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Stress au travail : les conjoint(e)s d'artisans du bâtiment souffrent aussi

Publié le 15 avril 2016

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Un(e) conjoint(e) d'artisan du bâtiment sur deux avoue être souvent stressée au travail, selon le baromètre publié ce vendredi par la Capeb et le pôle d'innovation IRIS-ST. Incertitude économique, déséquilibre entre vie personnelle et professionnelle, rythme de travail soutenu, les causes sont multiples et peuvent mener au burn-out. Une convention a été signée avec la MNRA pour leur venir en aide.
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Le précédent baromètre de la Capeb et du pôle d'innovation IRIS-ST révélait qu'un artisan du bâtiment sur deux est victime de fatigue et de stress au travail. Mais qu'en est-il de leur conjoint(e) ? Selon l'enquête publiée ce vendredi, ils/elles souffrent tout autant sinon plus au sein de l'entreprise.

« Cette enquête inédite met en lumière la place, les difficultés et l’état de santé de ces femmes et de ces hommes qui ont fait le choix d’épouser la carrière de leur époux/épouse », explique Mélanie Baumer, chef de projet d'IRIS-ST.

En effet, le/la conjoint(e) d’artisan occupe souvent un poste « support » avec la gestion des tâches administratives, le suivi des dossiers et le respect des réglementations. Cette implication dans la vie de l'entreprise du bâtiment génère « souvent » voire « très souvent » un stress au travail pour 55 % d'entre eux.

Ce chiffre légèrement supérieur à celui des artisans du BTP (53 %) s'explique par l'accumulation de plusieurs facteurs négatifs, à commencer par le poids de l’administratif et des contraintes réglementaires pour plus d’un conjoint sur deux (57 %).

Un stress communicatif

Bien que l’activité d’entreprise a progressé selon le ressenti de 40 % des conjoint(e)s d’artisan, ces derniers ont toujours du mal à se projeter (40 %) ou se sentent pessimistes pour l’avenir de leur entreprise (34 %).

Le stress de l’artisan peut devenir alors communicatif et générateur de stress pour 54 % des conjoint(e)s. Un stress qui augmente d'autant plus chez les conjoints qui ont un membre de leur famille ou de leur entourage dans l’entreprise.

Le sentiment d’insécurité est également partagé, en raison d'un manque de visibilité sur l’avenir et de difficultés de trésorerie (50%).

« Par nature le stress, lorsqu’il est passager et surmontable, ne présente pas de risques particuliers pour la santé. Il peut même être perçu comme un moteur. Cependant, cette enquête montre que les périodes de stress ressenties par les conjoints sont fréquentes à très fréquentes pour 55% d’entre eux ce qui laisse présager un impact sur leur santé car le stress s’installe et devient alors chronique et peut avoir des effets sur la santé mentale mais aussi physique », préviennent les auteurs du baromètre.

La perception de ce stress est aussi intimement liée à la charge de travail. Alors que près de deux conjoint(e)s sur trois (62 %) travaillent tous les jours de la semaine dans l’entreprise, ils conservent un rythme de travail moindre que leur moitié (58 % des dirigeants de TPE du Bâtiment travaillent plus de 50 heures par semaine contre seulement 6 % des conjoint(e)s).

Cependant, un conjoint sur trois travaille le weekend (33 % déclarent travailler 6 à 7 jours par semaine). Ils assurent pour beaucoup les responsabilités familiales en parallèle et même pour un quart d’entre eux, une autre activité professionnelle (26% des répondants)

Un déséquilibre vie privée/vie professionnelle

Ce rythme soutenu crée un déséquilibre qui donne aux conjoint(e)s le sentiment de ne pas être assez disponibles pour leur famille et leur entourage (48 %). Ils sont seulement 28 % à s’accorder des sorties avec leur conjoint(e) et seulement 29 % à s’accorder des sorties en famille.

Si les dirigeants d’entreprise artisanale mesurent bien le soutien que leur apporte leur conjoint(e) au quotidien (66 %), l'entourage proche leur reproche souvent de ne pas être suffisamment disponibles.

 « La mise en place de cette enquête est plus que nécessaire pour mesurer pleinement l’impact de l’activité des artisans sur leurs conjoint(e)s qui partagent le quotidien de l’entreprise et contribuent à son développement. Ils/elles accompagnent leur partenaire dans son quotidien, ses choix, ses difficultés et connaissent parfaitement les défis auxquels il doit faire face et les tracas qui vont de pair. Cet investissement, s’il est apprécié par les chefs d’entreprise qui se sentent épaulés, est également un facteur de stress partagé ! L’enquête a permis un constat réel… que l’on supposait depuis longtemps. Aujourd’hui il nous faut réagir, c’est pour cela que nous avons sollicité la MNRA (Mutuelle des Artisans, ndlr.) qui a accepté avec beaucoup d’enthousiasme d’établir une convention d’aide psychologique en faveur des conjoint(e)s », souligne Catherine Foucher, présidente de la Commission Nationale des Femmes d’Artisan.

Les conjoint(e)s pourront désormais bénéficier d'un accompagnement social et d'un soutien psychologique, sous forme d'entretiens confidentiels avec un psychologue clinicien. Ils/elles pourront également, par téléphone, se faire aider par des assistances sociales dans leur vie personnelle ou professionnelle.

Rappelons qu'une proposition de loi a été déposée en ce sens par le député socialiste Benoît Hamon, le 17 février dernier. Le texte, signé par 83 députés de gauche, suggère de faciliter l'instruction et la reconnaissance individuelle des cas d'épuisement professionnel par les comités régionaux de reconnaissance des maladies professionnelles.

Selon le baromètre Capeb/IRIS-ST, 7 % des artisans du BTP déclarent avoir fait un burn-out (épuisement professionnel), tandis que 28 % pensent en avoir fait un.

C.T
© Fotolia

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