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« Le solaire doit être compétitif avec les énergies conventionnelles »

Publié le 22 juin 2012

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Dr. Shawn Qu, CEO de Canadian Solar, nous explique comment les autres pays pourraient rattraper leur retard sur l'Allemagne, et quelle stratégie sa propre société adopte en cette période difficile, dans un entretien accordé sur le salon Intersolar à Munich le 13 juin dernier.
« Le solaire doit être compétitif avec les énergies conventionnelles » - Batiweb
Comment expliquer l'avance de l'Allemagne dans l'industrie solaire ?

L'Allemagne possède une politique cohérente. En 2004, le système des tarifs de rachat est devenu plus simple. Le solaire a alors de plus en plus intéressé la communauté financière, avec des acteurs importants ; des sociétés à forte capacité et aux moyens de production conséquents. Aujourd'hui l'industrie entière est sous pression, et pas seulement en Allemagne. Nous devons faire face à des coupes dans les tarifs de rachat. De nombreuses sociétés ferment à travers le monde.

Comment votre société fait-elle face à cette période de difficultés ?

Nous affrontons de nombreux défis. Notre stratégie dans ce contexte s'articule en quatre points.

1 – Maintenir l'augmentation de parts de marché. Nous sommes actuellement l'un des cinq plus gros producteurs de modules. Les clients préfèrent travailler avec de gros acteurs.
2 – Être très agressif dans la politique de réduction des coûts. Nous sommes persuadés que le solaire doit pouvoir être compétitif avec les énergies conventionnelles.
3 – Lancer régulièrement de nouveaux produits. Notre dernière nouveauté, le module ELPS (photo) augmente l'efficacité des cellules de 7% par rapport aux technologies précédentes.
4 – Offrir des solutions complètes et notre propre montage financier, pas seulement la production de modules.

Sur quelles technologies concentrez-vous votre recherche et développement ?

Nous nous concentrons pour le moment sur le cristallin, qui a encore une importante marge de progression devant lui, même s'il y a toujours une perte. Quant aux loupes solaires, qui dit-on progressent ces temps-ci, je suis sceptique quant à leur déploiement car il faut savoir qu'elles coûtent très cher. Pour des applications spatiales, pourquoi pas, mais sinon ce n'est pas très réaliste. C'est un marché de niche selon moi. Avec les technologies que nous maîtrisons, nous pouvons gagner 23% d'efficacité en cinq ans : c'est simple à faire mais cela prend du temps à industrialiser. C'est pourquoi afin de développer ELPS 2.0, nous allons monter un groupe de travail en partenariat avec les fournisseurs d'équipements pour améliorer la production de masse.

Que devraient faire les autres pays, notamment la France, pour rattraper leur retard ?

Je recommanderais fortement aux gouvernements de ces pays d'adopter une politique favorable aux énergies renouvelables, comme le solaire. Il faut laisser à l'énergie solaire le plein accès au réseau. L'électricité est encore un marché régulé dans de nombreux pays. Je pense qu'il faudrait permettre aux gens de produire leur propre énergie et d'injecter le surplus de production sur le réseau. Les deux dernières années ont été prometteuses pour le marché français. Le design des modules a dû être adapté pour une meilleure intégration. Mais les sociétés ont commencé à délocaliser leur production pour l'étranger. Cette situation a été néfaste au 'leadership' de l'industrie française.

Propos recueillis par Laurent Perrin

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