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PAC en rénovation : les bons gestes à retenir

Publié le 25 mai 2022

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Quelles sont les bonnes pratiques et solutions correctives pour assurer la bonne installation d’une pompe à chaleur en rénovation ? Réponse avec le dernier rapport de REX BP.
PAC en rénovation : les bons gestes à retenir - Batiweb

« À l’heure où les réglementations françaises et européennes imposent la chasse aux dépenses énergétiques et la réduction des émissions de CO2, des bâtiments de plus en plus économes en énergie sont construits ou rénovés, avec la baisse des besoins de chauffage comme fer de lance ». Telle est l’introduction d’un rapport REX BP de l’Agence qualité construction (AQC). 

Après ses derniers enseignements sur l’installation en rénovation d’équipements sanitaires, le programme se penche sur les bons réflexes à adopter lors de l’installation d’une pompe à chaleur (PAC) en rénovation. A noter que les PAC ont le vent en poupe, entre l’augmentation de l’aide MaPrimeRénov’ pour ces systèmes de chauffage et leur succès croissant.

Moduler et se conformer aux prescripteurs de la solution PAC

 

Premier enseignement fondamental du rapport REX BP : toujours dimensionner l’installation à partir d’une synthèse complète de données du projet. Ce document doit, par exemple, bien comprendre les déperditions réelles du volume à chauffer, les travaux déjà menés pour pallier ce problème (étanchéité à l’air de l’enveloppe, type de ventilation) ainsi que les travaux restants. Une étude si complète passe par un état des lieux systématique, avec prise en compte des éléments existants (circuits hydrauliques par exemple).

L’utilisation d’un outil tel que l’application PAC’Réno permet de réaliser un dimensionnement de pompe à chaleur à partir des données réelles du projet. Le dimensionnement peut être affiné au gré des échanges et des éléments reçus. AQC

De cette façon, le type d’installation et de solution de PAC (substitution de chaudière, relève de chaudière) pourra être mieux choisi. Ce qui évite un surdimensionnement, donc des cycles courts avec des marches/arrêts constants pouvant engendrer l’usure prématuré de l’équipement, une surconsommation ainsi qu’une diminution du COP. Un sous-dimensionnement peut également avoir des conséquences, car les températures de consigne sont difficilement atteintes. Résultats : de l’inconfort thermique, un recours vorace à un appoint et par extension le mécontentement des usagers. 

L’installateur PAC doit également bien communiquer avec les acteurs du projet de rénovation, dans le but de bien mesurer l’évolutivité du projet lors du dimensionnement de l’installation. Parmi les bonnes pratiques relevées par le rapport REX BP, on note la vérification de l’état de l’isolation du bâtiment (parois et ouvertures) et réaliser des travaux nécessaires. « Cette étape permet d’installer une PAC moins puissante (et donc moins coûteuse) et d’obtenir un meilleur rendement grâce à un fonctionnement en basse température », commente REX BP dans son rapport. 

Si ces travaux ne sont pas réalisables avant l’installation d’une PAC, il convient d’établir un plan de rénovation complet et détaillé. Les calculs de dimensionnement doivent intégrer l’ensemble des travaux futurs et les circuits en attente. 

Contrôler l’adéquation des équipements livrés avec les prescriptions est bien évidemment essentiel, afin d’empêcher un sur ou sous-dimensionnement et une incompatibilité de fonctionnement avec les autres équipements en place. Le chantier peut être donc difficilement reçu et voir ses délais de mise en service augmenter. Le rapport REX BP recommande notamment de contrôler durant le chantier la conformité des fournitures reçues avec les pièces du marché. S’assurer d’un suivi formalisé de ce contrôle jusqu’à la réception, consulter le bureau d’étude technique prescripteur lors de changement et mettre à jour le calcul RT en conséquence peuvent également éviter de mauvaises surprises. 

La compatibilité entre la puissance électrique disponible et la puissance nécessaire à la PAC doit être également vérifiée. Cette étape inclut aussi la faisabilité d’un changement de puissance électrique, tout en communiquant le coût et le délai des travaux (abonnement, compteur, etc.) Si cette étape est esquivée, des risques de disjonctions fréquentes – néfastes pour l’appareil – peuvent subvenir, tout comme des perturbations sur le réseau public de distribution d’électricité chez le client, voire même dans le voisinage. De quoi également retarder le chantier, ainsi que le temps de remplacement de PAC et des infrastructures associées.

Aménager l’espace nécessaire pour la PAC

 

Ce n’est pas tout de bien dimensionner la PAC, il faut également s’assurer que la surface et le volume du local technique soient bien adaptés. Sinon, les équipements et informations liées (indications relatives aux fluides frigorigènes, etc.) peuvent être inaccessibles et donc compliquer l’entretien et/ou la maintenance de la PAC. Autre conséquence : une « multiplication des coudes entraînant une augmentation des pertes de charge, un fonctionnement accru des circulateurs et donc un surcoût et une augmentation des bruits hydrauliques ». 

Les équipements et leurs caractéristiques techniques sont contrôlés lors de la réception sur le chantier avant l’installation. AQC

Comme bonnes pratiques, il convient de noter l’ensemble des contraintes du projet (espace disponible à proximité de l’unité extérieure, équipements présents dans le local technique...), pour déterminer le choix des équipements. L’étude du dimensionnement du local technique doit définir l’espace nécessaire, en fonction de l’équipement et de ses spécificités (puissance, type de fluide frigorigène, etc.), mais également selon le type de bâtiment, de sa classification et de sa destination. Sans compter le respect des distances réglementaires et les prescriptions des fabricants.

L’accessibilité aux différents éléments (installations et informations) doit être, lui aussi, être anticipé et ce dès la conception du système, notamment en cas d’intervention sur les fluides frigorigènes. Si cette anticipation est passée à la trappe, des solutions correctives peuvent être appliquées : déplacer, si possible, les éléments qui rendent difficile l’accessibilité, étiqueter en dépoté les composants devenus invisibles (suite à un flocage ou une autre isolation), voire prévoir un synoptique ou un schéma de principe de l’installation pour faciliter l’entretien - surtout en cas de changement de prestataire-.

De la transparence sur le calorifugeage 

 

Le calorifugeage – isolation des réseaux de tuyauterie – est essentiel lors de l’installation d’une PAC en rénovation, selon le rapport REX BP. D’abord sur le réseau frigorifique, où le calorifeugeage doit être intégral, les liaisons frigorifiques jusqu’au droit des échangeurs. Il est recommandé de prévoir, dans les descriptifs, l’isolation spécifique pour chaque élément et leurs liaisons avec l’isolant des circuits courants. Le tout en sensibilisant les équipes de chantier sur l’intérêt d’une telle continuité d’isolation (de préférence résistante aux UV, hydrofuge et imputrescible), en respectant l’isolation prescrite, et en incluant la vérification des isolants à réception, ainsi que dans le contrat d’entretien.

Les bonnes pratiques sont à peu près les mêmes pour le calorifugeage du réseau hydraulique. Les solutions correctives soulevées par le rapport REX BP différent cependant. Sur le réseau hydraulique, il convient d’isoler les parties nues du circuit hydraulique avec un isolant adapté. Pareil pour le réseau frigorifique, dont l’isolant peut être aussi protégé par des protections mécaniques. 

Si ces mesures ne sont pas respectées, les impacts observés par le programme REX BP sont similaires : perte de calories lorsque la PAC est en fonctionnement et risque de condensation sur la partie « froid » ou fonctionnement « froid ». Ce dernier impact peut entraîner l’oxydation, puis la corrosion de la tuyauterie, à l’origine de fuites de fluide frigorigène. Le phénomène peut réduire la puissance en chauffage et casser le compresseur. « La condensation peut également entraîner l’apparition de désordres liés à l’humidité », ajoute le rapport.

La transparence concernant le type et la quantité de fluide frigorigène employé est également primordiale lors de l’installation. L’affichage de ces informations doit être lisible, indélibile, grâce à l’utilisation d’étiquettes prévues pour cet usage. Quand il y a une modification de quantité de fluide dans l’appareil, il est conseillé d’indiquer la charge en usine, la charge supplémentaire, la charge totale et la quantité en Teq CO2. Reporter toute modification et intervention dans le dossier de suivi et d’entretien de l’équipement à l’aide de la fiche d’intervention prévue à cet effet, fluidifient également les interventions. 

Si ces réflexes n’ont pas été respectées : les informations manquantes sont normalement disponibles dans la fiche d’intervention (cerfa n° 15497*02), qui a été délivrée à la maîtrise d’ouvrage, lors de la pose de l’appareil ou lors de la précédente intervention. 

Informer et conseiller sur l'entretien de la PAC 

 

Afin de faciliter les interventions – surtout celles en cas de force majeure - après l’installation de la PAC, les éléments associés doivent être clairement identifiés. Des informations qu’on peut inclure dans le cahier des clauses techniques particulière (CCTP) ou bien demander à l’installateur. Placer le schéma de principe au sein de la chaufferie, de manière bien visible et sous protection peut être également une bonne pratique. Si ces réflexes n’ont pas été appliqués lors de la conception ou l’installation, il suffit de prendre connaissance de l’ensemble de l’installation dans la notice fournie par le fabricant et les retranscrire sur un schéma de principe. 

Il arrive également que l’exploitant ne connaisse pas les caractéristiques du produit, son fonctionnement et sa régulation. Résultat : la PAC peut être mal utilisée, provoquant une perte de performance des équipements, un inconfort thermique des usagers et des surcoûts. La durée d’intervention peut également s’allonger. 

Selon le programme REX BP, l’installateur doit informer l’exploitant ou l’usager sur ces détails. Soit par des Opérations Préalables de Réception (OPR), suivie de la réception des travaux et d’une formation sur l’équipement. Soit par la réalisation d’un Dossier Utilisation Exploitation et Maintenance (DUEM) ou d’un document synthétique présentant les équipements en place, leurs localisations, les opérations d’entretien/ maintenance à réaliser avec leur fréquence, les paramètres de fonctionnement retenus, etc. Le professionnel peut aussi transmettre toutes les informations de l’installation et le détail de toutes les interventions dans tout contrat passé avec un prestataire d’exploitation.

De quoi faciliter l’entretien régulier et complet du système, nécessaire pour empêcher des problèmes de performance de la PAC (surconsommation et surcoût), des risques de panne, de fuites ou de diminution de sa durée de vie. Sans compter le risque de non-garantie, car la plupart des garanties incluent la souscription d’un contrat d’entretien.

Le livret d’intervention reste disponible et bien en évidence dans le local technique. AQC

L’installateur doit donc prodiguer des conseils d’entretien : vérifier le bon écoulement des condensats, vider le bac à condensat le cas échéant… Dans le cas d’une PAC aérothermique bibloc, la rapport REX BP recommande d’entretenir les abords des unités extérieures et nettoyer l’élément si besoin. L’exploitant peut de son côté souscrire un contrat de maintenance, avec intervention préventive au minimum tous les 2 ans (obligatoire pour les puissances supérieures à 4 kW). Pour toute intervention, une attestation d’entretien rédigée par la personne ayant effectuée la visite, doit être remise à l’exploitant dans les 15 jours suivant l’intervention.

 

Virginie Kroun
Photo de Une : Adobe Stock 
 

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