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Accenta démocratise le bâtiment bas carbone

Publié le 02 octobre 2018

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Née en 2016, la startup Accenta a développé un système énergétique capable de réduire l’empreinte carbone d’un bâtiment. La technologie s’appuie sur deux outils : le logiciel accenta.design qui permet de concevoir la chaufferie la plus efficace tout en limitant les coûts d’investissements ; et la plateforme accenta.ai qui établit un plan de production et de stockage de l’énergie en fonction des besoins du bâtiment. Pierre Trémolières, fondateur d’Accenta, nous en dit plus sur cette innovation.
Accenta démocratise le bâtiment bas carbone - Batiweb
Le bâtiment est à l’origine de 45% de la consommation énergétique nationale et d’un quart des émissions de CO2. Si la réglementation évolue et pousse le secteur à innover, il devient nécessaire d’accélérer le déploiement de solutions permettant de réduire l’empreinte carbone du secteur.

Dans ce contexte, Accenta a conçu une solution de stockage intelligent des énergies décarbonées du bâtiment. La technologie, développée en partenariat avec les équipes de recherche du CES de Mines ParisTech (Armines) et du BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières), permettrait de diminuer jusqu’à 90% l’empreinte carbone et jusqu’à 50% la consommation énergétique des fonctions thermiques du bâtiment.

Batiweb : Comment est née l’initiative ?

Pierre Trémolières : « On a essayé d’avoir une démarche très appliqué au besoin du marché. On voyait un monde du bâtiment qui ne trouvait pas toutes les solutions pour décarboner la phase d’exploitation. Or, ce qui émet le plus de carbone dans cette phase, ce sont les fonctions thermiques. Il y avait pas mal de travail à faire et d’optimisation à amener. On a donc fait un panorama le plus complet possible de ce qui existait et on a essayé de marier des technologies hardware existantes avec des technologies de dernière génération de type intelligence artificielle et Machine Learning pour optimiser à la fois la performance et la fiabilité d’un système énergétique bas carbone ».

Deux outils au service du bâtiment bas carbone ont alors vu le jour. Dites-nous en plus.

« On a développé le logiciel accenta.design qui permet aux bureaux d’études de mettre ce qu’il faut de photovoltaïque, ce qu’il faut d’unité de stockage et de déstockage, par rapport à la situation et aux besoins du bâtiment. Ce logiciel permet d’avoir un optimum en termes de dimensionnement du système pour que ce soit beaucoup plus digeste et comparable aux coûts des systèmes carbonés ».

« La seconde phase, c’est notre contrôleur intelligent : accenta.ai. On a décidé de concevoir un système énergétique le plus optimisé possible d’un point de vue énergies renouvelables, carbone et coûts. Il y avait d’énormes gains à faire. On va au quotidien recalculer les besoins du bâtiment en fonction de la réalité de la consommation du bâtiment ».

Chaque outil répond donc à un enjeu en particulier… Fonctionnent-ils ensemble ?

« Ça travaille l’un après l’autre : accenta.design en phase de conception pour que le maximum de bureaux d’études puisse faire des bâtiments avec une chaufferie bas carbone. Ensuite, le contrôleur, qui se présente comme une box que l’on installe dans la chaufferie à côté de la pompe à chaleur, va donner le cadencement de production de chaleur décarboné, de stockage de cette chaleur en juste quantité, et de déstockage en juste temps. Ce sont deux phases très différentes mais qui servent à un bâtiment bas carbone moins cher ».

L’offre s’adapte-t-elle à tous les types de projets ?

« Tout à fait. On va être sur du neuf pour concevoir des systèmes énergétiques parfaitement calés. En ce sens, le tertiaire est formidable. L’été, on peut récupérer la chaleur fatale des processus de climatisation, la stocker dans une unité pour la déstocker en hiver. On a donc de la chaleur gratuite. » « Les bâtiments étant très consommateurs, nous sommes également destinés à la rénovation. Le prix d’une enveloppe peut vite devenir exponentiel. Il faut donc trouver un équilibre entre l’euro investit dans l’enveloppe versus l’euro investit dans un système énergétique décarboné qui va mécaniquement faire baisser la consommation énergétique ». 

Pierre Trémolières nous explique que pour le stockage de l'énergie, plusieurs solutions se présentent. Le BTES (Borehold Thermal Energy Storage) est aujourd’hui « la seule solution économiquement viable du stockage intersaisonnier de chaleur », selon Accenta. Il consiste en un champ de sondes géothermiques utilisé à des fins de stockage de chaleur dans le sol. Les sondes sont des circuits fermés de faible diamètre dans lesquels circule un fluide caloporteur permettant des échanges thermiques.

Le décret tertiaire a été définitivement entériné. Qu’en avez-vous pensé ?

« Ça ne nous pas fait plaisir qu’il se soit dissout mais pour autant, ce qu’on constate c’est qu’on a des interlocuteurs, notamment dans les foncières, qui ont mesuré que le bâtiment vert était essentiel pour la valeur de leur portefeuille d’actifs. On n’a donc pas vu de perte d’appétence par la diminution de la pression des lois. (De plus), le décret tertiaire revient par la fenêtre dans la loi Elan ».

« Il y aussi la contrainte fiscale avec la montée en puissance de la CCE qui va quand même renchérir les énergies carbonées de manière assez significative, pour les bâtiments chauffés au gaz et au fioul. Ça a une vraie incidence ».

accenta.design et accenta.ai anticipent la future réglementation et répond aux objectifs de neutralité carbone…


« On est pile-poil dans ces sujets. Et on est très heureux de voir que le législateur monte en puissance sur la dimension carbone. On est assez ambitieux puisqu’on amène sur la table une solution qui permet d’être très efficace d’un point de vue énergie/carbone et qui a l’avantage d’être assez efficace d’un point de vue économique. Pourquoi faire carbone quand on peut faire décarboné pour le même prix, voire gagner de l’argent ? » 

En parlant de futur, quels sont les projets d’Accenta ?

« Notre ambition est bien sûr de développer la chaufferie bas carbone en France. Notre activité de R&D est très forte. Des innovations sont prévues dans les mois et années à voir. L’objectif est d’innover toujours plus pour la décarbonation des bâtiments. Mais on s’intéresse dès maintenant à l’Europe qui a une vraie appétence pour ce marché naissant. Au sein d’un consortium composé de 8 pays, on a trouvé assez facilement des partenaires. Il y a toujours des pays moins sensibles que d’autres. Mais déjà, nos partenaires ont identifié 14 bâtiments pour les équiper avec notre solution ».

Propos recueillis par Rose Colombel
Photo de une : ©Accenta


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