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Confort des bâtiments : des référentiels inadaptés à l'Outre-mer, selon une étude

Publié le 17 mars 2023

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Une nouvelle étude montre que les référentiels actuels en matière de confort des bâtiments ne sont pas adaptés aux climats tropicaux, chauds et humides. La climatisation, souvent utilisée à outrance, consomme une grande quantité d'énergie et est souvent utilisée au détriment de solutions plus économiques et écologiques, comme la construction de bâtiments bioclimatiques.
Confort des bâtiments : des référentiels inadaptés à l'Outre-mer, selon une étude - Batiweb

Diffusée par les bureaux d’études Imageen et Watt Smart, ainsi que l’association Kebati, l'étude Coco, menée sur trois territoires ultra-marins - La Réunion, Mayotte et la Martinique - révèle que les référentiels actuels en matière de confort des bâtiments ne sont pas adaptés à ces climats tropicaux, chauds et humides. 

La Réunion, par exemple, doit relever le défi de la dépendance énergétique et des émissions de CO2, avec une production d'électricité à hauteur de 71,8 % d’énergies fossiles et seulement 28,2 % des énergies renouvelables, selon le bilan énergétique annuel de l'Observatoire Energie Réunion. 

30 à 50 % de foyers climatisés

 

Sur cette île française, la climatisation représente 45 à 70 % de la consommation électrique des sites tertiaires de bureaux, selon l'Agence Qualité Construction. Les foyers ne sont pas en reste avec un taux d'équipement en climatisation qui atteint 30 à 50 %.

D’après le programme Clim'eco, la climatisation représente plus de 20 % de la consommation d'électricité des ménages dans les départements ultra-marins, et près de la moitié des foyers sont équipés de climatisation en Outre-mer. Ce taux d'équipement est amené à se multiplier par 4 dans le monde d'ici à 2050.

Bien que l'air conditionné soit bon marché à l'achat, son usage se fait souvent au détriment de solutions plus écologiques et économiques. En effet, lors de la construction d'un bâtiment neuf, les concepteurs optent pour un choix constructif parfois peu adapté aux climats tropicaux, chauds et humides, produit des bâtiments insuffisamment ventilés ni correctement protégés, qui nécessiteront une climatisation pour compenser la chaleur ambiante.

Dans ce contexte, les bâtiments bioclimatiques pourraient être une solution intéressante et plus économique, tout en étant plus écologique, mais leur conception est souvent sous-estimée. 

 

Le confort sous-estimé des bâtiments bioclimatiques

 

Les professionnels du bâtiment se basent sur le diagramme de Givoni pour évaluer le confort d'une future construction, mais ce référentiel ne correspond pas à la perception du confort en Outre-mer. Selon l’étude Coco, les résidents de Martinique et de Mayotte ne partagent pas la même vision du confort que celle décrite par ce diagramme. 

 

 

L’étude démontre également que les personnes interrogées ont une plus grande tolérance à la chaleur et à l'humidité que les seuils habituellement admis pour le confort. « Une personne qui est acclimatée à un climat tropical va supporter des conditions de températures plus élevées qu’un résident récemment arrivé de la métropole », précise Nejia Ferjani, directrice du Bureau d’étude IMAGEE

Les résultats ont montré qu'une ventilation légère, naturelle ou artificielle, permettent à plus de 60 % des sondés de se sentir confortables à une température de 32°C et à près de 40 % de ne pas ressentir de chaleur.

« Le secteur de la construction et du BTP a ainsi été encouragé à climatiser à outrance les bâtiments en climat tropical, en se basant sur des hypothèses inadaptées », indique le rapport, alors qu'aujourd'hui il est possible de créer des bâtiments confortables sans avoir recours à la climatisation en adoptant des pratiques de construction bioclimatiques adaptées à l'Outre-mer, telles que la végétalisation de l’environnement du bâtiment, l'isolation des toitures ou encore le recours aux brasseurs d'air. 

La démonstration par l’étude Coco des bonnes performances en termes de confort, liées l’utilisation des brasseurs d’air associés à une climatisation modérée pourrait également être une source d’inspiration pour les acteurs du bâtiment en métropole. 

Pour cela, « il faut faire changer la conscience collective et les habitudes vis-à-vis de la climatisation, et privilégier le rafraîchissement des bâtiments plus que la climatisation. Notre retour terrain montre qu’il est possible d’avoir du confort, y compris sans climatisation : on peut avoir du confort jusqu’à 28°C sans ventilation, voire au-delà de 30°C avec un brasseur d’air », souligne Mme Ferjani.

 

Marie Gérald

Photo de une : © AdobeStock

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