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Fort Boyard : des travaux de restauration pour une ouverture au public en 2028

Publié le 10 juin 2025

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Face aux assauts répétés de la mer, le fort Boyard se fragilise. Un chantier de restauration d’envergure, engagé par le département de la Charente-Maritime, ambitionne de redonner vie au monument, tout en préparant une ouverture inédite au public à l’horizon 2028.
Fort Boyard : des travaux de restauration pour une ouverture au public en 2028 - Batiweb

Construit sur un banc de sable en pleine mer, au cœur du Pertuis d’Antioche, le fort Boyard est devenu une icône du patrimoine maritime français. Seulement, l’édifice subit depuis plusieurs décennies une lente dégradation. L’absence d’ouvrages de protection efficaces, comme l’éperon au nord, le havre d’accostage au sud, ou encore la risberme périphérique, l’a laissé à la merci des courants et des tempêtes.

Aujourd’hui, les fissures visibles sur ses façades ne menacent pas encore sa stabilité structurelle, mais témoignent d’un affaiblissement inquiétant. Le département de la Charente-Maritime, propriétaire du site, tire la sonnette d’alarme : «Sans une reconstruction des ouvrages de protection destinés à atténuer les effets des courants et de la houle, la ruine du fort Boyard est inéluctable ».

Un chantier à 36,6 millions d’euros pour 100 ans de protection

 

Conscient de l’urgence, le département a lancé dès 2020 une étude de faisabilité confiée à Artelia, suivie en 2022 par la mise en œuvre d’un projet de sauvegarde exceptionnel. L’objectif est clair : restaurer les ouvrages de protection historiques pour assurer la pérennité du fort sur les cent prochaines années.

Le programme prévoit notamment la reconstruction de l’éperon nord, conçu pour casser l’effet de la houle et éviter toute pression mécanique sur le fort lui-même. Il inclut également la remise en état du havre d’accostage au sud, indispensable pour sécuriser l’accès au site, ainsi que la reprise complète de la risberme, dont le rôle est crucial dans la lutte contre l’érosion des fondations. Enfin, des blocs de protection seront positionnés en amont du fort, afin de dissiper l’énergie des vagues avant qu’elles ne frappent les structures restaurées.

« En agissant pour la sauvegarde du fort Boyard, c’est un geste historique pour les 100 prochaines années que nous réalisons à la fois pour les Charentais-Maritimes et nos visiteurs si attachés à cet édifice », rappelle Sylvie Marcilly, présidente du département de la Charente-Maritime.

Ingénierie maritime et patrimoine unis autour du fort

 

Pour piloter ce chantier d’envergure, le département s’est appuyé sur un groupement expérimenté, composé du bureau d’études BRLi, de l’entreprise ETPO et de l’architecte du patrimoine Delphine Gramaglia. Tous partagent la même ambition : allier performance technique et respect de l’authenticité architecturale du fort.

Delphine Gramaglia souligne l’enjeu d’équilibre du projet : « Le projet de reconstruction de ces ouvrages, au-delà d’assurer la protection et la pérennité du fort, est l’opportunité de restituer ce monument historique dans son intégrité originelle ». L'architecte parle même d’un « juste compromis » entre la rigueur imposée par les contraintes contemporaines et la fidélité à l’histoire du site.

Une phase géotechnique exigeante dans un cadre extrême

 

Avant même le début du chantier, le projet a nécessité d’importants travaux préparatoires. Le bureau Groupe Géotec, spécialiste en ingénierie des sols, a été mobilisé pour mener des investigations géotechniques autour du fort. Réalisées en 2023 et 2024 depuis la plateforme autoélévatrice OMER, ces opérations se sont déroulées dans des conditions météorologiques difficiles et dans un environnement logistique très contraint.

Les sondages réalisés ont permis de caractériser précisément la structure des sols : remblai historique, bancs de sable, marnes et calcaires. Des essais pressiométriques, des carottages et des analyses en laboratoire ont complété cette cartographie souterraine, essentielle pour affiner les solutions de fondations des nouveaux ouvrages.

Thomas Portenart, responsable du service maritime de Groupe Géotec, évoque l’émotion particulière suscitée par ce chantier : « Fort Boyard, c’est un site emblématique que l’on associe spontanément à l’enfance, la nôtre, et celle de nos enfants. Ce chantier nous a aussi offert une belle symbolique : celle de déployer notre plateforme autoélévatrice OMER, pour ses 10 ans, à seulement quelques encablures de son lieu de naissance, à Marennes ».

Une ouverture inédite prévue en 2028

 

Ce projet de sauvegarde marque un tournant historique. À l’issue des travaux, le fort Boyard, longtemps interdit d’accès, deviendra enfin visitable. Un dispositif d’accueil sécurisé permettra aux visiteurs de découvrir l’intérieur du monument, dans le respect de sa structure et de son environnement.

Cette première ouverture au public fait déjà figure d’événement patrimonial. Pour accompagner ce grand projet, une campagne de mécénat a été lancée en partenariat avec la Fondation du patrimoine. Intitulée « Sauvons le fort Boyard », elle invite particuliers et entreprises à contribuer à la restauration de ce monument emblématique, via la plateforme dédiée.

Pour apporter votre soutien à ce projet de taille, c'est ici.

 

Par Jérémy Leduc

Photo de Une : Adobe Stock

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