement lourdes. Nous ce qu’on veut avec Gérald Darmanin, c'est que ces hommes et ces femmes, qui travaillent dans des métiers en tension puissent dire « Je suis là depuis un certain temps. Je travaille dans un secteur en tension, je souhaite être régularisé », pour qu’on puisse leur donner titre de séjour professionnel. Ce sont des titres de séjour d’un an, renouvelables, et qui permettent de garantir leur présence sur le territoire et qui même temps vont faciliter l’emploi et sécuriser la situation des employeurs ».

 

Virginie Kroun

Photo de Une : V.K

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