Des niveaux historiquement bas pour les matériaux de construction en 2025
Publié le 11 décembre 2025, mis à jour le 11 décembre 2025 à 17h09, par Virginie Kroun

Conflits géopolitiques, décisions douanières de l’administration Trump, incertitude politique et budgétaire… Toutes ces facteurs n’augurent rien de bon pour « l’investissement constructif des ménages, des entreprises et des collectivités locales », affirme l’Union nationale des industries de carrières et matériaux de construction (Unicem).
« Bien que lent, graduel et inégal, le processus de redressement de l’activité constructive reste toutefois engagé, notamment dans le logement. Il pourrait enfin permettre une stabilisation, voire une légère hausse, des productions de BPE en 2026», lit-on dans sa note de conjoncture.
« Mais côté granulats, la baisse d’activité attendue dans les travaux publics en cette année électorale pèserait sur la demande et se pourrait se solder par un nouveau repli de l’activité comparable à 2025 », est-il également indiqué.
Un redressement inégal selon les matériaux en 2025
En résulte une activité « hésitante et discordante » pour les matériaux de construction, comme constatée dans sa lettre mensuelle du mois de septembre. Si 2025 n’est pas fini, l’année devrait se solder sur « la quatrième année consécutive de repli des productions de granulats et de BPE », avec des niveaux « historiquement bas d’après l’union.
Si les granulats enregistrent un début d’année encourageant, le secteur termine sur un repli (-1,5 %). Avec 300 millions de tonnes de granulats produits, l’activité atteint le plus bas niveau depuis plus de 40 ans.
Côté béton prêt à l’emploi (BPE), la chute des livraisons en 2024 (-11 %) s’adoucirait en 2025 (-4 %), pour un total de 32 millions de m3. « Au total, sur les quatre dernières années, la chute d’activité en volume ressort à -21 % pour le BPE -15 % pour les granulats ! », s’alarme l’Unicem.
Carole Deneuve, cheffe du service économique et statistique de l’Unicem, constate toutefois « un mouvement de redressement engagé pour la quasi-totalité des matériaux ».
« En revanche, il est assez inégal, puisque certains matériaux sont repassés en terrain positif. C’est ce qui se passe du côté des tuiles et briques », détaille-t-elle, expliquant l’évolution d’activité du côté des constructeurs de maisons individuelles (CMIstes).
L'indicateur matériau à 83,8 soit 16 % en dessous de l'activité de 2021, fixée comme la base 100.
Le BPE et les granulats s’équilibreront en 2026
Si la construction de maisons individuelles retrouve des couleurs – dont sous l’extension du Prêt à taux zéro (PTZ) – l’investissement locatif attend l’établissement d’un statut de bailleur privé favorable.
Que dire aussi des travaux publics, dont les niveaux de chantiers s’essoufflent remarquablement sur N-1 avant les élections municipales, période habituée à une plus forte demande. En témoigne le petit négatif constaté en 2025, contre les +9 % constatés de coutume sur le segment.
« Donc dans ce contexte, la prévision 2026 que nous retenons (…) s'agissant du BPE, c'est une légère hausse de l'activité comprise entre 0 % et +2 %. Pour le moment, notre scénario central retient un petit +1 % », affiche Carole Deneuve.
Elle poursuit : « Et quant au granulat, on retrouve notre point haut finalement qui est aujourd'hui atteint, en tout cas dans le redressement opéré depuis 2024 ». Les prévisions tablent sur une stabilisation entre -2 % et 0 % ».
Défendre le béton dans la construction
2026 sera l’occasion pour l’Unicem de remettre différents dossiers sur la table, dont la promotion de l’utilité du matériau minéral au bon endroit. « Nous plaidons pour une utilisation rationnelle et raisonnée des matériaux, fondée sur la complémentarité et la mixité des solutions constructives», soutient Alain Plantier, président de l’Unicem.
Côté transition écologique, l’union tient à démystifier l’image du béton. « Le terme bétonisation, devenu un slogan, jette un discrédit injustifié et totalement inadapté sur un matériau de construction essentiel pour relever les défis du logement, de la transition écologique et de l’adaptation au changement climatique », évoque notamment M. Plantier.
D’autant que l’Unicem voit le béton comme un levier pour moderniser les infrastructures et résorber la crise du logement.
Autre sujet important : la Responsabilité élargie du production (REP) Bâtiment, faisant l’objet d’une refonte. « Forte de la maturité de la catégorie 1, dont les objectifs 2028 seront atteints dès 2025, la fédération réaffirme son attachement à la stricte séparation entre catégories 1 et 2 et refuse toute fongibilité financière», indique l’Unicem. Une mesure aussi proposée par Écominéro.
Par Virginie Kroun














