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Bouilloires thermiques : le nouveau combat de Valérie Létard

Publié le 15 septembre 2025
Mis à jour le 15 septembre 2025 à 17h39

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Bouilloires thermiques : Valérie Létard veut protéger les logements contre les canicules
©Adobe Stock
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La lutte contre les « bouilloires thermiques », dernier combat de Valérie Létard ?

Face à des vagues de chaleur de plus en plus fréquentes, la ministre du Logement Valérie Létard a lancé la lutte contre les « bouilloires thermiques » : ces appartements et maisons invivables en été. Au Congrès national du bâtiment durable, elle a présenté de nouvelles mesures pour adapter le parc au réchauffement climatique et protéger la santé des habitants.

Au Congrès national du bâtiment durable (CNBD), organisé le 4 septembre 2025 à Lille par le CD2E, la ministre du Logement et de la Rénovation urbaine Valérie Létard a présenté un nouveau train de mesures pour adapter les appartements et maisons au réchauffement climatique.

« Nous parlons d’un sujet de très long terme et qui concerne toutes les générations : nos aînés, nos enfants, nos petits-enfants et sans aucun doute ceux qui viendront après », a-t-elle rappelé devant plusieurs centaines de professionnels.

Des logements comparés à des « bouilloires thermiques »

La ministre a ciblé un problème encore peu traité : les logements incapables de rester supportables en période de canicule, qu’elle a qualifiés de « bouilloires thermiques », en écho aux « passoires thermiques » déjà connues pour leur inefficacité énergétique.

« En France, les données montrent une accélération spectaculaire. Entre 1947 et 2000, seulement 17 vagues de chaleur ont été recensées sur 50 ans, contre 32 entre 2000 et 2025, soit en seulement 25 ans », a rappelé Valérie Létard. Selon les projections de Météo-France, le nombre de jours de canicule pourrait être multiplié par cinq d’ici 2050, avec une intensité accrue des épisodes.

Les mesures annoncées au CNBD

Valérie Létard a détaillé plusieurs actions, en lien avec la trajectoire fixée par le troisième Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC3) :

  • Intégration du confort d’été dans la rénovation énergétique : les futurs dispositifs d’aide devront inclure systématiquement des protections solaires (volets, brise-soleil, stores extérieurs), la ventilation nocturne et des matériaux adaptés.
  • Extension de MaPrimeRénov’ : un volet spécifique « adaptation au changement climatique » sera créé, avec des bonus pour les travaux améliorant le confort d’été (isolation de toiture, végétalisation, désimperméabilisation des cours).
  • Diagnostic obligatoire du confort d’été : dès 2027, un indicateur similaire au DPE pourrait être rendu obligatoire lors des ventes et locations, afin d’identifier les « bouilloires thermiques ».
  • Accompagnement des collectivités : lancement d’un appel à projets pour financer la végétalisation des façades et cours d’immeubles, avec un financement de l’Agence de la transition écologique (ADEME).

Un problème de santé publique

Les canicules ne sont pas qu’un inconfort : elles représentent un risque majeur pour la santé. Santé publique France rappelle que l’été 2023 a entraîné plus de 5 000 décès liés à la chaleur, dont 1 500 directement pendant les épisodes caniculaires.

En milieu urbain dense, les logements mal conçus ou mal rénovés se transforment en pièges thermiques, avec des températures intérieures dépassant régulièrement les 35 °C. Les enfants, les personnes âgées et les malades chroniques sont les plus vulnérables.

Un calendrier resserré

La ministre a confirmé que :

  • Les premières mesures réglementaires seront intégrées au décret d’application prévu fin 2025 ;
  • Une concertation sera menée avec les professionnels du bâtiment et les collectivités locales jusqu’à mars 2026 ;
  • Un objectif a été fixé : éradiquer les « bouilloires thermiques » du parc locatif social d’ici 2030 et réduire de moitié leur part dans le parc privé à la même échéance.

Réactions des professionnels

Les acteurs présents au CNBD ont accueilli positivement le terme « bouilloires thermiques », jugé « parlant » pour le grand public. Mais plusieurs organisations, dont le Réseau bâtiment durable, alertent sur le besoin de financements supplémentaires et de formations adaptées pour massifier rapidement les solutions :

  • « On ne pourra pas embarquer le confort d’été dans les rénovations sans un budget renforcé et des artisans formés », a souligné un représentant du Plan Bâtiment Durable.
  • L’Ordre des architectes a rappelé que la conception bioclimatique devait redevenir une norme dans le neuf, et pas seulement une option.

En synthèse

Avec cette sortie au CNBD, Valérie Létard veut imposer un nouveau terme dans le débat public : après les passoires thermiques, place aux bouilloires thermiques. Le message est clair : le réchauffement climatique oblige à ne plus penser seulement en termes de performance énergétique, mais aussi d’adaptation au confort d’été.

Les premières mesures concrètes devraient arriver d’ici fin 2025, mais les acteurs du secteur préviennent déjà : sans financements supplémentaires, la promesse d’éradiquer les logements insupportables en été risque de rester un vœu pieux.

Sources : Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Météo-France (projections climatiques), Santé publique France (bilan canicule 2023), PNACC3, ADEME, Cerema.

 

Par Camille DECAMBU

 

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