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Programmation pluriannuelle de l'énergie : le nucléaire laissé en suspens

Publié le 07 avril 2016

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Ségolène Royal, ministre de l’Environnement et de l’Energie, a annoncé mercredi 6 avril avoir signé la Programmation pluriannuelle de l’énergie, un document réglementaire qui sera présenté en deux temps. La première partie, concernant le développement des énergies renouvelables en France, est prête et sera soumise au Conseil Supérieur de l’énergie dès cette semaine. En revanche, celle relative au nucléaire a été reportée sine die.
Programmation pluriannuelle de l'énergie : le nucléaire laissé en suspens - Batiweb
Le gouvernement a finalisé la feuille de route pour le développement des énergies renouvelables en France, mais la délicate question de l'évolution du parc nucléaire français est pour l'heure laissée en suspens, a annoncé mercredi la ministre de l'Environnement et de l'Énergie, Ségolène Royal.

Lors d’une conférence de presse, la ministre a ainsi révélé qu’elle a « décidé de mettre à consultation la partie de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) qui concerne les énergies renouvelables (…) parce que ça permet de motiver les filières industrielles (…) et de donner une place claire à tous les appels à projets que je vais lancer ».

Le document « est prêt, je l'ai signé ce matin », a-t-elle ajouté. Il sera transmis au Conseil supérieur de l’Energie (CSE) dès cette semaine. Un avis devrait être rendu d’ici la fin du mois d’avril, avec une possible publication au Journal Officiel en mai, a-t-on précisé dans l’entourage de la ministre.

Des objectifs pour les filières renouvelables

L’AFP a révélé une partie du contenu du projet d’arrêté qui fixe notamment un objectif de 14 300 mégawatts (MW) de capacité installée pour l’éolien terrestre en 2018, puis une fourchette de 21 800 à 23 300 MW en 2023. En ce qui concerne le solaire, l’objectif intermédiaire est de 10 200 MW, porté ensuite jusqu’à 20 200 MW.

L’ambition pour l’éolien en mer a été revue à la baisse puisque la France vise 500 MW de puissance installée en 2018 puis 3 000 MW cinq ans plus tard, alors qu’elle visait précédemment 6 000 MW en 2020.

Une PPE en deux temps qui dérange les ONG

La PPE est très attendue puisqu’elle doit détailler les grandes trajectoires d’évolution des sources d’énergie jusqu’en 2030, date à laquelle les énergies renouvelables devraient couvrir 40% de la production d’électricité.

Le texte doit également organiser la baisse de la consommation des énergies fossiles ainsi que la réduction à 50% de la part de l’atome dans la production de courant, contre plus de 75% aujourd’hui. Ce dernier point a pourtant été laissé en suspens, au grand dam des ONG qui n’ont pas manqué d’exprimer leur mécontentement.

« Sans orientations sur l'évolution de la consommation et sur les autres sources de production, le nucléaire et les énergies fossiles, les objectifs d'énergies renouvelables et d'efficacité énergétique resteront des vœux pieux », a déploré Anne Bringault, coordinatrice sur la transition énergétique pour le Réseau Action Climat et le CLER. Elle demande urgemment « de mettre en consultation une PPE complète et cohérente avec les objectifs de la transition énergétique ».

Greenpeace a pour sa part déclaré : « Pour sécuriser réellement le développement des renouvelables, une seule solution : faire de la place sur le marché français de l'électricité en fermant des réacteurs nucléaires ».

Ségolène Royal a elle défendu sa position en se référant notamment à la complexité du dossier et aux enjeux en termes d’emploi. « Je ne vais pas freiner la partie Programmation pluriannuelle du renouvelable, parce que sur le nucléaire, c'est beaucoup plus complexe », a-t-elle indiqué.  

Pour diminuer la part du nucléaire, « soit on ferme les centrales les plus anciennes, sous le contrôle de l'Autorité de sûreté nucléaire et sur proposition de l'entreprise EDF, soit on diminue le volume de production des centrales. Ce travail mérite des analyses techniques complémentaires qui ne sont pas terminées », a-t-elle expliqué.

En outre, elle a rappelé la diversité de scénarios qui devront tenir compte de différents facteurs, comme la montée en puissance des EnR, la croissance de la consommation d’électricité, le taux de disponibilité des centrales ou encore les capacités d’exportation de courant de la France.

« J'ai demandé des investigations complémentaires, une cartographie claire des lieux », a encore dit Mme Royal, précisant que certaines centrales seraient prolongées au-delà de 40 ans et d'autres fermées. Elle a par ailleurs promis de se prononcer « le plus vite possible ».

R.C (Avec AFP)
© Fotolia

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