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Bâtiment : une situation moins dégradée, « sans optimisme exagéré »

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Publié le 16 décembre 2025, mis à jour le 16 décembre 2025 à 15h19, par Nils Buchsbaum


À l’occasion de sa conférence de presse de fin d’année, la FFB présente son bilan 2025 pour le bâtiment et ses attentes pour 2026. La fédération stimule la baisse à -4 % en fin d'année.
© Jade Melquiond
© Jade Melquiond

En cette fin d’année 2025, c’est l’heure du bilan pour la Fédération française du bâtiment (FFB). Et le ton se veut grave, lors de la conférence de presse donnée au siège de la FFB à Paris le mardi 16 décembre, intitulée « Le logement, mal aimé de la République ». Olivier Salleron, président de la FFB, appelle à « une prise de conscience » face à « cette crise du logement qui s'amplifie, qui n'en finit plus et qui va sûrement un jour faire descendre les Français dans la rue ».

Dans un contexte politique et budgétaire instable, la situation apparaît néanmoins moins dégradée que prévu. L’issue des débats sur la loi de finances pour 2026 sera déterminante pour le secteur, entre la perspective d’un simple sursaut conjoncturel et celle d’une reprise plus durable. « Sans optimisme exagéré », Olivier Salleron entrevoit ainsi une possible sortie progressive de crise à l’orée de 2026.

 

Une activité encore en recul, plombée par le logement neuf

 

L’activité du secteur du bâtiment a de nouveau reculé en 2025, avec une baisse estimée à 4 %, selon les chiffres de la FFB. À l’origine de ce nouveau recul figure avant tout la production de logements neufs, pénalisée par l’effondrement des mises en chantier, en baisse de près de 40 % entre 2021 et 2024, dont 12,2 % sur la seule année 2024.

La FFB reconnaît néanmoins un « rebond » en 2025, porté par l’amélioration des conditions de crédit, les effets du plan de relance d’Action logement et de CDC Habitat, ainsi que par le ré-élargissement du prêt à taux zéro.

Cette reprise reste toutefois très insuffisante pour effacer les pertes accumulées. Malgré une hausse de 8,4 % des logements commencés, l’année 2025 s’achève avec 283 000 unités mises en chantier, bien en deçà de la moyenne annuelle de 360 000 observée sur la période 1980-2025. En revanche, la progression de 16,2 % des permis de construire en 2025 nourrit des perspectives plus favorables pour 2026, notamment dans le logement individuel.

Dans le non résidentiel neuf, le repli de l’activité s’est accentué en 2025, avec une baisse de 6,6 %, après des reculs plus modérés en 2023 (-0,2 %) et 2024 (-4,1 %). La contraction touche l’essentiel des segments, à l’exception des locaux commerciaux, dont le léger mieux reste à confirmer.

 

Emploi et apprentissage sous tension dans le bâtiment

 

Malgré une troisième année consécutive de difficultés, l’emploi dans le bâtiment recule de manière contenue, avec une baisse de 1,5 % en intégrant salariés et intérimaires en équivalent temps plein. Cette évolution représente toutefois 20 000 emplois supprimés sur l’année, tandis que 10 000 nouvelles pertes sont anticipées en 2026. « Nous perdons encore des salariés mais peut-être moins vite que ce qu’on avait pensé », souligne Olivier Salleron, rappelant que 65 000 emplois ont déjà disparu dans le secteur depuis le début de la crise en 2022.

La FFB anticipe toutefois une timide reprise de l’activité en 2026, évaluée à +1,8 %, portée par un redémarrage marqué de la construction de logements neufs (+9,5 %), sous réserve de l’adoption du premier projet de budget présenté par le gouvernement.

La déception est en revanche confirmée du côté de l’amélioration-entretien. L’activité a reculé de 1,1 % hors effet prix en 2025, « alors qu’on espérait une petite croissance », regrette Olivier Salleron. La FFB estime que tendance devrait se prolonger en 2026, avec un nouveau repli attendu de 0,5 %. En cause notamment, « une grosse grosse déception sur la rénovation énergétique des logements », appelée à s’éroder encore de 0,8 %, selon le président de la FFB.

Cette dynamique « catastrophique » est, selon Olivier Salleron, le résultat des « stop and go, des atermoiements, des "j’y comprends plus rien" sur MaPrimeRénov’». Le président de la FFB met en cause les changements répétés de règles et la pause estivale du dispositif d’aide à la rénovation énergétique, décidée face à l’afflux de demandes et aux soupçons de fraudes. Résultat, déplore-t-il : « MaPrimeRénov’ détricotée et essorée de tous les gestes simples, de nombreux clients ne savent même pas que cela existe encore ».

2026, entre espoir de reprise et incertitudes budgétaires

 

Un espoir cependant, que le Parlement adopte un budget pour 2026 qui comprenne un dispositif d'incitation à l'investissement locatif et une baisse du prélèvement fait sur les recettes des bailleurs sociaux. L’activité du logement neuf pourrait alors rebondir de 11,2%, selon la FFB.

« En l’absence de statut du bailleur privé véritablement incitatif, le rebond peinerait à se transformer ici en reprise » affirme Olivier Salleron.

La baisse annoncée des financements de l’apprentissage suscite aussi l’inquiétude de la FFB, alors que les recrutements d’apprentis dans le BTP reculent déjà de 8,9 %. L’organisation appelle l’État à préserver les moyens financiers nécessaires au fonctionnement des CFA de la profession.

Elle plaide par ailleurs pour une refonte de la REP PMCB, ciblée sur les seules filières qui en ont besoin, garantissant un maillage efficace des points de collecte et un soutien financier aux collectivités pour lutter contre les dépôts sauvages.

 

Par Nils Buchsbaum

Nils Buchsbaum
Journaliste - Batiweb

Nils Buchsbaum est journaliste à la rédaction de Batiweb. Il suit l’actualité du BTP, de l’urbanisme et de la construction durable, avec une attention particulière portée à la prévention des risques, aux enjeux environnementaux et aux évolutions législatives.

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