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« L'Isolation thermique par l'extérieur, la technique la plus adaptée pour rénover des façades », Julien Bagnard

Publié le 23 janvier 2018

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En 1987, Daniel Bonnot s'inspire d'un système allemand de vêtures s'appliquant en façade pour proposer ses propres solutions visant à protéger les bâtiments en France. L'entreprise Myral est née. L'année dernière, c'est le fils du fondateur, Sylvain Bonnot, actuel PDG, qui a soufflé les 30 bougies de la société. Pour célébrer comme il se doit cet événement qui promet encore de longues années de prospérité à Myral, Batiweb est allé à la rencontre de Julien Bagnard, responsable du bureau d'études. Entretien exclusif.
« L'Isolation thermique par l'extérieur, la technique la plus adaptée pour rénover des façades », Julien Bagnard - Batiweb

Comment Myral a évolué ces 30 dernières années ?

Julien Bagnard : Myral est une entreprise qui a fêté ses 30 ans en 2017. Elle est passée par différentes évolutions importantes jusqu'à l'inauguration, en 2014, du dernier outil de fabrication qui permet d'améliorer le process de production en automatisant certaines étapes. Le sentiment de Daniel Bonnot, il y a trente ans, était de dire que l'ITE a vraiment l'avantage d'apporter une isolation thermique importante sans mener de travaux complexes. L'objectif était de coupler ce système avec un embellissement esthétique et une plus grande durabilité en faveur de la protection des façades face à la pluie, au vent, à la neige et au froid. C'est cette idée qui a fait son chemin et est parvenue à séduire en France, à commencer par les particuliers.

Comment est organisée la société ?

J. B : La société est actuellement organisée sous la marque UNISO pour le secteur du client particulier et un réseau à destination du marché de la prescription. Le bureau d’études travaille essentiellement à proposer un accompagnement technique et réglementaire pour les projets de prescription en travaillant de pair avec les chargés d’affaires sur le terrain et le service technique.

Quels sont les grands projets marquants de ces dernières années ?

J. B : De nombreux projets se sont faits depuis 2011. Plusieurs ont marqué l'histoire de l'entreprise, principalement par leur taille et leurs spécificités techniques. Nous faisons des projets qui peuvent varier de moins de 200 m² à 12 000 m² pour le plus grand. Ceux qui arrivent le mieux à retranscrire l'esprit du système Myral comprennent les multiples possibilités à la fois esthétiques et techniques du produit. La résidence Groupe Matisse à Calais en est l’exemple. Il a été le premier à utiliser l'une de nos innovations, la pose "façon joint debout", où l'on vient intercaler un petit profil entre les éléments qui viennent s'emboîter les uns dans les autres. Le fait de proposer ce système et de le coupler avec d'autres types de pose donne l'impression d'avoir une multitude de produits sur la façade alors qu'un seul produit Myral a été utilisé en réalité. Cela révèle tout le potentiel du produit, qui va pouvoir s'adapter à toutes les contraintes.
Parmi les autres projets qui se distinguent, il y en a un qui s'est terminé récemment, en Partenariat Public Privé (PPP) : l'Université de Metz. La réalisation de ce projet a duré plus de trois ans, de la prise de contact à la finalisation. Ici encore, l'architecte a bien compris les spécificités du système et a mixé différentes teintes de doré panachées en fonction de la façade, permettant de montrer un autre aspect des caractéristiques esthétiques du produit.
Enfin, l'un des projets, qui reste pour moi l'un des plus structurants de l'entreprise, est le passivhaus de Rennes. Là nous sommes sur des teintes beaucoup plus sobres, mais cela va au-delà de l'aspect uniquement esthétique. Dès le début, il y avait plusieurs problématiques liées au thermique, à l'hygrothermique et à la sécurité incendie. C'est justement le travail en amont du bureau d'étude puis celui du commercial, suivi par le responsable du service technique, qui constituent la bonne façon de procéder pour arriver à faire aboutir des projets.

          
La résidence Groupe Matisse à Calais, l'Université de Metz et "Le Mouvement Perpétuel", un bâtiment passivhaus (de g. à d.).

Quelles sont les grandes tendances du marché de l'isolation ?

J. B : Aujourd'hui, c'est une vérité de dire que l'ITE est la technique la plus adaptée pour rénover des façades. Cela permet de pouvoir faire des travaux en milieu occupé, de couper les ponts thermiques au niveau des planchers et d'avoir des mises en œuvre plus rapides en extérieur tout en profitant de cette isolation pour revoir l'esthétique des façades. On recense plusieurs familles parmi les ITE, dont les enduits mince sur isolant, qui ne représentent pas notre marché. L'autre partie des ITE, les bardages vêtures-vêtages, intègre justement nos procédés, même si nous sommes principalement spécialisés dans les systèmes de vêture vêtage. Nous proposons justement des systèmes pré-fabriqués qui, dans la pose la plus courante, ont l’avantage d’être posés sans ossature et sans lame d’air. L’avantage de notre produit M32, considéré comme un revêtement de façade isolant (R=1,35 m² K/W), est qu’il peut être couplé à différentes natures d’isolants complémentaire (PIR, mousse résolique, PSE, laine minérales…) jusqu’à une épaisseur de 120mm, permettant ainsi d’atteindre des résistances thermiques dépassant les résistances thermiques de 7 m² K/W, pour une épaisseur minimisée. Cette grande flexibilité, dans les choix esthétiques comme techniques, nous permet aujourd’hui de répondre à l'ensemble des problématiques du marché.

La crise du polyuréthane de 2016 a-t-elle eu un impact sur votre activité ?

J. B : Nous avons été plutôt privilégiés de par les relations historiques que nous avons avec nos fournisseurs. En quelque sorte, nous avons été accompagnés afin de ne pas avoir de problématique d'approvisionnement, alors que les nouveaux acteurs du marché ont été beaucoup plus impactés. Assurément, ceux qui ont le plus tenu le coup sont plutôt des acteurs historiques qui disposaient d'un bon relationnel.

Comment Myral parvient-elle à rester performante sur les questions relatives à la sécurité incendie ?

J. B : Lorsque je suis arrivé en 2011, la problématique feu était déjà bien présente. Nous avons un isolant qui reste combustible, avec des classements feu limités au classement M à l’époque. Depuis lors, afin de comprendre en conditions réelles le comportement feu de nos produits, nous avons lancé plusieurs campagnes d'essai. Celles-ci nous ont permis de constater que le facteur matériau combustible n'était pas le seul à prendre en compte dans un système d'ITE. En effet, l'impact de la lame d'air est très important et a renforcé l'idée de concentrer nos configurations de pose vers des systèmes de vêtures-vêtages qui n'en avaient pas. Aujourd'hui, il y a un outil qui permet de comprendre précisément le comportement feu de nos produits, c'est l'essai Lepir II. C’est le banc d’essai le plus évolué aujourd’hui en France qui permet de simuler un incendie réel. Notre démarche d’entreprise est donc de tester et de valider par essai Lepir II l’ensemble des configurations de notre domaine d’emploi, nous permettant ainsi de pouvoir poser nos produits ITE sur des bâtiments d’habitations de 3ème et 4ème familles (jusqu’à 50m de hauteur) ainsi que sur des ERP (établissements recevant du public). Nos configurations étant multiples, les appréciations de laboratoires permettent de récapituler les configurations validées. Par exemple, une configuration M32 + PIR jusqu’à 120mm présentera un recoupement tous les deux niveaux et une solution de protection des baies (P5) tandis qu’avec un isolant mousse résolique ou laine minérale, seule la protection de solution des baies est nécessaire mais il n’y a pas nécessité de recoupement du système ITE. Nous avons aujourd’hui clairement compris le comportement de nos systèmes face au feu et sommes donc en mesure de présenter des configurations validées réglementairement, ce qui n’est pas le cas pour tous les systèmes ITE du marché. Actuellement nous avons donc un panel d’essai large allant du classement M1, à l’essai Lepir II avec appréciation de laboratoire valide, en passant par l’euroclasse B-s2,d0 qui nous valide un large domaine d'emplois.

Quelles sont les évolutions à venir pour Myral ?

J. B : 2018 va être le troisième acte d'extension du domaine d'emploi de notre Avis technique. De plus en plus de projets nous demandent d'aller au-delà des 120mm d'isolant complémentaire maximal dans notre système, or nous sommes limités par notre Avis technique actuel. Nous allons donc réaliser une nouvelle série d'essais au CSTB. S'ils sont concluants, cela nous permettra peut-être de faire évoluer de façon importante cette épaisseur, confortant notre logique de vêtage sans ossature et sans lame d’air. La finalisation des essais Lepir II que nous avons effectués arrivera également en 2018. Cette année, nous avons donc à cœur de continuer de faire évoluer notre avis technique pour être au plus proche de l’attente du marché mais aussi de présenter les différents justificatifs qui prouvent que notre produit peut s'adapter au risque feu.

Propos recueillis par Fabien Carré
Photos : ©Myral

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