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L’activité du bâtiment se replie de 4,3 % au 1er semestre 2024

Publié le 17 septembre 2024

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La Fédération Française du Bâtiment (FFB) dévoile sa conjoncture. Entre l’écroulement des permis de construire et des mises en chantier, et le ralentissement continu dans l’activité amélioration-entretien, l’activité du bâtiment décline de 4,3 % au 1er semestre 2024.
L’activité du bâtiment se replie de 4,3 % au 1er semestre 2024 - Batiweb

Lors de sa traditionnelle conjoncture de rentrée, la Fédération Française du Bâtiment (FFB) annonce toujours le même problème : la crise du logement neuf. Entre les sept premiers mois de 2023 et ceux de 2024, les permis de construire déclinent de 9,9 %, et les mises en chantier de 13,4 %. La tendance baissière reste certes plus modérée en glissement trimestriel, avec respectivement -6,4 % et -4,3 % sur trois mois. 

Or, selon Olivier Salleron, président de la FFB, cette légère accalmie s’explique par un été d’ordinaire moins productif. « Attention aux prochains mois, c'est-à-dire septembre, octobre, novembre, qui seront déterminants, malheureusement, pour nos entreprises et pour l'emploi», avertit l’intéressé durant un point presse.  

En globalité, l’activité du bâtiment enregistre -4,3 % en volume sur le premier semestre 2024. Le neuf recule de 11,3 %, plombé par le logement (-17,5 %), alors que le non résidentiel limite la casse (-1,8 %). L’activité amélioration-entretien affiche +1,4 %. 

Un niveau de mises en chantier en collectif le plus bas depuis 1986

 

Dans l’individuel, les ouvertures de chantiers s’écroulent de 22,5 % à fin juillet 2024 sur sept mois, et de 23 % entre le T1 2024 et le T2 2024. Toutefois, à fin juillet, les autorisations baissent de 8,4 % sur les trois derniers mois, « contre -13,0 %, -14,7 % et -16,2 % sur six, neuf et douze mois ».

Côté collectif, le repli des mises en chantier est de -5,5 % en glissement annuel sur sept mois à fin juillet 2024. Mais, on note un rebond de 11,1 % sur trois mois. « Il s’alimente du programme non pérenne de rachat du stock des promoteurs par Action Logement et CDC Habitat », commente la FFB. Les permis pour les logements collectifs reculent toujours de 7,1 % en glissement annuel sur sept mois, et de 5,3 % sur trois mois. Résultat des courses : le rythme annuel, en correction des variations saisonnières (CVS), s’élève à 260 000 logements commencés, soit le niveau le plus bas constaté depuis 1986, « sans doute même depuis la fin des années 1950 », souligne la fédération.

D’un point de vue territorial, les mises en chantier régressent partout en France, en territoire métropolitain, comme ultramarin, entre les sept premiers mois de 2023 et 2024. En particulier dans le Centre-Val-de-Loire (-25 %), la Provence-Alpes-Côte-d’Azur (-23 %) et dans le Grand-Est (-20,5 %). Les permis de construire fléchissent dans quasiment toutes les régions, sauf en Normandie (+3 %), en Bretagne (+6,1 %)  ainsi qu'en PACA (+2,7 %). 

Lueur d’espoir cependant dans le non-résidentiel neuf. Les surfaces commencées dévissent de seulement 6,9 % et 2%, respectivement en glissement annuel sur sept mois et sur trois mois à fin juillet 2024. Cela s’explique notamment par « un tassement général de la baisse, mais aussi, enfin, au redressement récent des bâtiments publics (+11,7 % sur les trois derniers mois) », d'après la note de conjoncture de la FFB.

Parmi les mesures pour relancer le neuf, la fédération soutient la prolongation du Pinel jusque fin 2025, afin de maintenir l’investissement locatif, « le temps de lui trouver un successeur », indique son président.

Ralentissement continu dans l’amélioration-entretien


Pour ce qui est de l’amélioration-entretien, la dynamique ralentit. Selon les résultats de l’enquête des Cerc sur l’activité en rénovation pour la fédération, ce segment enregistre +1,1 % en volume entre les deuxièmes trimestres 2023 et 2024. Et ce après +1,7 % au T1 2024, +2,6 % au T4 2023, et +3 % au T3 2023. 

Précisons que la rénovation énergétique a connu de meilleurs jours, aujourd’hui impactée par les derniers arbitrages sur le dispositif MaPrimeRénov’. « Beaucoup de petites entreprises qui travaillent dans la rénovation énergétique sont touchées à cause de cette réforme ratée », fustige Olivier Salleron. Raison pour laquelle la FFB encourage le maintien de la version 2023 de l’aide.

Les signaux sur l’entretien-amélioration restent au vert dans l’ensemble des régions. Plus précisément côté rénovation énergétique, l’activité décroche en Hauts-de-France (-0,1 %) et en Île-de-France (-0,4 %).

Il n’empêche que les « perspectives d’activité des entreprises de plus de dix salariés relatives à l’amélioration-entretien au troisième trimestre 2024 se stabilisent globalement au niveau de leur moyenne de long terme. De plus, les perspectives d’activité pour le troisième trimestre 2024 se stabilisent au niveau de leur moyenne de long terme pour les entreprises de plus de dix salariés », relève la FFB.

Les carnets de commande au beau fixe, mais en-dessous de la moyenne à long terme

 

Certes, les entreprises de plus de 10 salariés enregistrent 8 mois de carnets de commandes à fin août 2024, soit un bon niveau et surtout 1,6 mois de plus que leur moyenne de long terme. Toutefois, le niveau s’effrite depuis l’automne 2022. « Par ailleurs, il convient de noter que ceux des artisans ne se lisent plus qu’à 4,6 mois à fin juin 2024, soit 0,7 mois au-dessous de leur moyenne de long terme », observe la FFB.

Les délais de paiement des clients reculent chez les entreprises de plus de dix salariés au T2 2024. « De fait, ils se maintiennent au niveau de leur moyenne de longue période sur les marchés privés et se replient sur les marchés publics, pour s’établir 2,2 points au-dessus de leur moyenne relevée depuis 1990 », abonde la fédération. En outre, toujours au T2 2024, « l’opinion des chefs d’entreprise de plus de dix salariés sur leur trésorerie se tasse et se rapproche de leur moyenne de longue période ».

Si les défaillances s’envolent de 31,5 % sur les trois derniers mois à fin juillet, elles n’ont cessé de se stabiliser depuis le début de l’année, y compris l’été. De plus, les créations d’entreprises montent de 10,6 % en glissement annuel sur les sept mois à fin juillet, et de 20,1 % entre mai et juillet dernier.

Les hausses de prix semblent aussi se stabiliser, car « une toute petite majorité » de chefs d’entreprise de plus de dix salariés interrogés par l’Insee évoque cette tendance à fin 2024. De fin janvier et fin juillet 2024, seuls les prix des plastiques alvéolaires, des demi-produits en aluminium et des demi-produits en cuivre ou alliage grimpent, oscillant de +4,3 % et +8,7 %.

« L’emploi fait encore de la résistance »

 

En parallèle, « l’emploi fait encore de la résistance », estime la FFB. Du S1 2023 au S1 2024, 27 700 postes ont disparu dans le bâtiment (dont 17 800 salariés), et 20 800 postes entre les deuxièmes trimestres 2023 et 2024. Dans les postes en équivalent-emplois à temps plein (ETP), la perte de postes s’évalue à 9 700 entre le T2 2023 et le T2 2024. Le décrochage dans l’intérim, bien qu’important, s’amplifie peu (9,3 % en glissement annuel sur un trimestre à fin T2 2024). Au total, l’emploi dans le bâtiment diminue de 2,2 %, ce qui revient à 30 500 postes en glissement annuel sur le T2 2024.

Le phénomène ne se serait donc pas accéléré au second trimestre, stagnant à -0,6 %, contre -0,5 % au T1 2024. En glissement annuel, les chiffres changent peu : -1,6 % à la fin du deuxième trimestre 2024, après -1,4 %, -1,2 % et -1 % sur deux, trois et quatre trimestres. Les chefs d’entreprises de plus de dix salariés semblent indiquer « un tassement », similaire à celui constaté sur les défaillances.

Les difficultés de recrutement persistent chez les chefs d’entreprises de plus de dix salariés, avec 71 % déclarant en souffrir, contre environ 60 % en moyenne depuis le début des années 1990.  « C’est dans le gros-oeuvre, touché en premier par la crise du neuf, que les difficultés de recrutement se replient rapidement à 65,3 %, alors que le second oeuvre évolue très peu en trois mois, à 76,9 % », détaille la fédération.

Virginie Kroun
Photo de Une : Olivier Salleron - FFB

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