Un chantier à 44 millions d’euros pour sauver Fort Boyard

Menacé par l’érosion marine, le Fort Boyard situé entre l’île d’Oléron et l’île d’Aix fait l’objet d’un chantier de grande envergure, entamé cette semaine, pour éviter son effondrement.
L’état de Fort Boyard est aujourd’hui alarmant. « Avec les fissures qui lézardent les murs, il y a urgence. Tout l’édifice bouge, faute de protection. Si rien n’est fait, il s’écroulera », alerte Sylvie Marcilly, présidente du département de Charente-Maritime.
Une vaste opération de sauvetage
Les premiers coups de pelleteuse marquent le début d’une intervention programmée sur trois ans, pour un budget prévisionnel de 36 millions d’euros hors taxe. Cette première phase, dédiée aux travaux de terrassement, consiste à extraire entre 3 500 et 4 000 m3 de remblais autour du fort, sur une profondeur allant de 5 à 7 mètres.
Ces déblais, composés en grande partie de maçonneries effondrées d’anciens ouvrages historiques, seront redéposés dans des fosses sous-marines à proximité.
Dès septembre 2025, les grandes marées d’équinoxe offriront une fenêtre propice à la restauration de la risberme, ce talus protecteur ceinturant la base du fort, indispensable pour stabiliser les zones fragilisées par l’assaut répété des vagues.
Des éléments conçus pour tenir au moins 100 ans
L'année 2026 verra la fabrication de deux structures majeures : un éperon et un havre d’accostage en béton armé, conçus à Saint-Nazaire. Reproduisant fidèlement le relief granitique d’origine du fort, ces ouvrages seront acheminés puis installés à l’avant et à l’arrière du bâtiment à l’été 2027.
« On refabrique des ouvrages qui existaient au XIXᵉ siècle, avec une géométrie quasi-identique. Le fort va retrouver son image originelle, avec des éléments conçus pour tenir au moins 100 ans », explique Jean-Bruce Boisson, directeur d’exploitation de l’ETPO, entreprise spécialisée dans les travaux maritimes et fluviaux.
Un site à nouveau accessible en 2028
Face à ce péril, le Conseil départemental a voté une enveloppe globale de 44 millions d’euros et lancé un appel aux dons pour soutenir la restauration. L’objectif est de rendre le site accessible au public à l’été 2028.
Construit entre 1803 et 1857, Fort Boyard fut tour à tour ouvrage militaire et prison, avant de tomber à l’abandon. Classé monument historique, il est racheté en 1988 par Jacques Antoine, créateur de jeux télévisés, puis cédé l’année suivante pour un franc symbolique au département de Charente-Maritime, qui en assure depuis la préservation.
Par Marie Gérald