Grand Paris Express : des peines avec sursis après la mort d’un ouvrier

Le tribunal correctionnel de Bobigny a condamné mardi plusieurs responsables de la société Sampieri Construction à des peines allant jusqu’à deux ans de prison avec sursis, après la mort d’un ouvrier sur un chantier du Grand Paris Express en janvier 2022.
Une plaque d’acier de 300 kg à l’origine du décès
Joao Baptista Fernandes Miranda, 60 ans, travaillait au niveau -3 du chantier de la future gare Saint-Denis-Pleyel lorsqu’il a été percuté à la tête par une plaque en acier de 300 kg tombée d’un étage supérieur. Le décès du salarié d’Eiffage, en tenue de sécurité, avait été constaté à 12h34.
Selon le jugement, c’est à la demande de l’actuel président de Sampieri Construction - qui était encore ouvrier au moment des faits - que la plaque avait été déboulonnée. Une manoeuvre de sa part, au volant d’un monte-charge, aurait précipité la chute du panneau métallique. Il a été condamné à deux ans de prison avec sursis et 10 000 euros d’amende.
Son père, alors dirigeant de l’entreprise, a quant à lui écopé de six mois de prison avec sursis et de 3 000 euros d’amende pour homicide involontaire, bien qu’il n’était pas présent sur le chantier le jour du drame. La société, elle, été condamnée à 40 000 euros d’amende.
Les sanctions financières sont inférieures aux réquisitions du parquet, mais les peines de prison avec sursis ont été confirmées, conformément aux réquisitions du ministère public.
Ce chantier, l’un des plus vastes du projet Grand Paris Express, s’étendait sur neuf niveaux, dont quatre en sous-sol. Il doit à terme accueillir l’interconnexion de quatre lignes de métro.
« Je n’ai entendu aucun "je suis désolé" »
Joao Baptista Fernandes Miranda est l’un des cinq ouvriers décédés depuis le lancement des travaux du Grand Paris Express.
Lors de l’audience, l’avocat des parties civiles a regretté l’absence d’excuses de la part des prévenus : « À aucun moment je n’ai entendu "je suis désolé pour ce qui est arrivé" », a-t-il déclaré.
Marion Ménage, avocate de la CGT Construction, a rappelé que « trois personnes meurent chaque jour au travail en France, toutes professions confondues ». Pour elle, la répétition de ces drames illustre un problème plus large. « C’est un phénomène systémique. Les ouvriers du bâtiment ne se plaignent pas, ils travaillent extrêmement dur et dans des conditions extrêmement difficiles ».
Par Marie Gérald
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