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Grâce à la rénovation, de nombreuses émissions de CO2 évitées en maison individuelle

Publié le 12 septembre 2022

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Fruit d’un travail commun entre l’Ademe et le SDES, une nouvelle enquête Tremi était publiée mercredi 7 septembre. Après un focus sur l’année 2017 dans la précédente édition, ce rapport se concentre de nouveau sur l’efficacité des travaux de rénovation énergétique en maison individuelle dans la baisse d'émissions de CO2. Durant l’année 2019, 2,1 millions de tonnes d'équivalent CO2 ont pu être évitées, selon les estimations du rapport, notamment grâce au changement de systèmes de chauffage.
Grâce à la rénovation, de nombreuses émissions de CO2 évitées en maison individuelle - Batiweb

« L’habitat représente un cinquième des émissions de gaz à effet de serre en France », rappellent l’Agence de la transition écologique (Ademe) et le Service des données et études statistiques (SDES, en introduction de leur enquête travaux de rénovation énergétique des maisons individuelles (Tremi). 

Réalisée en 2020, l’étude tend à « quantifier les réductions conventionnelles d’émissions de gaz à effet de serre générées par les travaux de rénovation effectués par les ménages en maisons individuelles », après un premier focus consacré aux travaux en 2017.

« Ces économies conventionnelles peuvent s’écarter des économies réelles d’énergie associées aux rénovation , en raison de l’effet dit « rebond » qui peut induire une augmentation des consommations réelles une fois certains gestes de rénovation réalisés (augmenter le confort) », est-il précisé dans l’étude. 

Au total, l’enquête Tremi porte sur 3,4 millions de gestes de rénovation terminés en 2019, réalisés par 2,2 millions de ménages. Premier chiffre qui ressort : les travaux réalisés à cette période ont fait reculer de 2,1 millions de tonnes d'équivalent CO2 (MtCO2eq) les émissions en maison individuelle. De quoi renforcer l'attrait des Français vers le logement individuel, comme révélé en juillet dernier par une enquête par le réseau Procivis et Harris Interactive.

Le chauffage, le poste de rénovation le plus impactant sur le plan carbone ?

 

Lorsque l’on se concentre par poste de rénovation, on remarque que les changements de système de chauffage contribuent majoritairement aux réductions de gaz à effet de serre. Pour preuve, les ménages ayant entrepris des gestes de rénovation sur leur système thermique en 2019 ont évité 1,4 MtCO2eq. Par geste, cela représente 2 356 kg.

Selon le système de chauffage choisi par le ménage, les effets sont assez hétérogènes. Par exemple, l’installation d’une pompe à chaleur (PAC) a épargné 0,6 MtCO2eq, soit en moyenne 4 456 kg par logement et 42 % de la baisse de CO2. L’installation de chauffage électrique a évité 0,7 million MtCO2eq pour une moyenne de 3,7 kg par logement et le changement de chauffage fioul 0,9 million MtCO2eq (6,5 kg par logement). Des chiffres qui confirment la stratégie du gouvernement d'augmenter les aides MaPrimeRénov’ pour la PAC et le chauffage biomasse, afin de lutter contre la crise énergétique actuelle.

Graphique 1 : diminution annuelle des émissions de CO2 selon le poste rénové

Mais c’est sans compter les réductions de CO2 selon l’énergie privilégiée. L’enquête Tremi relève ainsi que sur les 188 000 ayant reçu un appareil fonctionnant à l’électricité, 50 % des baisses de gaz à effet de serre viennent du système de chauffage. Ce sont d’ailleurs les bascules fioul-électricité qui rassemblent les baisses moyennes les plus élevées, avec 6500 kgCO2eq sur 137 000 ménages.

Si le chauffage concentre 65 % de la baisse de CO2 - devant les travaux de toitures, de murs comme de ventilation -, il n’occupe que 19 % de la surface de logements rénovés. Toutefois, comme mentionné dans l’enquête Tremi :  « les rénovations des ouvertures, bien qu’étant fréquentes, ne contribuent qu’assez peu aux économies totales de CO2, du fait de faibles gains unitaires. De manière générale, ces derniers varient fortement selon le poste rénové ».

Plus il y a de gestes et postes de rénovation, plus forte est la baisse de CO2


Le changement de chauffage est présent à 87 % dans les travaux de plus de 5 gestes de rénovation opérés en 2019. Le choix d’un tel bouquet équivaudrait à 0,2 MtCO2eq pour une moyenne de 3 216 kg par logement. En résulte 10 % de la baisse de CO2 sur le parc de maisons individuelles, bien que ces travaux n'occupent que 3 % de la surface de logements rénovés.

Graphique 4 : diminution annuelle des émissions de CO2 suivant le nombre de postes réalisés en 2019

« Plus encore que le nombre de gestes, le nombre de postes, représentant des familles de gestes, semble fortement jouer sur l’efficacité des rénovations. Les bouquets de travaux faisant intervenir trois postes ou plus représentent ainsi 25 % des diminutions de gaz à effet de serre pour seulement 10 % de la surface rénovée », observent l’Ademe et le SDES. Ainsi, les ménages ayant opté pour 3 postes de rénovation ou plus en 2019 ont permis un recul de 0,5 MtCO2eq (2 588 kg par logement).

Chose pouvant encourager la rénovation performante de l'habitat, stratégie défendue par nombreux acteurs du bâtiment pour prémunir les ménages contre les hausses des prix de l'énergie aggravées par la guerre en Ukraine.

Âge, zone, taille de maisons : des facteurs qui creusent la performance d’une rénovation

 

Autre axe étudié dans l’enquête Tremi : l’âge des maisons rénovées. Les maisons datant de 1948 ou avant ont, suite à leurs travaux, économisé 0,9 MtCO2eq (1 290 kg par logement), soit 41 % de la baisse de CO2 et 33 % de la surface de logements rénovés. 

Graphique 5 : diminution annuelle des émissions de CO2 suivant la date de construction du logement rénové

D’autant que : « les logements construits avant la première réglementation thermique de 1974 représentent ainsi les trois quarts associées à la rénovation des logements construits après la dernière réglementation thermique de 2012, qui présentent un niveau de performance énergétique déjà élevé, sont marginales », rapportent les auteurs de l'enquête. 

La taille de la maison individuelle rénovée jouerait également sur les parts de CO2 émises. Quand on compare les réductions de CO2 entre les maisons de moins de 70 m2 et celles de plus de 150 m2, on note un écart. Les deux catégories enregistrent respectivement -0,1 (3 % de la baisse totale de CO2 et de la surface de logements rénovés) et -0,7 MtCO2eq (34 % de la baisse pour 29 % de la surface). La logique s’applique sur le gain moyen par m2, avec 8 % des logements mesurant 70 m2 ou moins et 17 % des logements 150 m2 ou plus. 

Graphique 6 : diminution annuelle des émissions de CO2 suivant la taille du logement rénové

Sur le plan géographique, les travaux de rénovation - d’un ou plusieurs gestes - ont plus d’impact sur l’empreinte carbone dans les Hauts-de-France. La région concentre un total de 0,28 MtCO2eq (1 100 kg par logement en moyenne, 13 % de la baisse de CO2 et 11 % de la surface de logements rénovés).

Graphique 7 : diminution annuelle des émissions de CO2 suivant le statut d'occupation du ménage rénovateur

À l’inverse, les régions Provence-Alpes-Côte d’Azur et Corse, autant en baisse totale qu’en baisse moyenne par logement, concentrent un faible recul des émissions de CO2. La baisse moyenne par logement est en revanche forte en Normandie et en Bourgogne-Franche-Comté, dépassant le seuil des 1 200 kg de CO2 évités. « Ces constats semblent cohérents avec le climat de ces régions : les ménages ont plus besoin de chauffer dans le nord et l’est de la France, ce qui implique des baisses d’émissions associées aux rénovations », commentent l’Ademe et le SDES dans leur enquête.

94 % de la baisse de CO2 concentrée par les travaux des propriétaires

 

2 MtCO2eq et 1 027 kg par logement en moyenne économisés : c’est le résultat des travaux d’un ou plusieurs gestes de rénovation entrepris par les 2 millions de propriétaires en 2019. À eux-seuls, ils concentrent 94 % de la baisse de CO2 et 92 % de la surface de logements rénovés.

Les locataires, quant à eux, ont été seulement 240 000 à s’engager dans de tels chantiers. « Par conséquent, le parc locatif, du secteur privé et social, contribue à hauteur de 8 % à la surface totale des maisons individuelles rénovées et à hauteur de 6 % aux baisses de CO2 sur l’ensemble de l’année 2019, tandis qu’il représente 12 % de la surface de l’ensemble des maisons individuelles », concluent l’Ademe et le SDES. 

Graphique 8 : diminution annuelle des émissions de CO2 selon les revenus disponibles (par UC) des occupants du ménage

Les auteurs de l’enquête Tremi en profitent également pour comparer l’ampleur de la baisse de CO2 avec le revenu des ménages impliqués dans les travaux de rénovation. Il s’avère que 20 % de ménages les plus aisés du panel ont évité 0,4 million de tonnes d'équivalent CO2 (1 048 kg par logement, 20 % de la baisse et 22 % de la surface de logements rénovés).

En vérité, les revenus du ménage influencerait le nombre de rénovations déclenchées, mais pas leur efficacité sur le plan carbone. Pour preuve : 220 000 ménages du 1er quintile de revenus - les plus faibles -, par unité de consommation, réalisent des rénovations, contre 400 000 du 5ème quintile - revenus les plus élévés. 

« Un rapport quasiment équivalent est observé concernant les réductions de CO2 générées par les travaux : les ménages du 1er quintile contribuent pour 10 % à la réduction totale de gaz à effet de serre, contre 20 % pour ceux du 5e quintile. Ainsi les rénovations entreprises par les 20 % de ménages les plus aisés ne conduisent à des baisses moyennes que très légèrement supérieures à celles des quintiles inférieurs », est-il détaillé dans le rapport.

Pour lire l’enquête Tremi dans son intégralité, rendez-vous sur le site du SDES.

 

Virginie Kroun 

Photo de Une : Adobe Stock

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