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Après 20 ans de recherche, quels progrès pour la QAI ?

Publié le 12 janvier 2022

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Fondé en 2001, l’Observatoire de la Qualité de l'Air Intérieur (OQAI) fêtait ses 20 ans de recherches et de recommandations sur la question de la qualité de l’air intérieur, lors d’un colloque en décembre dernier. De nombreuses tables rondes animées par des experts ont permis de faire le point sur les résultats de moult campagnes de mesures réalisées durant les deux dernières décennies.
Après 20 ans de recherche, quels progrès pour la QAI ? - Batiweb

Plus de 500 personnes ont assisté décembre dernier au colloque de l’Observatoire de la Qualité de l’Air Intérieur (OQAI), qui célébrait alors son 20ème anniversaire. Parmi les participants, de nombreux acteurs français et européens de la communauté scientifique, du monde de la santé et du logement, ont pu découvrir les réalisations de l’observatoire créé en 2001. Ces dernières ont été décryptées au fil de tables rondes et portaient notamment sur la qualité de l’air dans les espaces clos.

« En 2001, la qualité de l’air intérieur n'était pas encore perçue et traitée comme l’enjeu sanitaire majeur qu’elle est aujourd’hui. L’OQAI a largement contribué à cette évolution. Il a en cela pleinement joué son rôle, apportant des réponses fiables et objectives aux questions posées par la société ». Tels sont les mots d’Andrée Buchmann, présidente de l’OQAI, qui introduisent un bilan riche en campagnes de recherches, visant à évaluer les risques sanitaires et guider les politiques publiques en termes de QAI.

Vers un logement plus surveillé et performant

 

Un de angles d’attaque adopté par l’OQAI se concentrait sur la pollution de l’air des logements. Une première campagne nationale en 2003, menée dans 567 logements représentatifs du parc métropolitain, recherchait les substances polluantes à surveiller.

Chose qui a probablement permis la naissance de certaines réglementations : l’étiquetage règlementaire des produits de construction et de décoration au regard de l’émission de composés organiques volatils (COV) en 2012, ou la publication des premières valeurs limites règlementaires pour l’air intérieur, pour le formaldéhyde et le benzène, en 2011.

Une seconde campagne a démarré fin 2020, cette fois-ci dans 600 maisons et appartements, et compte mettre à jour les connaissances d’ici fin 2022. Et ce au regard de l’évolution des réglementations – qui se prononcent d’ailleurs courant 2022 – et modes de vies, chamboulés par la crise sanitaire. L’impact de la QAI sera donc on ne peut plus analysé, passant en revue notamment 84 substances chimiques (NO2, aldéhydes, COV, COSV) et 90 pesticides (dans l’air et les poussières au sol).

Un point important, alors que, selon l’OQAI, les Français passeraient 67 % de leur temps dans leur logement, où le confort est désormais sacralisé. Or, la QAI jouerait un rôle crucial dans ce confort, que ce soit en France ou à l’échelle internationale. C’est ce que souligne le Docteur Maria Neira, directrice du département Santé publique et environnement à l'OMS, lors de la table ronde dédiée à la thématique logement et qualité de l’air intérieur.

Autre conclusion de l’OQAI : le lien important entre pollution de l’air et performance énergétique du bâtiment. Une étude réalisée par l’observatoire entre 2012 et 2018 dans 128 logements occupés, mesurait leur concentration en dioxyde de carbone (CO2), moisissures, particules, aldéhydes et COV. Une attention particulière a été également apportée à la température et les débits / pressions aux bouches des systèmes mécaniques de ventilation.

D’après les résultats tirés de l’étude, l’OQAI appelle à une forte vigilance vis-à-vis de la performance énergétique, en se basant sur les concentrations élevées en hexaldéhyde, limonène et alpha-pinène. La proportion de logements en contamination fongique active est un autre bon indicateur.

La QAI à l’école et au travail, une priorité renforcée par la crise

 

Les experts intervenus durant le colloque appuient également, qu’au-delà de la santé et du confort, la qualité de l’air intérieur impacte la concentration.

Cela se constate du côté des écoles, alors que selon les moyennes européennes, 27 % des enfants passent leur temps en classe. La Campagne nationale Écoles, menée par l’OQAI entre 2013 et 2017, a accompagné cette prise de conscience, passant au crible 600 salles de classes élémentaires et maternelles, réparties dans 300 établissements en France métropolitaine.

Plusieurs signes d’une pollution de l’air ont été relevés : concentrations de particules fines supérieures à la valeur guide proposée par l’OMS pour l’air extérieur en 2021 ; composés organiques semi-volatils (COSV) omniprésents pour la plupart ; traces de plomb dans des peintures à l’état dégradé dans 15 % des écoles, ainsi qu’un niveau de confinement de l’air très élevé dans 40 % des écoles.

La crise sanitaire a renforcé la vigilance autour de ces facteurs, incitant l’OQAI à préconiser entre autres le renforcement de mesures d’aération et de ventilation des salles de classe.

La prise de conscience est aussi de mise dans les bureaux, où l’observatoire a entrepris de 2013 à 2017 des mesures dans 645 espaces de travail, répartis dans 129 immeubles de bureaux en France métropolitaine. Il s’agit d’environnements où il n’est pas toujours possible de ventiler naturellement. 

Certes les concentrations sont globalement faibles - hormis en benzène -, avec 69 % d’espaces peu pollués, bien majoritaires comparés aux espaces multi-pollués (5 %) et ceux fortement concentrés en aldéhydes (26 %). Parmi les facteurs influençant la QAI les bureaux, l’environnement extérieur, les imprimantes, les produits de nettoyage et le type de ventilation et saison sont pris en compte. Il n’empêche que le bruit, comparé à la qualité de l’air, reste le principal motif d’inconfort au travail, estiment les experts de l’OQAI.
 

Virginie Kroun
Photo de Une : Adobe Stock
 

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