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Réalité augmentée et 5G sur chantier : le défi relevé par Bouygues et Syslor

Publié le 20 septembre 2021

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Assisterait-on à l’avènement du chantier 4.0 ? La récente utilisation d’une réalité augmentée 5G pour des réseaux souterrains, déployée conjointement par l’opérateur Bouygues Telecom, le constructeur Colas ainsi que le start-up digitale Syslor, semble l’indiquer. Les détails du projet lors d’un entretien avec les entreprises partenaires.
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Lancée en 2021, la solution de réalité augmentée 5G est le fruit d’une longue collaboration entre le groupe Bouygues et Syslor, l’entreprise digitale, spécialisée dans l’application de la réalité augmentée aux chantiers de réseaux souterrains. Son directeur commercial, Sébastien Graziotin décrit Colas, filiale du groupe Bouygues, comme un partenaire « dès le début » de la start-up. Dès 2019, Colas fournissait l’outil à son entreprise Spac, spécialisée dans la construction et la maintenance des réseaux de transport et de distribution d'eau et d'énergie (gaz, pétrole, électricité).

Au fil des collaborations avec Bouygues, mais aussi d’autres clients tels qu’Enedis ou GRDF, l’idée d’intégrer la 5G dans cet outil a surgi chez Syslor. Un apport essentiel d’autant que « la digitalisation c’est quelque chose d’effectivement nécessaire » confirme Mickaël Cornu, chef de service Ingénierie & Méthode de Spac : « L’objectif étant d’avoir en temps réel les données disponibles et justes, à n’importe quel endroit qu’on soit, que ce soit en chantier ou dans le bureau, et aussi bien en France qu’à l’international, pour collaborer avec l’ensemble des experts qui ne sont pas toujours au même endroit ».

Un gain en temps, en précision et en esprit collaboratif 

De base, la réalité augmentée développée par Syslor intervient sur plusieurs phases du projet : projection en amont des futurs travaux et modèles 3D, relevé des points et d’éléments significatifs lors des travaux, réalisation de plans de recollement par photogrammétrie…

Les informations sont simplement capturables en photo via un appareil de type tablette ou smartphone, et souvent par un géomètre. Or « plus le fichier est précis, plus les clients sont satisfaits. Donc on fait des fichiers de plus en plus gros et on se rend compte que ça prend de plus en plus de temps », constate Sébastien Graziotin « Typiquement, si les gens doivent attendre sur le smartphone dix minutes pour recevoir le fichier, la solution ne les intéresse plus ». 

Une contrainte encore plus forte pour les travaux en sous-sol qui « sont complexes de par la densité des réseaux existants, voire sensibles. S’il y a un relevé des réseaux qui n’était pas présent sur les plans du client et qu’on les identifie avec Syslor, on fluidifie les flux » d'après Mickaël Cornu. « Faible latence » et « débit important » : les qualités de la 5G vantées par Stéphane Allaire, directeur du programme 5G de Bouygues Telecom, ont été à même de servir cette rapidité de transport, permettant d’accélérer des travaux d’excavation mais aussi d’identifier clairement les zones à risque. 

Au premier abord, les moyens techniques déployés semblent un jeu d’enfant : mise à disposition du réseau 5G par Bouygues Telecom, exportation du modèle 3D par Spac dans l’outil Syslor, et adaptation du format de fichier par la start-up. Toutefois, la prouesse technique opère lorsque l’antenne de la tablette ou du smartphone capte les réseaux satellitaires. Ces derniers corrigent, avec un niveau précision d’un mètre à 1m50, la projection du plan numérique et des photos du réseau fourni. Couplés à des abonnements RTK répartis dans toute la France, la géolocalisation peut être centimétrique, à 10cm près. Ainsi les images du cloud et celles captées sur le terrain se superposent en une maquette 3D.

60 % de la population bientôt couvert par la 5G Bouygues Telecom

Les travaux en réalité augmentée 5G entrepris concernent les « 35 villes de 100 000 habitants qui sont couvertes avec la 5G Bouygues Telecom », précise Stéphane Allaire. Sébastien Graziotin se rappelle que la rue de Meaux, à Paris « était l’exemple typique. C’est une tranchée qui fait plusieurs centaines de mètres. Et qui dit plusieurs centaines de mètres, dit fichier énorme. Avant, le chef de chantier devait avoir la chance d’avoir une formidable couverture 4G et un forfait illimité, sinon il attendait de rentrer le soir, de se mettre en WiFi et envoyait, et là, on perdait une demi-journée voire une journée ». 

Une efficacité certes, mais est-ce le cas pour tout le territoire ? « Aujourd’hui, il faut quand même savoir que la 5G c’est comme la 4G sur une autoroute. C’est extrêmement important dans les villes où il y a beaucoup de densité. Si vous vous trouvez dans un petit village où il n’y a personne, mais il y a déjà la 4G, vous aurez quand même déjà pas mal de bénéfices. Pour moi la 5G, est importante pour surtout soulager les villes où il y a un trafic important sur les réseaux 4G » pense Stéphane Allaire : « 60 % de la population française sera couverte en 5G d’ici la fin de l’année, donc ça se déploie très vite »

Un avantage pour les professionnels du BTP mais également pour les collectivités, car la numérisation, est aussi importante en phase de construction qu’en phase maintenance. La maquette numérique de l’infrastructure ne sert pas « seulement à ceux qui l’ont construite, mais aussi à ceux qui vont la faire évoluer et ceux qui vont l’utiliser », insiste Stéphane Allaire, prenant exemple de l’intervention des pompiers sur les circuits d’eau en cas d’incendie. Mickaël Cornu, de son côté, identifie un autre avantage de l'utilisation de la 5G pour réduire le temps d'échange et des travaux, notamment sur le rapport avec les riverains : « On parle alors de chantiers urtifs, avec une emprise de la voirie plus facilement libérée. Donc on aura une satisfaction des riverains, des automobilistes, de l’agglomération des communes… », avance-t-il. 

Poursuivre la digitalisation de la construction

Autre avantage d’une telle application de la 5G selon Mickaël Cornu : « Ça facilite fortement l’acceptation de la digitalisation dans le monde des travaux ».  Parmi les retours des professionnels sur l’outil Syslor, Sébastien Graziotin évoque un « choc de la photo et la visualisation », avec la projection sur tablette des plans en 3D. Cette forte impression ne limitera pas qu’aux chantiers enterrés, mais compte s’étendre à la construction des bâtiments, qui ne se concentra plus sur un simple plan papier mais aussi un plan numérique, actualisable par l’architecte comme par le compagnon. 

Pour Stéphane Allaire, un autre potentiel de la 5G c’est « la capacité à mettre de plus en plus d’objets connectés sur un réseau : ça va être vrai dans les bâtiments, ça va être vrai dans les usines, ça va être vrai sur les chantiers… » Et les équipements sont nombreux : capteurs de vibrations, capteurs de gaz voire des caméras, permettant de piloter à distance une grue. Celle-ci serait également capable d’identifier les points d’impacts où l’objet soulevé atterrirait lors d’une éventuelle chute, assurant ainsi la sécurité sur les chantiers. « On est en train de révolutionner le chantier en général, mais il y a encore beaucoup beaucoup de choses qui sont à créer », se réjouit Stéphane Allaire.

Propos recueillis par Virginie Kroun
Photo de une : Bouygues Telecom

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