ConnexionS'abonner
Fermer

Métier d’architecte : le CNOA livre son baromètre 2024-2026

Publié le 17 décembre 2024

Partager : 

Dans son baromètre Archigraphie, le CNOA fait le point sur les grandes évolutions du métier d’architecte. De grandes tendances se dessinent : nombre d’architectes en stagnation, crise de la construction et parité en sûre et lente progression.
Métier d’architecte : le CNOA livre son baromètre 2024-2026 - Batiweb

Comme tous les deux ans, le Conseil national de l’Ordre des architectes (CNOA) publie son baromètre Archigraphie

« Archigraphie compile et ordonne un grand nombre de données démographiques, sociales et économiques afin d’accompagner la représentation de la profession et d’aider à la mise en place de politiques publiques adaptées », rappelle Christophe Millet, président de l’organisation. 

Stabilisation des jeunes diplômés et architectes inscrits à l’ordre 

 

Après une hausse des diplômés en architecture en 2022 - compensant la baisse en pleine pandémie -, la tendance stagne en 2023. 2 368 ont décroché un diplôme d’État d’architecte (DEA) et 1421 une habilitation à la maîtrise d'œuvre en son nom propre (HMONP)

87 % des diplômés HMONP ont accédé à un premier emploi en moins de six mois, contre 68 % des titulaires d’un DEA.  Sur ces deux catégories de diplômés, ils sont respectivement 65 % et 47 % à faire du suivi de chantier, « ce qui suggère une plus grande implication des HMONP dans l’aspect opérationnel des projets d’architecture, en lien avec leur autorisation à porter le titre d'architecte », souligne le CNOA. 

En termes de statut, « 86 % des HMONP en activité salariée sont en CDI dans le secteur privé, contre 79 % des DEA », lit-on dans l’Archigraphie. Davantage d’architectes HMONP exercent sous le statut de chef d’entreprise, d’indépendant, d’associé ou de microentrepreneurs. Ils sont d’ailleurs « nettement plus nombreux » à déclarer plus de 30 000 € de revenus nets annuels après 3 ans de diplôme, comptant 20 points d’écart salarial avec les DEA. 

Le CNOA dénombre 29 521 inscrits à l’Ordre en 2023. Ce qui montre un vieillissement de la population d’architectes, avec seulement 1 % des nouveaux membres de l’Ordre ayant 30 ans voire moins. 

Le niveau de rémunération oscille selon les tranches d’âges. Par exemple, les architectes libéraux de 45 à 64 ans sont les mieux payés (54 000 euros), devant ceux de 35-44 ans (43 000 euros) et les plus de 65 ans (40 000 euros), voire « plus du double de celui des moins de 35 ans (25 000 euros) ». 

Parité : un « progrès régulier mais lent »

 

Focus ensuite sur la parité. La féminisation du métier atteint les 34 % en 2023 et 644 femmes - contre 605 hommes - sont entrées dans l’Ordre cette année. D’ailleurs, plus de la moitié des architectes de moins de 35 ans sont des femmes. 

Le nombre de femmes a augmenté dans tous les types d’exercice en 2023, représentant 57 % des fonctionnaires, 42,5 % des salariés du secteur privé, 35 % des libéraux et 32 % des associés. Il faut dire que les écoles d’architectures accueillent en moyenne 60 % d’étudiantes depuis 2013.

« Toutefois, l’étude prédit que la parité ne sera atteinte qu’en 2040, indiquant un progrès régulier mais lent », commentent les auteurs du baromètre. 

D’autant que les femmes sont moins présentes dans les cursus HMONP. 55,7 % des femmes diplômées en architecture le sont dans le domaine HMNOP, face à 59,4 % d’hommes. Les femmes dans cette catégorie de métier sont moins inscrites à l’Ordre (26 % après 3 ans d’habilitation), comparé aux hommes (40 %). 

La question de la parentalité provoque toujours une scission. Alors qu’en 2024, 6 % des hommes architectes ayant eu un enfant ont arrêté de manière prolongée leur activité, les femmes architectes sont 18 %. De plus, 2 % ont décidé de se désinscrire de l’ordre, contre 0 % chez les hommes. 

Développement durable et rénovation, des thèmes de formations particulièrement suivies

 

Côté préférence de formation, les architectes mentionnent le mix présentiel et distanciel (39 %), avant le distanciel (32 %) et le présentiel (29 %).

Les thèmes des formations penchent surtout sur le développement durable (RE2020, réemploi, Feebat, Dynamo Copropriété), privilégié par 39 % des architectes interrogés. 

L’intervention sur l’existant n’est pas loin derrière, citée par 22 % des sondés. Une tendance soutenue par la massification des travaux énergétique, voulue par les pouvoirs publics.

Notons également que 62 % des travaux déclarés en 2022 par les architectes sont de l’entretien-rénovation, plutôt que du neuf. Soit une progression de 7 points qu’en 2012. 58,5 % de ces chantiers étant résidentiels. L’entretien-rénovation concentre 38 % des montants dépensés.  

« L’évolution de la place de l’architecte au sein de la maîtrise d’oeuvre et les enjeux liés aux changements climatiques sont des préoccupations majeures. Les architectes sont un peu moins nombreux qu’en 2020 à citer comme défis importants la diversification des métiers de l’architecture et l’impact du numérique sur le métier », décrypte le CNOA.

Dans le paysage professionnel, la part d’associés a triplé de 5 322 en 2000 à 15 266 en 2023, tandis que les libéraux ont chuté de 17 398 à 11 658 sur cette vingtaine d’années. « Par ailleurs, on dénombrait en 2023, 764 salariés (hors associés), 863 fonctionnaires, 640 architectes n’exerçant pas actuellement ou temporairement la profession d’architecte, et 330 architectes exerçant exclusivement à l’étranger », lit-on dans le baromètre. 

Des métiers très concentrés dans les grandes métropoles…

 

Quand on contemple leur maillage sur le territoire, on relève une forte concentration dans les départements des 12 plus grandes métropoles françaises (61 %). Inversement, la moitié de départements français, situés dans les zones à faibless densités démographiques, comptent moins de 125 architectes. 

« Tous les départements avec une ENSA comptent au moins 250 architectes, soit le double de la médiane », remarque le CNOA. « D'autres territoires ruraux, dynamiques et attractifs, tels que les littoraux et les espaces de montagne touristiques, démontrent une activité soutenue pour les architectes », poursuit l’organisation. 

Il n’empêche que les chantiers en grandes zones urbaines captent une plus grande activité économique en valeur. Paris surplombe (3,2 milliards d'euros) d’autres métropoles, telles que Lyon (1,8 milliard), Lille et Bordeaux (1,6 milliard), Marseille-Aix et Toulouse (1,4 milliard). 

La moitié des territoires enregistrent des dépenses de travaux allant de 200 000 à 300 000 euros. En France métropolitaine, le montant peut grimper jusqu'à plus de 400 000 euros par chantier déclaré dans le Nord, le Rhône, la Haute-Savoie et les Alpes-Maritimes. 

… et frappés par la crise de la construction 

 

Comme l’ensemble des métiers du bâtiment, celui d’architecte traverse la tempête. Pandémie, inflation sur fond de conflits géopolitiques, déclin du logement neuf… Les facteurs baissiers sont nombreux et peuvent impacter le « développement futur de la profession ». 

« Le taux de pénétration des architectes (soit la part de montants de travaux où interviennent des architectes) est constamment plus élevé dans le secteur hors logement que dans celui du logement (48 % contre 32 % en 2022) ; on note par exemple que les architectes ne sont maîtres d’oeuvre que pour 5 % des maisons individuelles », développe le CNOA dans son baromètre. Hors logement, les montants de travaux déclarés culminent à 33 milliards d’euros hors logement, contre 21 milliards pour le logement collectif et 10 milliards pour l’individuel

« L’intensité du travail et l’insécurité économique se démarquent comme les préoccupations d’une grande majorité d’architectes. Une part importante d’entre eux pointent également le manque de reconnaissance, les conflits de valeur ou encore le manque de coopération », indique également le CNOA. 


Virginie Kroun
Photo de Une : Adobe Stock 

Sur le même sujet

bloqueur de pub détecté sur votre navigateur

Les articles et les contenus de Batiweb sont rédigés par des journalistes et rédacteurs spécialisés. La publicité est une source de revenus essentielle pour nous permettre de vous proposer du contenu de qualité et accessible gratuitement. Merci pour votre compréhension.