Remplacement du chauffage gaz collectif : la PAC pas toujours adaptée

À l’occasion du salon Renodays, l’association Énergies & Avenir a présenté une étude inédite évaluant la faisabilité du remplacement du chauffage au gaz collectif par des pompes à chaleur air/eau. Réalisée avec le Lab CRIGEN, cette analyse s’appuie sur plusieurs bases de données nationales (Énergies Demain, BDNB, DPE) et attribue à chaque logement un score de faisabilité prenant en compte les contraintes techniques et économiques.
Les résultats sont clairs : dans plus de 75 % des cas, la conversion n’est pas adaptée, faute de conditions favorables à l’installation des équipements. « Les résultats de cette étude confirment qu’aucune solution unique ne peut répondre à toutes les configurations », explique Jean-Paul Ouin, président d’Énergies & Avenir. « Seul un mix technologique et énergétique, combinant pompes à chaleur, chaudières à très haute performance et boucles à eau chaude, permettra d’atteindre nos objectifs de décarbonation ».
Des freins techniques et économiques persistants
L’étude met en lumière plusieurs obstacles : contraintes d’intégration dans le bâti collectif, puissance électrique insuffisante, ou encore capacité de financement limitée pour les copropriétés et bailleurs. Ces freins, estime l’association, doivent être pris en compte pour garantir une transition juste et réaliste.
Ces difficultés traduisent une réalité souvent méconnue du terrain : la rénovation énergétique du parc collectif implique des interventions lourdes, parfois incompatibles avec la configuration des immeubles ou les moyens des occupants. Dans bien des cas, la conversion vers une pompe à chaleur air/eau nécessiterait des travaux annexes importants (isolation, distribution, alimentation électrique), alourdissant considérablement la facture.
Vers un mix énergétique plus équilibré
Plutôt que d’opposer les solutions, Énergies & Avenir prône une approche fondée sur la complémentarité des technologies. La boucle à eau chaude est ainsi présentée comme un maillon essentiel, capable d’accueillir différents générateurs selon les besoins du bâtiment et les saisons.
« Écarter certaines technologies immédiatement disponibles reviendrait à freiner la décarbonation du parc et à priver de nombreux ménages de solutions adaptées », alerte Jean-Paul Ouin. L’association appelle donc à élargir la réflexion : la neutralité carbone ne passera pas par un modèle unique, mais par un panorama énergétique équilibré et inclusif, adapté à la diversité du parc résidentiel français.
Par Jérémy Leduc