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Les victimes de l’amiante toujours plus nombreuses

Publié le 02 juillet 2019

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Les effets de l’amiante sur la santé peuvent apparaître jusqu’à 30 à 40 ans après la première exposition. Il n’est donc pas étonnant de voir le nombre de victimes augmenter chaque année. Un rapport publié le 27 juin dernier par Santé publique France estime à 1 100, le nombre de nouveaux cas de mésothéliome identifiés chaque année. Parmi les victimes, 50% ont exercé un emploi dans le BTP dont 84% après l’interdiction de l’amiante en 1997.
Les victimes de l’amiante toujours plus nombreuses - Batiweb

Longtemps utilisé pour ses propriétés isolantes, l’amiante a été interdit en France en 1997. Il s’est en effet révélé « hautement toxique ». Comme l’explique l’INRS : « Les fibres d’amiante sont invisibles dans les poussières de l’atmosphère. Inhalées, elles peuvent se déposer au fond des poumons et provoquer des maladies respiratoires graves : plaques pleurales, cancers des poumons et de la plèvre (mésothéliome), fibroses (ou asbestose) ».

 

Si les activités de désamiantage et les interventions sur les matériaux amiantés sont encadrés et font l’objet de nombreuses actions de prévention, l’amiante ne cesse de faire des victimes. Pourquoi ? Tout simplement parce que ses effets sur la santé peuvent surgir jusqu’à 30 à 40 ans après la première exposition.

 

C’est d’ailleurs ce que rappelle Santé publique France dans son rapport : « 20 années de surveillance (1998-2017) des cas de mésothéliome, de leurs expositions et des processus d’indemnisation ». Élaboré dans le cadre du programme national de surveillance des mésothéliomes pleuraux (PNSM), il dévoile que 1 100 nouveaux cas de mésothéliome surviennent annuellement en France (800 cas masculins et 310 cas féminins).

 

Le rapport note une forte augmentation de l’incidence chez les femmes avec un doublement du nombre de cas. Une exposition professionnelle à l’amiante est retrouvée pour près de 40% des femmes. Dans la majorité des cas, il s’agit d’une exposition possible (53% des femmes) et directe (50%). Les professions les plus exposantes sont : conductrices qualifiées de machine du textile et de la tannerie-mégisserie (53%) et les ouvrières non qualifiées de l’électricité et de l’électronique (50%). Quant aux secteurs d’activité, le rapport cite la fabrication de produits minéraux divers (100% de femmes exposées), les services personnels (29%) et l’industrie chimique (27%).

 

Pour près d’un tiers des femmes, une exposition extra-professionnelle à l’amiante a été identifiée sans exposition professionnelle et pour plus d’un quart, aucune exposition à l’amiante n’est retrouvée. S’agissant d’exposition, la durée moyenne s’élève à 14 ans contre 27 ans pour les hommes. L’âge de la première exposition est également plus tardif : 26 ans pour les femmes vs. 21 ans pour les hommes.

 

Le BTP largement concerné

 

Du côté des hommes, dans la majorité des cas, il s’agit d’une exposition probable à très probable (91%) et directe (85%). Dans 3% des cas, une exposition extra-professionnelle à l’amiante sans exposition professionnelle a été retrouvée.

 

Les tuyauteurs industriels qualifiés (98%), les chaudronniers, tôliers industriels qualifiés (98%) et les plombiers et chauffagistes qualifiés (97%) sont les professions les plus exposantes. Quant aux secteurs d'activité, on retrouve la réparation navale (99%), la construction de matériel ferroviaire roulant (99%) et l’installation d’eau et de gaz (98%).

 

Une exposition professionnelle aux laines minérales a été retrouvée pour 61% des hommes et la quasi-totalité a également été exposée à l’amiante au cours de sa carrière.

 

A ce jour, 50% des cas diagnostiqués ont exercé une activité dans le BTP. Chez 97% d’entre eux, une exposition professionnelle à l’amiante probable ou très probable est retrouvée. Et 84% ont exercé une activité dans le BTP après le 1er janvier 1997.

 

« Ces résultats montrent que l’on assiste à un déplacement de la problématique « exposition professionnelle à l’amiante » des métiers d’utilisation et de transformation de l’amiante vers les métiers d’intervention sur des matériaux contenant de l’amiante », souligne le rapport.   

 

Réparer l’irréparable

 

« Depuis 20 ans, les apports du PNSM sont nombreux. Il a non seulement permis d’améliorer les connaissances épidémiologiques sur le mésothéliome pleural, mais a aussi montré l’importance de ne pas relâcher la prévention. Il constitue un socle solide pour l’articulation des politiques publiques autour du sujet encore actuel de l’exposition à l’amiante », précise le Dr Laurence Chéri-Challine, responsable de l’unité Pathologies et travail à Santé publique France.

 

Car si un travail de prévention est réalisé, le rapport observe un recours insuffisant aux dispositifs d’indemnisation des patients. « Entre 2005 et 2017, plus d’une personne sur quatre atteinte de mésothéliome et affiliée au régime général de sécurité sociale n’avait entreprise aucune démarche de reconnaissance en maladie professionnelle, ni n’avait sollicité le fiva (fonds d’indemnisation des victimes de l’amiante) ». D’où l’importance de « mieux informer les professionnels de santé et leurs patients sur les possibilités en termes d’indemnisation ».

 

Dans son rapport, Santé publique France propose la création du « Dispositif national de surveillance des mésothéliomes ». « Le DNSM permettra de simplifier et renforcer les interactions avec les acteurs en charge de la surveillance des mésothéliomes en France. Son déploiement permettra de disposer d’un système réactif de surveillance afin de renforcer et d’adapter la prévention des risques professionnels d’exposition à l’amiante. Il permettra également de répondre aux besoins d’améliorer les connaissances sur les facteurs de risques environnementaux », confirme enfin Sébastien Denys, directeur santé environnement et santé travail à Santé publique France.

 

R.C
Photo de une : ©Adobe Stock

 

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