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« Un euro investi dans le logement social est un euro bien investi », Jean-Louis Dumont

Publié le 24 septembre 2019

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Jean-Louis Dumont a donné ce jour le coup d’envoi du 80e Congrès de l’Union sociale pour l’habitat. Dans son discours d’ouverture, le président de l’USH a notamment appelé les maires à poursuivre leur combat en faveur du « logement décent, abordable et durable ». S’adressant à Julien Denormandie, il a fait part de ses inquiétudes quant aux futures coupes budgétaires qui pourraient une nouvelle fois venir impacter le monde HLM. Le logement social n’est pas une dépense, il est « un investissement ».
« Un euro investi dans le logement social est un euro bien investi », Jean-Louis Dumont - Batiweb

Le 80e Congrès de l’USH se déroule en ce moment même à Paris-Porte de Versailles, l’occasion « d’échanger et de débattre l’actualité » d’un secteur en pleine mutation. Les évolutions législatives et réglementaires seront en effet au cœur de ce congrès anniversaire.

Dans son discours d’ouverture, Jean-Louis Dumont, président de l’USH, s’est tout d’abord adressé à Anne Hidalgo, Maire de Paris. « J’ai pu constater à quel point Paris s’est transformée et s’est adaptée en innovant. Le travail est encore colossal, à la hauteur des enjeux qui sont les vôtres ».

Saluant la mobilisation de Paris en faveur du logement social, (3 milliards d’euros sur la mandature 2014-2020), il a souligné : « Un euro investi pour le logement social et ses locataires à Paris, est un euro bien investi. Là où certains adoptent le discours de Bercy en y voyant une dépense, j’y vois un investissement pour la mixité sociale, la qualité de vie et le pouvoir d’achat ».

A quelques mois des élections municipales, il a appelé les maires à poursuivre leurs travaux pour offrir un logement « décent, abordable et durable » à tous. Il dénonce l’idée « saugrenue » que les « maires bâtisseurs seraient voués à perdre les élections ». Les projets engagés doivent être « un motif de fierté et pas une source d’inquiétudes ».

Il a également rappelé le rôle des bailleurs sociaux dans les élections : « celui d’expliquer leur action et de parler des personnes que nous logeons ». « Penser ou repenser le modèle du logement social, c’est s’interroger sur la place que l’habitat doit occuper dans la vie quotidienne de nos concitoyens au sein des métropoles, des villes moyennes et des centres bourgs ».

Soutenir ceux qui œuvrent pour loger les Français

Jean-Louis Dumont a profité de son intervention pour saluer le travail réalisé par la Caisse des Dépôts et Action Logement. Se tournant ensuite vers le ministre du Logement, Julien Denormandie, il a insisté : « L’Etat doit prendre pleinement ses responsabilités pour soutenir celles et ceux, élus et bailleurs qui, en France, pensent que la crise du logement n’est pas une fatalité insurmontable ».

Il a également pointé les deux dernières lois de finances. « Les mesures (…) ont été brutales. Elles ont durablement marqué les esprits et abimé la confiance que nous avions en l’Etat. Mais nous savons également que l’on nous promettait bien pire et que vous tentez de nous aider à amortir le choc ».

Pour 2020, il a alerté « sur de nouvelles menaces qui planent ». Concernant le revenu universel d’activité, il a indiqué : « Les acteurs de l’économie sociale et solidaire sont naturellement favorables à l’idée d’assurer à chacun un revenu permettant de vivre correctement. Mais les objectifs affichés autour de ce RUA sont flous et mêmes parfois contradictoires ». « Inclure l’allocation adulte handicapé dans le RUA aurait quelque chose d’indécent. Il en va de même pour l’aide personnelle au logement (…). Elle existe pour assurer à ses bénéficiaires le droit au logement. Pas besoin de la transformer ou de la réformer ».

Il est ensuite revenu sur la suppression de l’APL Accession, une aide « qui ne coutait presque rien à l’Etat et permettait à ses bénéficiaires d’accéder à la propriété en diminuant par la même occasion le nombre de bénéficiaires de l’APL de manière vertueuse. Elle a été supprimée sur un simple arbitrage budgétaires sans aucune vision à long terme, tout comme le PTZ en zone B2 et C ».  

Une réforme du logement social qui peut prendre du temps

Jean-Louis Dumont s’est finalement référé à la réforme du logement social et notamment au regroupement des organismes HLM. « Nous répondons à ce défi (…). La tâche est loin d’être évidente. Il ne s’agit pas d’une simple addition de moyens ».

« Derrière chaque bailleur social, il y a des hommes et des femmes qui travaillent au quotidien pour les locataires (…). Cette réforme n’est pas un simple ajustement technique car elle questionne les stratégies territoriales des collectivités locales et les projets des organismes eux-mêmes ». « Nous travaillons à faire aboutir cette réforme. Mais il faut également que vous assuriez une égalité de traitement entre les bailleurs sociaux (...), des règles claires, justes et les mêmes pour tous », a-t-il demandé au gouvernement.

S’agissant de l’ANCOLS, il s’est dit contre la mise en place « d’une nouvelle méthode de calcul sans concertation ». « Nous avons compris et accepté que la mission de l’ANCOLS soit de trouver des coupables de fautes, nous n’acceptons pas qu’elle en fabrique ». L’ANCOLS « est devenue idéologique expliquant comment le logement social devrait fonctionner. Mais ce rôle c’est au gouvernement qu’il incombe (…). Il ne peut le déléguer surtout à des personnes qui manquent manifestement d’impartialité ».  

Après Jean-Louis Dumont, c’était au tour de Julien Denormandie de s’exprimer devant les congressistes. Réaffirmant « avec force, avec conviction », son attachement au modèle français du logement social, il a déclaré vouloir « le préserver et le conforter ». « Cela ne veut pas dire rester immobile (…) mais cela impose par exemple de refuser le déplafonnement de la rémunération des capitaux. L’argent du logement social doit rester au logement social à condition évidemment que ces fonds soient employés dans le construction et la rénovation ».

 

Conforter le modèle du logement social français impose aussi de « savoir partir des réalités territoriales, avec des approches qui peuvent différer d’un territoire à l’autre », a-t-il poursuivi.

 

Le ministre s'est engagé à « mettre autant d’énergie dans la mise en œuvre des dispositifs dont nous sommes convenus ensemble et qui figurent dans l’accord d’avril dernier ». « Pour ce faire, nous avons mis en place un comité de suivi que nous avons réuni il y a quelques jours et que nous réunirons de façon régulière ».

 

Pour ce qui est du regroupement des organismes HLM, il a souligné : « Nous serons attentifs à deux éléments principaux (…) : le maintien du lien territorial fort » et « l’existence d’un réel projet commun aux bailleurs qui se regroupent ».

 

Il a également répondu aux inquiétudes exprimées par M. Dumont. Concernant l’intégration de l’APLs dans le revenu universel d'activité : le RUA « vise à définir les aides attachés à la personne (et pas seulement les minimas sociaux) », a-t-il expliqué précisant que la réforme se ferait en concertation.

Enfin, au sujet de l’ANCOLS, il a appelé au rétablissement du dialogue. « La confiance n’exclut pas le contrôle » mais « le contrôle ne doit pas non plus exclure la confiance », a-t-il résumé.  

R.C
Photo de une : Compte Twitter @UnionHLM

 

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