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Baisse de moral des artisans du bâtiment : la Capeb AuRA alerte

Publié le 14 avril 2022

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La Capeb Auvergne-Rhône-Alpes (AuRA) dévoilait ce jeudi une enquête flash sur la situation des entreprises artisanales du bâtiment. Les résultats révèlent notamment une situation économique qui se dégrade, avec une perte de marges et de rentabilité, et un moral qui baisse chez les artisans, soumis à un grand stress entre les tensions sur l’approvisionnement et la hausse continue des prix, qu’ils peinent à répercuter sur leurs clients.
Baisse de moral des artisans du bâtiment : la Capeb AuRA alerte - Batiweb

Il y a deux mois, la Capeb Auvergne-Rhône-Alpes faisait état de chiffres quasiment similaires avec la fédération nationale et plutôt satisfaisants pour l’activité du quatrième trimestre 2021.

La Capeb régionale observait toutefois des signaux inquiétants quant à la rentabilité des entreprises, avec 23 % d’entreprises rencontrant des difficultés et 1 entreprise sur 4 déclarant un niveau de trésorerie faible ou insuffisant. Le rapport soulignait notamment une baisse des marges d’en moyenne 30 %, notamment en raison des tensions en approvisionnement et hausses des prix des matières premières.

 

Des hausses de prix qui se poursuivent

 

En ce mois d’avril, la Capeb AuRA - qui compte 80 000 entreprises artisanales du bâtiment – a mené une enquête flash auprès de ses adhérents. Les résultats de cette enquête montrent notamment que 95 % des chefs d’entreprises artisanales du bâtiment font face une augmentation des prix des matériaux, aussi bien pour les métaux (acier, aluminium, cuivre…), que le bois, le PVC, et les matériaux de construction (béton, briques, ciment…).

Les hausses de prix, première difficulté. Source : enquête Capeb AuRA avril 2022

Pour faire face à cette situation, 77 % diminuent le délai de validité des devis, et 63 % essaient de stocker des matériaux.

Les solutions mobilisées par les artisans du bâtiment. Source : enquête Capeb AuRA avril 2022

 

Plus inquiétant, seules 18 % des entreprises artisanales du bâtiment parviendraient à répercuter ces hausses des prix sur leurs clients. Ainsi, dans le contexte actuel de pénuries et hausses de prix, 31 % craindraient de ne pas pouvoir faire face plus d’un an.

« Si l’activité ne manque pas pour l’instant, nous souffrons d’un manque de lisibilité sur nos approvisionnements qui ralentit considérablement nos chantiers et perturbe grandement leur organisation, sans compter l’augmentation des coûts qui a un impact très lourd sur nos marges. À l’heure des élections présidentielle et législatives, il est grand temps que nos dirigeants entendent enfin la voix des entreprises artisanales et leur proposent des mesures adaptées », interpelle Dominique Guiseppin, président de la Capeb Auvergne-Rhône-Alpes

 

Des artisans sous pression

 

Cette situation pèse notamment sur les plus petites entreprises. Ainsi, 56 % des artisans voient leur moral impacté, contre 27 % pour les chefs d’entreprises de plus de 20 salariés. Des pourcentages qui font écho aux propos de Jean-Christophe Repon, président de la Capeb nationale, qui alertait fin janvier sur une baisse de moral des chefs d’entreprises artisanales du bâtiment, très stressés, et parfois « au bord du burn-out ».

Les conséquences de la situation actuelle. Source : enquête Capeb AuRA avril 2022

 

La Capeb reconnaît les mesures prises par le gouvernement dans le cadre du plan de résilience économique, notamment la suspension des pénalités de retard pour les chantiers impactés par les difficultés d’approvisionnement liées à la guerre en Ukraine, le recours à la théorie de l’imprévision dans les contrats, ou encore la publication accélérée des index du bâtiment.

Mais elle estime toutefois que ces mesures restent nettement insuffisantes, notamment en ce qui concerne les marchés signés avec les particuliers, qui concernent « l’essentiel des marchés des entreprises artisanales du bâtiment ». « Les marchés publics ne représentent que 17 % des marchés des entreprises artisanales », rappelle-t-elle.

 

Une solidarité attendue de la part des industriels et fournisseurs

 

Dans ce contexte, elle réitère ses propositions pour remédier à cette situation intenable pour les petites entreprises du bâtiment. Elle réclame notamment la participation active des industriels, négoces et distributeurs au comité de crise du BTP, avec une charte de solidarité.

« Désormais, un certain nombre d’enseignes et d’industriels se refusent à s’engager sur les prix et les délais de livraison », déplore la fédération. Mais « la mobilisation de la Capeb commence à porter ses fruits. L’enseigne de distribution Saint-Gobain s’est récemment engagée par écrit auprès du président national de la Capeb pour encadrer la hausse des prix avec des propositions concrètes comme celle de l’autoriser seulement le premier de chaque mois », se félicite toutefois la fédération.

Cette dernière demande également aux fournisseurs de prévenir au moins 3 mois à l’avance les entreprises du bâtiment des augmentations de prix et de garantir leur stabilité durant au moins 3 mois, alors que « les tendances pratiquées actuellement imposent parfois un paiement au comptant et des validités des prix de 24h ou 48h alors que le délai de rétractation des clients est de 14 jours ».

 

Claire Lemonnier
Photo de une : Adobe Stock

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