ConnexionS'abonner
Fermer

Piscine Molitor : un cadre luxueux qui fait grincer des dents

Publié le 19 mai 2014

Partager : 

Fermée en 1989 et classée aux monuments historiques, la piscine Molitor a fait l'objet de travaux de rénovation, de restructuration et d'extension pendant trois ans. Désormais intégrée à un complexe hôtelier luxueux, elle a rouvert ses portes à un public trié sur le volet. Seuls les clients et les membres du club peuvent y accéder, ce qui n'a pas manqué de provoquer les critiques de Jack Lang, ancien ministre de la culture.
Piscine Molitor : un cadre luxueux qui fait grincer des dents - Batiweb

« Pool, Art, Life », ce sont sur ces trois mots que renaît en ce lundi 19 mai la piscine Molitor, lieu emblématique des années 30 connu par son ambiance avant-gardiste. Après 25 ans de fermeture, faute de moyens financiers pour entamer une rénovation, la piscine intègre désormais un complexe privé de luxe. Le lieu dispose ainsi d'un restaurant, d'un bar, d'une mezzanine, d'un toit terrasse, d'un spa, d'une salle de sport, de salles de réceptions, de chambres et de suites ainsi que d'un club VIP.

Portée par plusieurs architectes, la rénovation de la piscine classée aux Monuments Historiques a nécessité quelques ajustements. Le cabinet Perrot et Richard a été missionné sur l'aspect historique du bâtiment pour retrouver les couleurs, les dimensions, les signalétiques, les matières originelles dans le béton abîmé et sous les couches de peintures accumulées au fil du temps. L'idée etait de redonner au lieu son aspect d'antan tel qu'imaginé par Lucien Pollet en 1929. Les éléments d'art déco ainsi retrouvés sont alors réintégrés au lieu, notamment dans le bassin d'hiver, les cabines, le restaurant, ou encore sur la façade extérieur avec sa couleur jaune tango.
 

La piscine Molitor dans les années 80 avant la fermeture (photo d'archives © Gilles Rigoulet) / La piscine Molitor à l'heure actuelle © Alexandre Soria

L'alliance de l'art déco et de l'art urbain

Pour le reste, l'architecture se veut plus contemporaine, pariant sur le mélange de l'art déco et de l'art urbain au sein d'un même lieu. La rénovation des bassins et la conception de ce lieu de vie urbain baigné d'eau ont été confiées à Jacques Rougerie, passionné par le milieu marin et inventeur d’habitats transaquatiques.

Le cabinet Derbesse a coordonné l’ensemble des travaux et imaginé la sur-élévation du bâtiment qui abrite les chambres. Transparente, droite comme une règle, elle complète ainsi le bâtiment en respectant son allure originale.
 

Espace détente © Alexandre Soria / L'une des chambres de l'hôtel cinq étoiles © Alexandre Soria


Enfin, Jean-Philippe Nuel est l’architecte d’intérieur de Molitor où il a imaginé un dialogue des époques, de la naissance des piscines dans les années 30 jusqu’à aujourd’hui.

Un accès réservé qui choque Jack Lang

Les deux célèbres bassins de cette piscine - 44 mètres pour le bassin d'été ouvert et 33 mètres pour le bassin d'hiver couvert - ne seront pas accessibles à tous, au grand dam de Jack Lang. L'ancien ministre de la culture, qui avait fait classer la célèbre piscine parisienne, s'est dit « choqué » par sa réouverture, dénonçant « une mercantilisation du lieu »« Je ne suis pas contre l'appel à des capitaux privés, (...) mais les lieux doivent être ouverts à un large public », a-t-il déclaré à l'AFP.

En effet, seuls les clients de l'hôtel et les membres d'un club limité à 1 000 membres ont accès à la piscine. Le droit d'entrée du club s'élève à 1 200 euros, et l'adhésion annuelle à 3 300 euros. Une exception est cependant faite pour les scolaires, qui auront accès au bassin d'hiver trois demi-journées par semaine.

« Je suis heureux d'avoir contribué à la sauvegarde de ce lieu unique (un temps sous le coup d'un projet de démolition, ndlr), mais je regrette la destruction de l'esprit de Molitor », a déploré Jack Lang.

En 2007, la mairie de Paris avait lancé un appel à projets, remporté par le groupement Bouygues, Colony Capital et Accor. Les travaux, réalisés en deux ans et demi, ont coûté 80 millions d'euros.

Colony Capital détient le bénéfice de Molitor pendant 54 ans, dans le cadre d'un bail emphytéotique. La mairie de Paris est restée propriétaire du terrain.

C.T (source AFP)
Le bassin d'hiver de la piscine Molitor après rénovation © Alexandre Soria

Sur le même sujet

bloqueur de pub détecté sur votre navigateur

Les articles et les contenus de Batiweb sont rédigés par des journalistes et rédacteurs spécialisés. La publicité est une source de revenus essentielle pour nous permettre de vous proposer du contenu de qualité et accessible gratuitement. Merci pour votre compréhension.