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Les TMS identifiables par questionnaire ?

Publié le 24 mars 2022

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Ce mercredi 23 mars, Santé publique France dévoilait un bilan du questionnaire Eval-Risk-TMS. Développé depuis 2015, cet outil vise à aider les professionnels du BTP et les structures associées à identifier les sources de risques de troubles musculo-squelettiques de membre supérieur sur le lieu de travail.
Les TMS identifiables par questionnaire ? - Batiweb

« Les facteurs de risque des TMS d’origine professionnelle peuvent être de nature biomécanique, organisationnelle ou psychosociale », commente Santé publique France.

L’agence publiait ce mercredi 23 mars le rapport d’une étude sur l’efficacité du questionnaire basé sur le score Eval-Risk-TMS. L’outil est développé depuis 2015 par l’équipe de recherche Ester de l’Inserm et de l’Université d’Angers, en collaboration avec Santé publique France, l’organisme professionnel de prévention du BTP (OPPBTP) et le service de santé au travail du BTP (APST-BTP-RP).

Son but ? Permettre aux professionnels du secteur de répérer les sources de risques de troubles musculo-squelettiques de membre supérieur (TMS-MS), à l’origine de 88 % des maladies professionnelles reconnues par le rapport de la Caisse nationale d’Assurance Maladie en 2019. La démarche ? Evaluer à travers le questionnaire sept facteurs biomécaniques, psychosociaux et organisationnels, qui entourent les professionnels. 

Une étude pour juger la pertinence et la faisabilité du questionnaire

 

Afin de juger la pertinence et la faisabilité du questionnaire sur le terrain, une étude en deux phases a été réalisée. La première impliquait des entreprises adhérentes à l’OPPBTP dans la région Pays de la Loire et en Île-de-France, et des travailleurs suivis par l’APST-BTP-RP en Île-de-France. L’idée était à la fois de sonder les facteurs de risques auxquels les professionnels étaient le plus exposés.  

Mené de novembre 2019 à mars 2020, ce premier recueil a récolté 428 questionnaires complétés sur les 458 envoyés. Une grande partie des travailleurs ont souligné l’importante exposition aux risques de TMS-MS d’ordre biomécanique. « La flexion des coudes régulière ou prolongée était le facteur de risque auquel le plus grand nombre de travailleurs étaient exposés, suivi du maintien d’une posture les bras en l’air », développe Santé publique France. 

A l’inverse, les deux risques psychosociaux évoqués dans les questionnaires ont concerné peu de répondants. Moins d’un travailleur sur six déclarent « ne pas avoir la possibilité d’influencer son travail », et moins d’un sur dix de « ne pas bénéficier du soutien de ses collègues ». 

Près de la moitié des travailleurs ont obtenu à l’issue de ce questionnaire un score supérieur à 4, et un quart un score supérieur à 6 (sur 13 questions), avec une majorité d’ouvriers, d’artisans et chefs d’entreprises sondés. Les auteurs de l’étude ont en conclu que le seuil adéquat du score pour cibler les postes à risque se situerait entre ces deux chiffres.

A savoir cependant que « le choix du seuil adéquat dépendra de l’objectif : prévenir au maximum quitte à inclure des postes qui ne sont pas à risque (seuil bas), ou cibler uniquement les postes assurément à risque, pour des raisons économiques (seuil plus élevé), en passant potentiellement à côté de certains postes qui sont aussi à risque mais qui n’auraient pas été identifiés comme tels par l’outil », nuance Santé publique France. 

La deuxième phase de l’étude se concentrait quant à elle sur la faisabilité de l’utilisation d’Eval-Risk-TMS. 35 retours ont été donnés de la part des conseillers OPPBTP et des membres des équipes pluridisciplinaires de l’APST-BTP-RP, entre juin et juillet 2020.

Il en ressort que l’utilisation d’un tel outil est assez faible, par manque de temps, malgré une connaissance de ces derniers par la moitié d’entre eux. Côté travailleurs – représentés par l’APST-BTP-RP, la perception de l’outil est mitigée, entre compréhension et scepticisme quant à son intérêt dans l’amélioration des conditions de travail. Les entreprises - incarnés par l’OPPBTP – voient dans le score Eval-Risk-TMS un moyen de faire progresser la profession, mais déplorent l’absence de retour de résultat. 

D’où l’intérêt pour ses concepteurs d’intégrer un calcul instantané du score sur une application, accompagnée d’une comparaison des données recueillies avec une moyenne de référence par profession et/ou taille d’entreprise. D’autres points d’amélioration ont également été soulevés : élargissement de la population, l’inclusion des problèmes de lombalgie et pas uniquement des TMS-MS, simplification des questions pour les travailleurs limités par la barrière de la langue…

« Malgré les résultats de cette étude et la pertinence de cet outil dans la prévention des TMS du membre supérieur, il est important de ne pas négliger la multi-factorialité de ces derniers, dont la prévention ne peut se réduire qu’aux sept facteurs de risque inclus dans cet outil », conclut Santé publique France.

Ces développements peuvent ainsi permettre d’identifier les postes de risques spécifiques à chaque profession et chaque taille d’entreprise, et développer des actions adaptées. Pour l’heure, des aides existent afin de lutter contre les TMS, comme la subvention « Échafaudage + », ou plus récemment TOP BTP.


Virginie Kroun
Photo de Une : Adobe Stock
 

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