Un PLF 2026 compris par la CAPEB et la FNTP, mais pas en dépit du BTP

Le 15 juillet au soir, le Premier ministre François Bayrou a dévoilé les mesures prévues dans le cadre du projet de loi de finances 2026 - hors défense et charge de la dette - pour réduire le déficit public. L'objectif : parvenir à 43,8 milliards d'euros d'économies.
Pour Matignon, « tout le monde » va « devoir participer à l’effort ».
Pas de redressement au détriment des artisans du bâtiment
Un constat partagé avec la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (CAPEB).
En revanche, « l’activité économique et le travail ne doivent pas être pénalisés, mais au contraire préservés et encouragés, en particulier pour les très petites entreprises artisanales du bâtiment qui constituent un pilier de l’économie locale, de l’emploi et de la transition écologique », défend l’organisation.
Elle s’engagera toutefois avec l'Union des Entreprises de Proximité (U2P) dans deux chantiers législatifs. D’abord, la refonte de l’assurance chômage pour « favoriser la reprise d’emploi ». Ensuite des travaux sur le droit du travail, afin d’ « améliorer les conditions de travail, faciliter les recrutements et accroître la quantité de travail lorsque cela est possible ».
Une manière de booster le recrutement et l’attractivité des métiers de l’artisanat du bâtiment, selon la confédération.
« Les déclarations du Premier ministre sont, a priori, encourageantes mais encore bien trop générales. Les artisans du bâtiment ont besoin d’un cadre de vie et d’activité stable, simplifié et juste», poursuit son président Jean-Christophe Repon.
Si certaines mesures figuraient déjà dans un plan présenté début 2024 par Bruno Le Maire, à l’époque ministre de l’Économie, elles ne se sont pas concrétisées. Elles ont été par ailleurs complétées par d’autres propositions pour la relance du bâtiment, remises début juillet à la ministre du Logement Valérie Létard, toujours sans aboutir.
Le gel du budget 2026 provoque des préoccupations vis-à-vis de MaPrimeRénov’. D'autant que l'aide est suspendue pour les rénovations globales, afin de lutter contre les fraudes. Un combat que soutient à la CAPEB, qui a exposé des solutions en ce sens.
« Cette lutte ne doit pas être un prétexte pour restreindre les budgets nécessaires alloués à la rénovation énergétique, complexifier les dispositifs ou jeter le discrédit sur les professionnels investis », indique-t-elle.
Le représentant des artisans et TPE du bâtiment espère un maintien de l’abaissement à 25 000 euros du seuil de franchise en base de TVA. « Elle appelle également à la concentration du soutien à l’embauche d’apprentis sur les TPE, qui en ont le plus l’utilité », lit-on dans son communiqué.
Distinguer dépenses d’investissement et dépenses de fonctionnement
« Je comprends et partage la préoccupation du redressement des comptes de la Nation. Je sais aussi les difficultés politiques pour faire voter le budget», concède Alain Grizaud, président de la Fédération Nationale des Travaux Publics (FNTP).
Et d’ajouter : « Il nous faut néanmoins distinguer, comme un impératif catégorique, les dépenses d’investissement, qui préparent l’avenir, réduisent la dette écologique et assurent le développement des territoires, des dépenses de fonctionnement et des dépenses sociales qui doivent augmenter moins rapidement que la richesse créée ».
Les investissements sont d’ailleurs une préoccupation au cœur de la conférence « Ambition France Transports ». Ses conclusions doivent orienter une future loi de budget accordé aux infrastructures de transports.
5,3 milliards d’euros d’effort sont demandés aux collectivités locales. « Les choix opérés doivent néanmoins préserver les capacités d’investissement public, portées à 70 % par les collectivités locales. Aussi, la FNTP salue l’annonce du maintien du montant de la dotation globale de fonctionnement (DGF) », est-il écrit dans son communiqué.
La fédération s’interroge toutefois. D’abord sur le timing de ces exigences budgétaires, alors que 2026 sera marquée par les élections municipales. Une période marquée justement par une baisse des investissements. « Est-ce le bon moment pour réduire les dotations d’investissement (fonds vert, DSIL, DETR) au risque d’amplifier la baisse de l’investissement local ?», interpelle la structure.
Les pouvoirs publics doivent en outre confirmer ou non la reconduction du dispositif de lissage conjoncturel des recettes fiscales des collectivités (DILICO). « Le gouvernement s’est engagé à redistribuer aux collectivités locales 30 % du milliard prélevé cette année, soit 300 millions d’euros. N’est-on pas en train d’appliquer la méthode dite du « Sapeur Camember », consistant à prélever à nouveau sur les recettes des collectivités pour financer le remboursement du DILICO ? », expose la FNTP.
Des éclaircissements que la structure demandera « dans les prochaines semaines ».
Par Virginie Kroun