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Alain Maugard : « les idées n'ont pas d'âge »

Publié le 04 septembre 2013

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Celui dont on connaît plus le regard que le parcours revient sur les grands moments de sa vie et les étapes clefs de sa carrière, des ministères aux organismes publics. Petit moment de narcissisme...
Alain Maugard : « les idées n'ont pas d'âge » - Batiweb

Originaire de Toulouse, Alain Maugard est un pur produit provincial. A l'époque où la province mettait moins de monde en grandes écoles, il est de cette génération montante venue se former à Paris. Ce sera l'Ecole Polytechnique et les Ponts et Chaussées. Davantage passionné par l'économie que par les routes, il fait le choix de l'urbanisme et de la construction. Nous sommes en 1967, Alain Maugard entre au ministère de l'Equipement, fusion des Ministères des Travaux Publics et de la Construction.

Le troisième homme

« J'ai d'abord occupé un poste classique à la DDE des Hauts-de-Seine, raconte l'ingénieur. J'y avais la charge de l'urbanisme opérationnel et de la construction de ZAC et de HLM (UOC) ; mais pas du schéma directeur d'urbanisme ». Un manque qui sera vite comblé puisqu'en 1975 il rejoint la Meurthe-et-Moselle où l'urbanisme lui sera confié en plus de l'UOC. Un choix logique pour celui qui considère que le design du développement urbain et la construction sont indissociables.

Après ce passage en Lorraine, il intègre la Direction de la Construction. Le département est divisé en deux services techniques : la politique technique et le plan construction, qui accouchera en 1998 du PUCA (Plan Urbanisme Construction Architecture). Deux ingénieurs des Ponts sont à la tête de ces services dédiés à l'innovation et à la recherche. Il est proposé de créer un nouveau poste qui sera la somme des deux, et de nommer un responsable unique. Ce troisième homme sera Alain Maugard.

Architectures et Villes Nouvelles

« Au sein de cette instance, nous avons essayé de casser les modèles, travaillant à des réalisations expérimentales et à la réglementation technique, en lançant notamment le Programme Architecture Nouvelle (PAN) », qui débouchera sur le projet européen Europan. C'est le temps des Villes Nouvelles. Un homme va jouer un rôle important, qu'Alain Maugard côtoie au Plan Construction. « Paul Delouvrier était un grand personnage, à la fois homme d'Etat, de pouvoir, et humainement attentionné ».

Secrétaire permanent du Plan Construction jusqu'en 1981, Alain Maugard devient après l'alternance directeur adjoint du cabinet de Roger Quilliot, au logement puis à l'urbanisme, et de Paul Quilès qui le remplace en 1983. Un poste se libère, celui de Directeur de la construction, qu'il occupe jusqu'en 1990. C'est durant ce mandat qu'est lancé un observatoire des loyers et une réflexion sur la liberté totale des loyers. Une mauvaise idée selon M. Maugard, qui lui préfère un système d'amortisseurs, d’ailleurs définitivement adopté par les gouvernements successifs.

Regard sur la recherche et le Futur

Après les ministères, les établissements publics. A la tête de l'Epad, il poursuit la construction de la Défense côté Nanterre, pour aller « de la Seine à la Seine », en prolongement de l'axe historique du Louvre. La Grande Arche, tout juste livrée, est « belle des deux côtés ». Un concours international est lancé, dont on retient le projet des Terrasses, qui permet de résoudre les rebonds que fait la montée reliant la Grande Arche à Nanterre.

« Mon passage au CSTB, de 1993 à 2008, a été une belle période, longue et passionnante, où j'ai vécu au rythme des innovations ». Voué à la recherche, il contribue à ouvrir le champ de la santé environnementale, du changement climatique et de l'efficacité énergétique. Il y développe l'idée de bâtiment à énergie positive et de ville intelligente durable, et publie deux ouvrages, « Regards sur le Bâtiment » et « Regard sur la ville durable ». Imaginatif, ce monsieur Maugard.

Spirale positive

« Il ne faut pas avoir honte d'avoir construit les villes. En tant que réponse environnementale, la densité n'est pas une mauvaise idée. Il y a eu une bascule chez les écologistes quand ils comprennent que le bâtiment n’est pas un obstacle mais au contraire une solution : le bâtiment apporte des solutions et ne représente plus un obstacle. On se prend en main on construit des bâtiments à Energie Positive. La troisième révolution industrielle aura lieu. Tous les signaux sont au vert. Ce n'est pas la crise, c'est la grande mutation », lance-t-il, évoquant un intermède de six mois au Conseil général de l'Environnement et du développement durable. 

Après les innovations des industries, des ingénieurs et des architectes, il se consacre désormais aux acteurs entrepreneurs. Président de Qualibat depuis 2009, il complète son effort et y trouve une cohérence certaine. « Pas d'immeuble performant sans acteurs compétents. Il faut donc tirer vers le haut, attirer du monde dans une spirale positive », note celui qui entreprend chaque été l'ascension à vélo du Mont Ventoux. Un petit challenge pour ce monsieur de 70 ans.

Laurent Perrin

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