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Taxation énergétique : le Gouvernement campe sur ses positions

Publié le 08 novembre 2018

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Alors que la hausse des prix du diesel suscite une vague de colère dans le pays, l’opposition crie au scandale et accuse le gouvernement de taxer les plus modestes pour renflouer les finances publiques en masquant cela par un pseudo-projet écologique. Après l’avant-goût du 5 novembre qui s’était déroulé en Champagne-Ardenne, l’appel au blocage des routes le 17 novembre s’étend à toute la France. Le Gouvernement réaffirme quant à lui son ambition écologique et en appelle à la défiscalisation de l’aide au transport.
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La polémique ne cesse d’enfler. Depuis l’annonce des taxes sur le diesel et de la suppression de la taxation réduite sur le gazole non routier utilisé par les engins de chantier, le phénomène de contestation et l’appel au blocage des routes le 17 novembre devient viral sur les réseaux sociaux. Une internaute est ainsi parvenue à obtenir 500 000 signatures après avoir mis une pétition en ligne. Les automobilistes qui sont obligés de prendre leur voiture pour se rendre à leur travail, et les ruraux, qui ne sont souvent pas parmi les plus aisés, se retrouvent ainsi piégés. Pour se justifier, le gouvernement invoque sa volonté de rééquilibrer le coût du diesel par rapport à l’essence pour parvenir à avancer dans la transition écologique

Cette annonce s’en est suivie de vives réactions de la part de tous les partis politiques d’opposition. Martial Saddier (Les Républicains) s’insurge : « Comment voulez-vous que les Français acceptent cette fiscalité verte alors qu’ils savent que seule un quart de ces prélèvements sera affecté à l’amélioration de l’Environnement, le reste tombant dans le budget général de l’Etat ? ». Ségolène Royal évoque quant à elle « une hausse inconsidérée des taxes sur le carburant ».

La taxation du carburant : retour sur une polémique


Lundi 5 novembre, plus d’une centaine de poids lourds ont mené des opérations escargots sur les principaux axes routiers de la Marne, de la Haute-Marne, des Ardennes et de l’Aube. « Nous avons toutes les raisons d'être inquiets pour l'avenir » a réagit dans un communiqué la Fédération nationale des travaux publics (FNTP). « Cette mesure représentera une augmentation d’impôts de près de 700 millions d’euros pour la seule filière des travaux publics », ajoute la FNTP.

« Ce sera très difficile de répercuter ce surcoût. Aujourd'hui le gazole est à environ 90 centimes d'euros le litre ; au premier janvier il coûtera 1,50 euros, soit une augmentation de 60% », a déploré Guillaume Mangeart, le secrétaire général de la fédération des travaux publics de Champagne-Ardenne, qui a demandé « le gel de cette mesure » et l'instauration d'une « véritable concertation » sur ce sujet. 


Pour Patrick Liébus, président de la Capeb, il n’est « pas question dans ces conditions que les entreprises soient mises à contribution pour aider leurs salariés se déplaçant en voiture ». La Capeb n’appelle en revanche pas au blocage des routes le 17 novembre, ne souhaitant pas être récupérée politiquement.

Cette mesure a également suscité l’indignation des taxis et des ambulanciers, qui ont aussi manifesté.

Le Gouvernement confirme la fiscalité verte pour son projet de transition énergétique

Emmanuel Macron se défend quant à lui, rappelant que « la hausse du prix à la pompe qu’on constate aujourd’hui est liée à 70 % à celle du cours du pétrole ». Il a notamment souligné la dépendance des prix des carburants à la situation géopolitique mondiale : « Quand ça monte, plus des trois quarts de l'explication, ce n'est pas les taxes, c'est le reste du monde. Quand vous me voyez me déployer pour éviter tel ou tel conflit avec l'Iran d'un côté, ou essayer d'être présent dans le Proche et Moyen-Orient, d'avoir une diplomatie pour la France, c'est aussi pour défendre vos intérêts au quotidien », a-t-il justifié. Il a par ailleurs annoncé, comme par compensation, la revalorisation du chèque énergie, qui remplace les tarifs sociaux du gaz et de l'électricité depuis janvier 2018. Ce chèque énergie, versé à plus de 3 millions de Français, passe ainsi de 150 euros à 200 euros.

L’Assemblée nationale a parallèlement adopté, dans la nuit de lundi à mardi, le budget 2019 du Ministère de l’Ecologie, en hausse de 3,1 %, s’élevant ainsi à 34,2 milliards d’euros. Parmi les priorités : la lutte contre le changement climatique, notamment avec la contribution climat énergie (CCE). Dans ce cadre, les taxes sur le gazole augmenteront bien de 6,5 centimes par litre et celles sur l’essence de 2,9 centimes à partir du 1er janvier 2019. Pour appuyer cette décision, François de Rugy, ministre de l’Ecologie, a rappelé le retard de la France, « classée 17e en 2016 sur 28 pays européens pour la part de la fiscalité environnementale dans la fiscalité globale ».
 

Un simulateur pour calculer ses taxes énergétiques

En réponse, le PS a présenté ce mercredi 7 novembre un simulateur de calcul du pouvoir d’achat des Français, accessible sur son site. Ce simulateur « permet à chaque Français de faire ses propres simulations sur la base de sa consommation de chauffage (électricité, gaz, fioul) et de carburant (diesel, SP95/SP98, E10) » et de « connaître le montant de taxes énergétiques qu’il va payer en plus » au cours du quinquennat », a expliqué Valérie Rabault, la présidente du groupe socialiste, à l’AFP. 

Le PS veut ainsi dénoncer un « matraquage fiscal injuste socialement et inefficace écologiquement ». « Il y a eu une augmentation de la fiscalité énergétique inédite dans notre pays », poursuit Mme Rabault, qui évalue à quelques « 55 milliard d’euros » l’augmentation en cumulé de la fiscalité énergétique sur l’ensemble du quinquennat. « Nous soutenons la transition énergétique (…) mais nous estimons qu’elle ne peut pas être payée que par les ménages les moins aisés » a ajouté la députée de Tarn-et-Garonne.

Le Gouvernement maintiendra-t-il sa décision ou fera-t-il marche arrière face aux blocages qui s’annoncent ? Réponse le 17 novembre…

C.L. (avec AFP)

Photo : ©Fotolia

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